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12 décembre 2006

Intégration régionale

Si, de l’autre côté de l’Atlantique, la construction européenne marque quelques hésitations — mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi ? —, le concept d’intégration régionale semble gagner peu à peu les esprits en Amérique Latine, même si au sud du continent le Mercosur connaît des ratés.

Chacun en a une vision différente, bolivarienne pour Hugo Chávez, pragmatique pour Lula, andine pour Evo Morales, mais un même désir, bien qu’encore brouillon, s’exprime de plus en plus souvent ces derniers mois, le désir de se développer ensemble.

Dernier en date à s’être exprimé sur le sujet, Rafael Correa, le tout nouveau président équatorien, n’a pas hésité à confier à la Folha de São Paulo qu’il rêve d’une monnaie unique latino-américaine, sur le modèle de l’euro.

Sa première interview au quotidien brésilien, en tant que président, nous permet de mieux cerner cet économiste, présenté un temps comme un disciple de plus de Hugo Rafael Chávez Frias.

Pour déjouer, justement, cette tentative d’assimilation, Correa tient en premier lieu à marquer ses distances avec le bouillant Vénézuelien. « Jamais, affirme-t-il en faisant allusion au chavisme, je ne permettrai qu’un mouvement prenne le nom de corréiste ».

« Quelle est donc, demande alors la journaliste de la Folha, l’essence du mouvement Equador Alternativo ? » Réponse de Correa : « L’Amérique Latine ne vit pas une époque de changements, mais plutôt un changement d’époque. » J’avoue que la formule est séduisante, voire intrigante, quand on est persuadé, comme je le suis, que si peu a changé depuis les élections de présidents commodément situés à gauche.

« Il arrive des choses extraordinaires, poursuit Correa. Un métallo est à la tête de la plus puissante économie de la région, un Indien a été élu démocratiquement pour la première fois. En Équateur, on a voté pour une nouvelle génération et pour la fin du néo-libéralisme de triste mémoire. »

S’il confirme l’enterrement du traité de libre échange entre son pays et les États Unis, Rafel Correa prend soin, contrairement à Chávez, de déclarer ne pas voir en Bush l’incarnation du diable et se dit disposé à maintenir les meilleures relations bilatérales, pour autant que la souveraineté de l’Équateur soit respectée. Au passage, Correa ironise sur l’appui donné par le gouvernement américain à son concurrent, Álvaro Noboa : « Les États Unis soutiennent un capitalisme libéral ; or mon opposant représente tout sauf le capitalisme libéral. Noboa est un exemple de capitalisme monopolistique et impose des conditions de travail esclavagistes dans ses propriétés. »

Finalement, c’est peut être ça qui est nouveau, la dénonciation des idées fausses et simplistes héritées des débats artificiellement maintenus en vie par une droite et une gauche sclérosées.

Et, cerise sur le gâteau, mon métallo de président n’a-t-il pas déclaré publiquement hier soir qu’il se sentait de moins en moins à gauche et de plus en plus libre !

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