26 février 2007
Tabaré - Lula, en attendant George
(Tabaré et Lula après la signature d’une série d’accords
Photo : Fabio Pozzebom/Abr)
Pour routinière qu’elle puisse paraître, la rencontre de ce jour entre Lula et son homologue uruguayen, Tabaré Vásquez, laisse entrevoir quelques uns des enjeux qui se dessinent à un moment qu’un certain George Bush voudrait transformer en tournant.
Ayant exprimé maintes fois ses insatisfactions vis-à-vis du Mercosur-Mercosul, et notamment de ses deux grands voisins, l’Argentine et le Brésil, avec lesquels les relations économiques sont déséquilibrées, Tabaré Vásquez menace de sortir du bloc sud-américain et de conclure un traité de libre échange avec les États-Unis. La menace n’a pas manqué d’être réitérée, quelques jours avant la visite en Uruguay de George Bush. Mais, comme il serait assez paradoxal d’abandonner l’Argentine et le Brésil pour se jeter dans les bras des États-Unis, encore plus puissants, il est probable qu’il n’a jamais été sérieusement question pour Tabaré Vásquez de passer à l’acte. C’est pourquoi Lula a fait le voyage, prêt à faire des concessions somme toute assez limitées.
George Bush se rendra aussi à Brasília, avec un objectif tout particulier, celui d’isoler Hugo Chávez, et un instrument pour tenter de parvenir à cette fin, la proposition de constitution d’une OPEP de l’éthanol coachée par les présidents du Brésil et des États-Unis, principaux producteurs mondiaux à hauteur de 17 milliards de litres chacun. Cependant, la manoeuvre est grossière et l’entourage de Lula n’a pas manqué de lui conseiller la méfiance, en rappelant qu’il n’est pas dans l’habitude des États-Unis de partager longtemps un leadership.
D’autre part, il est dans la conception lulienne du monde de privilégier avant tout l’intégration régionale, fût-ce au prix de quelques renoncements de court terme. Même si Lula, comme Celso Amorim, son ministre des Affaires étrangères, n’apprécie que moyennement le style de Chávez, il n’est pas dans son intention de rompre avec lui.
Dans ces conditions, il m’apparaît probable que George Bush reviendra bredouille de son prochain périple sud-américain.
-------------------
En 2006, le Brésil a exporté pour 1 milliard de dollars vers l’Uruguay, et importé de ce pays pour 618 millions de dollars.
1 commentaire:
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus ;
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire" ;
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL ;
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien "S'abonner par e-mail", être assuré d'être avisé en cas d'une réponse ;
4) Cliquer sur Publier enfin.
Et parce que vos commentaires nous intéressent, merci de prendre la peine de nous faire part de vos opinions et de compléter ce billet par vos informations !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Voilà un point de vue brésilien que je ne partage pas tout à fait. Tabare a de sérieux problèmes avec l'Argentine au sujet de la construction d'une usine de pâte à papier sur les bords du Rio Uruguay. C'est la deuxième année que le blocage des accès par la route entre l'Argentine et l'Uruguay effectué par des écologistes que même Greenpeace ne se résoud pas à soutenir a détruit la saison touristique de ce petit pays.
RépondreSupprimerLa formidable indifférence du Brésil et de l'Argentine envers les petits pays qui conforment le Mercosur a amené l'Uruguay, et ce, depuis longtemps, à considérer que la méthode Chilienne est la meilleure. Des accords ponctuels avec les États-Unis et avec le Mercosur.
D'autre part, le fait est que l’arrimage prochain du Venezuela, avec Chavez à sa tête, au Mercosur n’est pas réellement bien vu par les deux socialistes que sont Tabare Vasquez et Michelle Bachelet. Ils sont trop réalistes l’un et l’autre pour conditionner les intérêts économiques de leur pays et de leur population au cirque bolivarien.
Et puis le Mercosur, je reprends ici ce que je disais il y a un certain temps dans mon blog :
Un processus d´intégration régionale requiert un leadership effectif qui peut provenir soit d´un leader responsable, soit d´un ensemble de règles et d´institutions régionales respectées.
Malheureusement, l´actuel Mercosur ne remplit aucune ces deux conditions.
Le Brésil, le plus grand protagoniste de la région, doit faire face à un programme national économique et social complexe et manque, dans les moments difficiles, des recours stratégiques et économiques qui lui permettraient d´exercer un leadership effectif.
Malgré les apparences engendrées par une politique extérieure forte, le Brésil ne dispose pas des recours politiques et financiers ni de la solidité macroéconomique nécessaire pour exercer un leadership régional à court ou à long terme. Quand l´Uruguay, il y a peu, a subi une crise financière, il a recouru au FMI et au Trésor nord-américain pour la résoudre. Le Brésil n´a rien pu faire non plus pour aider L´Argentine à traverser la grave crise qu´elle vient de subir.
Le Brésil n´a pas démontré jusqu’à présent une disposition favorable pour déléguer sa souveraineté dans des institutions régionales. Dans le domaine stratégique, son ambition est d’occuper solitairement une place au Conseil de Sécurité de l´ONU - dans le simple but de représenter ses intérêts nationaux et non ceux de l´ensemble de ses partenaires du Mercosur.
Dans le domaine économique et institutionnel, le Brésil considère que les gains d´un projet d´intégration sont importants, mais insuffisants pour justifier son intervention dans le domaine des politiques nationales et internationales.