Par une de ces fausses coïncidences dont le Grand Ordonnateur a le secret, la famille de Bruno Maranhão s’est trouvée deux fois hier et en deux endroits sous les feux croisés de l’actualité et d’un paradoxal déterminisme historique.
A l’heure où les troupes de Bruno M. mettaient à sac sous la bannière du Movimento de Libertação dos Sem Terra (MLST) la Chambre des députés à Brasília, 150 militants du Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST), dont le MLST est une dissidence, étaient évacués par la force publique de l’usine Estreliana, propriété de la famille de Bruno Maranhão.
Pour ceux qui auraient eu besoin de relire le précédent paragraphe, précisons en effet que Bruno M. n’a rien d’un de ces paysans démunis qu’on imaginerait à la tête d’un mouvement prônant la réforme agraire. Bruno appartient en effet à l’une des familles les plus puissantes et les plus riches de l’État du Pernambouc — et non du Maranhão —, grands propriétaires terriens, planteurs de canne à sucre et producteurs d’alcools.
Ingénieur en mécanique, le jeune Bruno refuse l’offre de son père de prendre la direction de la distillerie qui porte le nom bien ironique de Liberdade. Sa conception de la liberté étant toute autre, il fonde le Parti Communiste Brésilien Révolutionnaire (PCBR), avec lequel il organise attaques à main armée et enlèvements afin de financer la guérilla.
Acculé par la dictature militaire, il s’enfuit clandestinement au Chili puis à Paris. De retour au Brésil, à la faveur de l’amnistie décrétée au retour de la démocratie, il contribue à la fondation du PT, parti dont il sera le leader dans le Pernambouc entre 1983 et 1985. Plusieurs fois candidat à un poste de sénateur et à la mairie de Recife, il appartenait au Conseil Exécutif National du PT jusqu’à hier.
Palocci, Dirceu, Maranhão, autant de destins épiques qui se sont réunis un temps autour de Lula. En comparaison, les Krivine, Besancenot ou Laguillier font bien pâle figure...
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Une cassette vidéo de la réunion de préparation de l’opération du MLST, saisie par la police, a contredit la défense des militants arrêtés. La destruction du matériel était préméditée et n’a été en aucun cas une riposte à la violence des vigiles du bâtiment.
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