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01 janvier 2008

Le fantôme d’Ingrid B.

Je me souviens avoir visité une exposition de photographies de fantômes. Il ne s’agit pas dans mon souvenir de ces créatures maladroitement fixées en surimpression, qui peuvent prêter à sourire, qui d’abord nous révèlent l’état d’angoisse de leurs auteurs. Non, je veux parler de photos d’hommes, de femmes, d’enfants parfois, vivants mais fantômatiques. Leurs regards semblent se dissoudre dans des territoires auxquels nous, voyeurs, n’avons pas accès, des jungles dont ils ne reviendront jamais plus. Ils donnent l’étrange impression de n’avoir pas bougé depuis des mois, de pouvoir se passer de toute forme de nourriture, de rester totalement indifférents à l’acte photographique dont ils sont l’objet.

Depuis quelques jours, je pense à eux chaque fois que je croise la photo d’Ingrid Betancourt dans les journaux ou sur les écrans. Ingrid est certes bien là, apparemment vivante et pourtant déjà morte. Serait-elle libérée de sa condition d’otage qu’elle ne saurait plus se libérer de l’intermonde dans lequel elle survit, douloureusement. Et l’échec de l’opération Emmanuel, pas franchement surprenant, ne laisse guère espérer un retour à la vie pour Ingrid Betancourt.

Peut-on croire à la sincérité des FARC d’accepter de libérer leurs otages ? Quelles contreparties pourraient-ils obtenir qui justifieraient un tel geste ? Dans le champ des possibles, je ne les vois guère. Au contraire, il est de leur intérêt de ne jamais les relâcher. Qui plus est, jeter de l’huile sur le feu entre Uribe et Chávez ne peut que réjouir l’esprit malade de dirigeants enfermés dans une logique de l’impasse.

À cet égard, comment ne pas penser à Abimael Guzmán et ses plus proches collaborateurs du Sentier lumineux ? De leurs cellules, ils ne renient rien et continuent de justifier leurs crimes au nom d’idéaux dont il leur est impossible de percevoir qu’ils n’ont aucune prise sur le réel. Au moins pouvons-nous nous réjouir que ces cinglés n’ont pas réussi à rejoindre au pinacle des horreurs Pol Pot, leur frère en délire.

6 commentaires:

  1. C'est comme les apparitions de Ben Laden ou Fidel Castro: ils ont intérêt à la garder et à la montrer sporadiquement le plus longtemps possible. Je crois qu'elle n'en sortira pas. Ou alors sous les bombes...

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  2. au fait: je signe Chiletom parce que j'arrive pas à poster de commentaires sans me connecter à mon compte Google. Si tu sais comment faire autrement...
    @Tom

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  3. Francis. Tout ce que tu as écrit me touche au fond de l âme. Je ne comprends jamais que les gens puissent faire souffrir l autre à cause d un idéal. Tu as raison: Ingrid seule va vivre de nouveau quand aura sa liberté. Mais et les signes de ce terrible experience? Où será-t-il le bon Dieu?

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  4. Thomas, pour laisser un commnetaire sans utiliser le compte blogger, il est possible soit d'utiliser un autre compte utilisant le format OpenID, soit d'utiliser un pseudonyme et d'y indiquer l'adresse de ton blog.

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  5. un essai pour voir si ça marche...

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  6. Thomas, ça m'a tout l'air de fonctionner !

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