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03 mai 2006

Vers un marché commun de l’énergie ?

Tiraillé, au plan intérieur, entre des revendications contradictoires, Evo Morales tente d’éteindre l’incendie qu’il a lui-même allumé en annonçant la nationalisation des hydrocarbures dans la précipitation. Signe de cette précipitation, le taux d’imposition a été fixé à 82%. Pourquoi 82% ? Parce que lors de la dernière privatisation, le président Gonzalo Sánchez de Lozada avait fixé ce taux à 18%... L’occupation militaire, le 1er mai, 82%, tout est affaire de symboles, uniquement de symboles.

La situation n’est certes pas facile pour Evo Morales. D’un côté, par la voix de Jaime Solares, son dirigeant, la Centrale Ouvrière Brésilienne (COB) réclame une expropriation pure et simple des entreprises étrangères. De l’autre, les syndicats concurrents, sans doute manipulés, occupent les villes à la frontière du Brésil et réclament le retour des voisins, sans qui il n’y a plus d’activités industrielles possibles.

Faute de cadres, la Bolivie se trouve coincée. Evo Morales n’est certes pour rien dans cette carence, héritage des dizaines de gouvernements éphémères, civils ou militaires, qui l’ont précédé. Les camarades cubains et vénézuéliens lui viendront-ils en aide ? C’est probable, mais jusqu’à quel point ?

Faute de clients, qui sont aussi les principaux investisseurs, la situation est intenable. Et sur ce point, ni Fidel, ni Hugo ne peuvent rien.

Côté brésilien, si l’on n’a toujours pas digéré la mise en scène militaire, la fièvre est retombée. Certes Globo tire à boulets rouges sur Lula et son impéritie et appelle à la surenchère, mais les industriels brésiliens — et non les foyers — qui sont les consommateurs du gaz naturel bolivien, ont obtenu des garanties quant à la fourniture et aux prix, gelés pour les 180 prochains jours, terme fixé par Morales pour parvenir à un accord entre son gouvernement et chacun des opérateurs concernés.

Demain, les trois principaux chefs d’État concernés — Morales, Kirchner et Lula — se retrouvent à Puerto Iguazú, à la frontière entre l’Argentine et le Brésil. Sous la houlette, c’est un comble, de Hugo Chávez, grand gagnant qui souhaite se donner le beau rôle en proposant pour l’Amérique du Sud une intégration des politiques énergétiques, moyen de relancer un Mercosul mal en point. L’Union Européenne n’a-t-elle pas commencé par un marché commun du charbon et de l’acier ?

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