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15 mai 2007

La voie tranquille

Quatre mois et demi après avoir débuté son second mandat, Lula s’est livré à l’un de ses exercices favoris, la conférence de presse. Une occasion de dérouler toutes les facettes de son personnage, nordestin à souhait, jonglant entre l’appel au bon sens commun et une roublardise dont il est le premier à savoir que personne n’est dupe. L’art et la manière de mettre son auditoire dans la poche.

Pour couper court aux rumeurs insistantes qui lui prêtent l’intention de se représenter en 2010, il a d’emblée écarté l’hypothèse en rappelant que la Constitution ne le permettait pas. Si révision des textes il doit y avoir, cela sera plutôt pour porter la durée du mandat à 5 ans et éventuellement interdire la réélection. Et, pour enfoncer le clou, Lula a dit ne pas exclure de voter en 2010 pour le tucano Aécio Neves, l’actuel gouverneur des Minas Gerais.

Les grèves interminables dans la fonction publique ont été une fois de plus la cible de Lula. Se prévalant de son passé d’ancien leader syndical, il estime avoir la légitimité nécessaire pour imposer un service minimum et en finir avec la règle qui fait que ces grèves équivalent à de longues vacances, car ne donnant lieu à aucune retenue sur les salaires.

Le pape a à peine tourné le dos au Brésil que Lula a remis le débat sur l’avortement à l’ordre du jour : « En tant que citoyen, je suis contre. Je crois d’ailleurs qu’aucune femme dans ce pays n’est favorable à l’avortement, comme si c’était une chose que l’on avait envie de faire. Mais comme chef de l’État, je suis favorable à ce que l’avortement soit traité comme une question de santé publique et que l’on prête attention aux personnes dont la grossesse n’est pas voulue. » Toute l’habileté du personnage se trouve résumée dans cette formule !

Sur la crise aérienne qui perdure, Lula a admis un « manque de planification historique ». Par ailleurs, il serait encore trop tôt pour établir les responsabilités quant à la collision entre le Boeing de la Gol et le Legacy, à l’origine de la plus importante catastrophe aérienne du Brésil. Le ciel est encombré de nuages, mais le combat aérien continue, tel est en substance le diagnostic présidentiel.

Les taux d’intérêt, et en particulier le taux Selic, devraient continuer à baisser lentement, prudence oblige. Ce n’est bien sûr qu’un pronostic, puisque Lula a réaffirmé, sans surprise, l’indépendance de la Banque centrale.

Président bonhomme, Lula maintient le cap de son Brésil, un Brésil bonhomme. C’est la troisième voie selon Lula, une voie tranquille vers le progrès. Loin de la voie royale vers le socialisme du 21ème siècle, qui mène droit dans le mur.

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