Je ne connaissais pas le défunt. Je connaissais, ne serait-ce que de vue, une centaine de ceux qui l’accompagnaient jusqu’à sa dernière demeure.
Le ciel était gris, ce dimanche. Un ciel de circonstance. Il faisait presque froid. Dans la chapelle, le ventilateur tournait par habitude.
Je ne connaissais pas ce cimetière situé dans la zone industrielle de Serra. Un havre de verdure après l’enfilade interminable des entrepôts et des ateliers. Le cimetière portait bien son nom : Jardim da Paz. Vraiment un jardin. Bien différent des cimetières de Santo Antônio ou Maruípe. Jardim da Paz, c’est un imnense terrain plat, couvert d’une herbe rase, ponctué de petites plaques de marbre blanc posées à même le sol sur lequel sont gravés les noms des locataires.
Les cimetières sont en concurrence les uns avec les autres. Chacun son marketing. O início de uma nova vida : lorsque j’ai lu cette accroche sur l’auvent mobile que les pompes funèbres installent face à la fosse ouverte, je me suis surpris à sourire. Le début d’une nouvelle vie, certes ! J’ai pensé à Dieu. Et puis à Lavoisier. Rien ne se perd, rien ne se crèe, tout se transforme.
Au Brésil, on enterre le jour même. Au pire, le lendemain. Les corps sont exposés dans une petite chapelle. Le visage cireux m’a rappelé celui de mon père. Même maladie, même couleur. Au Jardin de la Paix, les chapelles forment un cercle. Si l’on veut, l’on peut rendre visite à tous les morts qui y sont veillés. Pour tenter de vérifier s’il est vrai que nous sommes tous égaux devant la mort.
Après deux heures d’attente, d’abraços appuyés et de conversations sur tous les tons, je suis allé m’asseoir sur le rebord de la fontaine au centre du cercle des chapelles. En voyant arriver les familiers d’un autre défunt, je me suis dit que nous ne sommes pas tous égaux devant la mort.
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