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17 août 2007

Le fils du barbier

C’est une histoire, une simple anecdote à dire vrai, comme j’en entends souvent à Vitória.

Nous l'appellerons Gino, rapport à ses origines italiennes, comme la majorité de ceux qui vivent en Espírito Santo. Né, au début des années cinquante, dans une petite ville de l’intérieur des Minas Gerais, Gino était le fils d’un barbier — je préfère, ici, « barbier » à « coiffeur », non seulement parce que le terme est plus proche de « barbeiro » que de « cabeleireiro », mais parce qu’il dit mieux l’état de l’art paternel, pour ne pas dire son état d’esprit et l’esprit des lieux de la petite officine.

Dès qu’il avait eu l’âge de tenir une brosse, Gino avait pris l’habitude de gagner quelques piécettes en cirant les chaussures des clients de son père, les vendredis après-midi, samedis et dimanches, jours où le salon fonctionnait a todo vapor.

Garçon intelligent, Gino avait vite remarqué que le travail de son père produisait un meilleur revenu que le sien. Garçon ambitieux, il avait un jour osé lui demander de lui enseigner le métier, ce beau métier de barbier que l’on exerçait debout et qui lui paraissait rapporter gros.

Le père de Gino l’avait toisé de haut. Et, après un long silence, le silence de la réflexion mûrement pesée, lui avait promis une raclée au cas où il lui prendrait l’envie de renouveler cette demande.

Analphabète, le père de Gino nourrissait d’autres ambitions pour son fils. Aujourd’hui, Gino vit à Vitória et y exerce le métier d’avocat.

sedu (001r)

3 commentaires:

  1. Père intelligent...

    A Belém hélas, les cireurs de chaussure gagnent le double de ce que gagnent des ouvriers qualifiés... jusqu'à ce qu'ayant grandi ils n'intéressent plus personne.

    J'ADORE!!! me faire raser au Brésil!!! C'est pas cher, c'est bien fait et ça détend... Ahhhh la serviette chaude avant et après... Ahhh le "massagem facial"!!!!

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  2. Avocat, barbier, cireur... est-il un homme heureux? Si oui, il a réussi et son père y est certainement pour quelque chose. Belle histoire.

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  3. Je crois quand même que si l'on peut être malheureux étant avocat, il est difficile d'être heureux comme cireur des rues au Brésil.

    Le boire et le manger, comme la sécurité minimale sont des contingences vulgaires, mais dont il faut hélas tenir compte...

    En revanche, comme barbier ça doit pouvoir le faire!

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