Si Evo Morales avait annoncé lors de sa campagne électorale son intention de nationaliser les ressources naturelles de son pays, ce qui a surpris et déplu au Brésil est la manière : l’occupation militaire des sites de production.
Sans doute le symbole était-il destiné avant tout aux Boliviens, dont une part réclame avec insistance une radicalisation de l’action gouvernementale. Le dirigeant de la Centrale Ouvrière Bolivienne (COB), Jaime Solares, a d’ailleurs aussitôt réagi pour tenter de mettre en garde ses troupes contre la demie mesure que constitue à ses yeux le décret annoncé le jour de la Fête Internationale du Travail, autre symbole.
Au Brésil, qui se voyait en pays ami de la Bolivie, et pour Lula, qui n’avait pas hésité à prendre publiquement position en faveur du candidat Morales, l’affront est considérable. Sur la scène brésilienne, les conséquences vont être multiples. J’en vois se dessiner quelques unes :
- Dès ce matin, la droite a ironisé sur la naïveté de Lula. Geraldo Alckmin ne manquera pas d’exploiter cette erreur d'appréciation dans les mois qui suivent.
- La moitié de la consommation brésilienne étant importée de Bolivie, le prix du gaz va augmenter et amener les économistes brésiliens à revoir à la baisse leurs prévisions de croissance pour 2006 et 2007.
- Quel que sera le président élu en fin d’année, le Brésil va accélérer la mise en production de ses ressources de gaz naturel, au large de Santos et de l’Espírito Santo. C’est donc une bonne nouvelle pour Vitória.
- Après le désengagement de EBX il y a quelques jours, la plupart des entreprises brésiliennes installées en Bolivie vont étudier sérieusement les moyens d’en sortir.
Plus délicat est de prédire les conséquences pour la Bolivie. En soi, la nationalisation et la volonté de tirer un meilleur profit des ressources naturelles sont on ne peut plus légitimes. Mais quel sera l’usage fait par Evo Morales du surplus de recettes financières ? Tout laisse à penser qu’il faudra chercher la réponse à cette question du côté de Caracas plutôt que de Brasília. Ce ne serait pas une bonne nouvelle pour les Boliviens.
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