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17 octobre 2006

Deux de chute

De bonne humeur, Gerald Thomas nous attendait hier soir sur la scène du théâtre de l’UFES pour nous présenter, avant le lever de rideau, ses deux créations les plus récentes, Terra em Trânsito et Brasas no Congelador. Et, ayant décidé de jouer les grands frères, a fini par intervenir auprès des organisateurs pour qu’on laisse entrer et s’installer sur les marches et entre les rangées de fauteuils les deux ou trois cents jeunes personnes qui criaient dehors leur frustration de n’avoir pu se procurer un ticket.

Terra em Trânsito : une femme et un cygne en scène. Pour être plus précis, une femme cocaïnomane tendance groupie et le long cou blanc et le long bec turgescent du cygne. Monologues de la belle et dialogues avec la bête se succèdent dans une frénésie qui ne cesse d’accélérer où défile tout ce que la Terre a porté de monstres ces cinquante dernières années — Gerald Thomas a 52 ans —, hommes politiques, stars du show-biz, intellectuels, tous passés à la moulinette de la dame, du moins le croit-on, jusqu’à ce qu’elle se pose, nous pose, une question, la question du vertige ultime : ne serions-nous pas, elle et nous spectateurs, les créatures du cerveau de Georges W. Bush ?

Vous l’avez compris, Gerald Thomas veut nous dire que le monde va mal. Passent les guerres, passent les génocides, passent la chute du Mur et la chute de l’Union Soviétique et jamais rien, semble-t-il, ne semble s’améliorer. La démonstration est brillante, la mise en scène d’une virtuosité rarement égalée au théâtre. Pour autant, que reste-t-il après que le public s’est levé comme un seul homme pour applaudir la performance ? Pas grand chose, je le crains. Dire la cruauté du monde et nous amener à nous interroger en profondeur, autrement dit à fouiller nos propres entrailles, aurait nécessité le recours à une autre forme de théâtre, celui théorisé par Artaud, le théâtre de la cruauté. Au lieu de quoi, le spectacle auquel nous avons été conviés ressortait du théâtre de l’esbroufe.

Brasas no Congelador : comme la première pièce, des traits de génie, une maîtrise exceptionnelle de la mise en scène, et les mêmes sensations pour les spectateurs. Au bout du compte, tant d’efforts, une telle débauche d’énergie ne visent qu’un seul objectif : célébrer Gerald Thomas.

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