Après la réunion de Puerto Iguazú, où les présidents argentin, bolivien, brésilien et vénézuélien ont tenté de parvenir à un accord sur quelques vagues principes en matière d’intégration énergétique, les critiques internes ont redoublé au Brésil. Miriam Leitão, journaliste de Globo dont l’une des compétences est le dénigrement systématique de la politique menée par Lula, a pour la quatrième journée consécutive sonner l’hallali. Selon elle, Lula a été le grand perdant de la rencontre de la veille, cédant sur tous les points aux revendications d’Evo Morales et de Hugo Chávez, allant même jusqu’à contredire le président de la Petrobras au point de jouer contre les intérêts de l’entreprise nationale.
Miriam Leitão met tout son talent à relayer les critiques émises par l’opposition, en particulier le PSDB de Geraldo Alckmin, unique rival sérieux de Lula lors des prochaines élections. Rien d’étonnant à cela, après tout elle est payée pour ce travail. En revanche, ce qui peut paraître plus étonnant est la quasi absence de prise de parole venant des rangs gouvernementaux. Il aura fallu attendre jusqu’à ce matin pour qu’un acteur de premier plan, Celso Amorim, le ministre des Relations Extérieures, vienne défendre publiquement la position du président. Celso Amorim a eu beau jeu de rappeler que ceux qui réclament aujourd’hui une réaction forte des autorités brésiliennes — pourquoi pas une intervention militaire, pendant qu’on y est ! — sont les mêmes qui par le passé se sont couchés face aux demandes des grandes puissances.
Nous ne nous étonnerons pas que personne ne vienne expliquer que l’apparente cacophonie entre la Petrobras et les autorités de tutelle fait partie du jeu habituel des négociations un peu compliquées. On fait jouer à l’un le rôle du méchant, celui qui menace de retirer ses billes du jeu bolivien, et à l’autre le rôle du gentil, celui qui va proposer le compromis, compromis indispensable à toutes les parties, n’était l’imprévisible Chávez.
Se rêvant en Bolivar de ce siècle, le leader vénézuélien ne cherche, dans cette affaire comme en d’autres, qu’à briller auprès de ceux qui le vénèrent. Mais, il faut le dire, quitte à être d’accord avec Miriam Leitão, pour le malheur des plus pauvres, ceux qu’il prétend défendre, ses actions, toutes d’éclat, n’ont pas porté leurs fruits. Malgré les petro-dollars, ni la misère, ni les inégalités n’ont reculé au Vénézuela, la violence a augmenté, les aides sociales ne s’attaquent pas suffisamment aux causes structurelles de ce sombre tableau.
Séduit, Evo Morales lui a emboîté le pas en mettant en scène la nationalisation des hydrocarbures, sans se soucier des modalités pratiques de l’application des nouvelles règles ni des éventuels dégâts collatéraux. De nouvelles preuves de la précipitation dans laquelle il a agi ont été données par le patron de la filiale bolivienne de la Petrobras. Ainsi, par exemple, du taux d’imposition passant de 50% à 82% — pourcentage dont je signalais il y a quelques jours la valeur avant tout symbolique —, pour lequel il n’a toujours pas été précisé sur quelle assiette il s’appliquerait.
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