La mise en route d’une procédure d’impeachment contre Lula semble être passée de possible à probable. Du moins dans l’esprit d’un certain nombre de partisans du président. Et en particulier, les plus paradoxaux, ceux qui ne cessent de crier haro — sur le baudet, si j’ose dire — depuis 2003.
Ainsi du virulent Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre (MST), qui a rencontré la semaine dernière Ricardo Berzoini, le président du Parti des Travailleurs (PT). Objectif officiel de la réunion, à laquelle participaient aussi la Centrale Unique des Travailleurs (CUT) et l’Union Nationale des Étudiants (UNE) : préparer une manifestation de soutien à Lula en juin... en réaction à une éventuelle procédure d’impeachment.
Si le MST s’inquiète aujourd’hui, c’est qu’à l’heure de faire les comptes, il n’y a pas photo. D’un côté, le nombre de bénéficiaires de la réforme agraire est sensiblement inférieur aux promesses faites, mais, de l’autre, les fonds versés au MST (32,6 millions de reais, soit 12,5 millions d’euros) sont largement supérieurs à ce que le Mouvement avait reçu de la part du gouvernement de Fernando Henrique Cardoso sur une période équivalente. Notons, au passage, que ces chiffres n’incluent pas les aides apportées par les entreprises nationales, comme la Petrobras ou la Caixa Economica Federal.
Ces transferts de fonds du budget de l’État fédéral vers le MST, la CUT et l’UNE se font sur la base de programmes de formations professionnelle et politique, ou d’alphabétisation, programmes gérés par des ONG.
Ces ONG se trouvent sous le feu d’une enquête du Contrôle Général de l’Union. Une part importante des sommes transférées aurait fait l’objet de détournements, au point que les ONG liées au MST ont été sommées de rembourser 15 millions de reais, soit près de 6 millions d’euros.
Je lis beaucoup de choses, souvent d’une touchante naïveté, dans la presse en ligne française qui prétend scruter de près l’Amérique Latine. Puis-je me permettre de leur conseiller de laisser de côté leur grille de lecture europénne...
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