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30 novembre 2011

Le nouveau marché brésilien de la musique

Comme ailleurs, les ventes de disques (CD et DVD) sont en forte décroissance au Brésil. Du moins, les disques « officiels » produits par les compagnies ayant pignon sur rue. Sans doute est-il déjà trop tard pour corriger la tendance. Malgré tout, les députés brésiliens ont voté il y a quelques jours une loi défiscalisant la production des artistes brésiliens. Et uniquement brésiliens.

Cette entrave à la libre concurrence ne me choque pas. L’exception culturelle n’a pas lieu d’être uniquement française ! Quoiqu’il en soit, cela ne changera sans doute rien à l’évolution du marché de la musique au Brésil.

Il a fonctionné pendant longtemps comme la plupart des marchés étrangers : les musiciens proposaient leurs œuvres à des maisons de disque ; si intéressées, celles-ci imposaient leurs contrats ; la promotion était faite principalement via la radio et, si possible, la télévision (merci Faustão) ; la distribution était assurée par innombrables petits disquaires et quelques grands généralistes, type FNAC ; les concerts venaient couronner le tout, telle la cerise sur le gâteau.

Avec l’avènement de l’Internet, un nouveau modèle est en train d’émerger. Les artistes les plus intéressants s’auto-produisent de plus en plus souvent ; ils offrent le téléchargement gratuit de leurs opus, comme moyen de promotion, et comptent de moins en moins sur la radio ou la télévision ; ils font de leurs concerts leur principale source de revenus et vendent à cette occasion les disques qu’ils ont fait presser, ces ventes devenant la nouvelle cerise sur le gâteau.

Particularité brésilienne : une proportion importante de concerts sont « gratuits » pour le public, car subventionnés notamment par les municipalités ou le gouvernement estadual, et ce pour tout type de musique : brega, MPB labellisée de qualité, jazz, classique... Les revenus des musiciens proviennent alors directement de l’impôt prélevé par les municipalités et les États, voire l’État fédéral. Ce qui, pour une large part, fait des artistes des fonctionnaires dédiés au divertissement des foules, petites et grandes. Un modèle qui a fait ses preuves ailleurs et qui n’est pas totalement sans défaut, puisqu’il s’agit pour les artistes de courtiser les autorités (in)compétentes. Mais, entre l’assujettissement aux compagnies privées dont l’objectif est le pur profit et ce modèle, mon cœur ne balance pas longtemps.

Nous reste au bout du compte un seul impératif, celui de partir à la découverte des talents les plus intéressants. Pour ce faire, rien de tel que de faire un tour sur des sites de téléchargement gratuit et de facto autorisé, tels que Musicoteca et Um Que Tenha. Sans oublier de consulter les blogues extrêmement bien documentés du Docteur Funkathus et de Thierry.


2 commentaires:

  1. Si tu veux mon avis, cher Francis, les musiciens brésiliens ont compris une vérité que d'autres artistes dans d'autres pays ont mis longtemps à comprendre.

    Si l'on excepte une parenthèse qui va plus ou moins de l'avènement du microsillon à celui du mp3 - soit une petite cinquantaine d'années - la vie et la carrière d'un musicien, c'est la scène. Qu'elle soit gratuite ou payante, sponsorisée par Antarctica ou le Minsitère, qu'elle soit un bar ou un stade, c'est la scène qui est le vrai univers du musicien - pas le studio ni le support magnétique ou numérique.

    L'usage qu'ont les artistes brésiliens des moyens d'internet (je parle des jeunes talents comme des vielles gloires) pourrait bien constituer un exemple pour beaucoup d'autres.

    Amen. C'était le prêche de Thierry de BossaNovaBrasil.fr qui travaille à diffuser la musique brésilienne auprès du plus grand nombre :-)

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  2. Tout à fait d'accord avec toi, Thierry. Entre la musique en conserve et la scène, je privilégie de très loin la scène !
    Et je m'aperçois que j'ai oublié de citer ton blog comme un de ceux qu'il faut absolument consulter pour se tenir informé quant à la musique brésilienne. Je vais réparer cela tout de suite :-)

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