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29 mai 2007

Chirac n’est pas mort, Sarkozy bande encore

Les agriculteurs français, qui craignaient d’avoir perdu avec Chirac leur meilleur défenseur, doivent être contents. En visite dans une coopérative agricole de Normandie, Sarkozy a tenu à leur montrer qu’il reprenait le flambeau : « Le pouvoir vert, l'existence d'une deuxième agriculture dans le monde à côté de l'agriculture américaine, la possibilité pour les jeunes de continuer à s'installer, c'est une question essentielle pour nous. Et si on ne comprend pas cela à la table de l'OMC, eh bien la France mettra son veto, c'est tout. »

Sarkozy l’ignore, la seconde puissance agricole mondiale est le Brésil, et non plus la France. D’après un rapport du Sénat français, le Brésil devrait même prendre la place des États-Unis avant dix ans. Sarkozy a sans doute mieux à faire que lire ce genre de littérature, mais que penser de Chritine Lagarde qui l’accompagnait ? Récemment en visite au Brésil, elle n’ignore rien des atouts de ce pays. Mais sans doute a-t-elle préféré se taire. Il serait, nous disent certains chroniqueurs, mal venu de contredire le Boss. Ce qui ne m’étonnerait guère, les collaborateurs ayant dans bien des entreprises l’habitude de laisser leur patron dire des conneries.

Sarkozy encore : « [le commissaire au commerce Peter Mandelson] n'a pas le poids politique pour faire face à des puissances colossales comme le sont aujourd'hui l'Inde, le Brésil, la Chine ou les États-Unis. » Et : « C'est pour cela que je me bats, pour de nouvelles institutions en Europe, pour que, notamment à l'OMC, on soit représenté par le président du Conseil européen et non par un commissaire européen, quelles que soient ses compétences. » Sarkozy ignorerait-il que ni les États-Unis envoient leur président, ni le Brésil Lula, à la table des négociations ? Il faut croire que Sarkozy, qui ne semble disposé à déléguer à ses ministres que les dossiers de troisième ordre, rêve d’un Barroso fait à son image !

Ce sont des détails, me direz-vous, des détails à l’échelle de la géo-politique internationale. Certes. En revanche, sur le plan des principes et des idées, il n’est pas anodin qu’en mettant son veto à de nouvelles concessions sur les questions agricoles à l’OMC, Sarkozy tourne le dos, comme son prédécesseur, aux belles promesses faites le soir de son élection quant au développement de l’Afrique et à la recherche d’équilibres mieux tempérés. Mais qui se faisait des illusions ? Moi pas.

9 commentaires:

  1. Il y a plus de satisfaction à voir Embraer vendre ses avions dans le monde entier que d'être envahi de soja transgénique.
    De la même manière que je considère primordial que chaque pays ait la main sur ses ressources naturelles et ses services publics, il me semble important de favoriser son indépendance alimentaire.
    Le paradoxe de cette situation c'est que bientôt le carburant vert va devenir une source importante d'énergie. D'où la position encore plus ferme de l'Europe.
    Croyez-moi on n'est pas prêt de se mettre d'accord sur la politique agricole à l'OMC.

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  2. Les subventions agricoles européennes ou étatsuniennes sont justement un obstacle à l'indépendance alimentaire de nombre de pays africains. Au Cameroun, par exemple, la viande de poulet importée de France est moins chère que celle produite sur le territoire camerounais...

    En Europe, il n'y a guère que le gouvernement français qui s'oppose bec et ongle à toute évolution. La France ayant les moyens (surfaces, technologies, capitaux) de concilier indépendance alimentaire et production d'agrocarburants, elle pourrait s'orienter plus sérieusement dans le développement de cette nouvelle filière, ce qui permettrait de soutenir les cours sans avoir besoin de recourir aux artifices des subventions et autres barrières douanières.

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  3. Mon cher Francis, si j'en crois cet article :
    http://www.afrik.com/article9467.html
    Le problème ne vient pas de l'Europe mais du gouvernement camerounais.
    Ils avaient commencé à bien faire et puis… allez savoir.

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  4. Ce qui me fait penser que j'ai un ami en Nouvelle Calédonie qui cherche des poulets :
    Containers de 40 pieds, moitié en morceaux, le reste en poulets congelés de moins d'1,3 kg.
    Si vous avez de bons prix faites suivre.
    Prix cnf nouméa.

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  5. Intéressant et assez bien documenté, l'article d'Afrik.com. Cela étant, les "distorsions" dont il est question sont grandement facilitées par le prix anormalement bas des poulets congelés produits en Europe.

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  6. L'exemple des poulets en un parmi mille autres (au minimum). L'histoire du coton avait fait grand bruit en son temps.
    Et je ne crois pas qu'il soit nécessaire de soutenir José Bové pour croire que la politique agricole commune est une catastrophe non seulement pour les pays en voie de développement mais aussi pour l'Europe entière...
    Patrick, la position réaliste de l'indépendance alimentaire n'a plus vraiment lieu d'être, c'était une politique de guerre du 19e siècle...
    Il serait plus sage de trouver une fonction (et de la financer) écologique à nos agriculteurs. Des aides à la production sont couteuse et inutile. Il vaut mieux produire moins et tenter de sauver ce qu'on peut!

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  7. La presse alter mondialiste est aussi contre :
    Un extrait :
    La Confédération paysanne s’oppose à toutes ouvertures supplémentaires du marché agricole européen. Une nouvelle baisse de 36 % des droits de douanes de l’UE placera les paysans européens dans une concurrence insoutenable face à des grands propriétaires d’Amérique du sud qui s’exonèrent des contraintes sociales et environnementales. La taxation douanière est le seul outil à disposition de l’ensemble des pays riches ou pauvres, pour se protéger. La libéralisation des marchés, réclamée à grands cris par les pays agro exportateurs du sud, Brésil en tête, profitera aux grandes multinationales de négoce et non pas aux petits paysans de ces régions qui ne produisent pas pour l’exportation.
    Lien : http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=6997

    Aujourd'hui, pour en revenir au poulet et au Cameroun, si vous avez bien lu l'article d'afrik.com c'est plus l'incompétence et/ou la corruption du gouvernement qui est en cause que les importations qui pourraient facilement être règlementées.
    Ici à Buenos Aires, j'achète le poulet frais à 0,70 € le kilo au supermarché !
    L'Argentine et le Brésil sont les plus gros exportateurs de poulet dans le monde. S'ils débarquent au Cameroun… ? Mon petit doigt me dit que les producteurs français qui absorbent, sans taxe, 29 000 tonnes de volailles brésiliennes par an doivent les refourguer en Afrique et compenser ainsi les pertes de leur filière de production de volailles qui est en crise profonde actuellement.

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  8. Je préférerais que les alter-mondialistes militent pour que l'UE exige des exportateurs brésiliens ou autres le respect de normes sociales et environnementales...

    Sur la viande de poulet, l'Argentine n'apparaît qu'en 16ème position des pays exportateurs, selon la FAO, en 2004 dernière année disponible. La production de poulets se serait-elle envolée ces deux dernières années ?

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  9. oui cela s'envole en partie grace à des investissements brésiliens

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