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28 octobre 2008

Murs du son

Si on savait tout ce qu’on enfile dans la bouche... La question revenait comme les douleurs tenaillant mon ventre, lancinantes. J’étais à la ramasse, allongé sur le sofa, so far away, faisant semblant de croire que la mort serait douce à me délivrer du malaise qui me minait depuis le matin, quand le téléphone a sonné au loin, dans la chambre. Nous étions invités à deux concerts, le premier commençait dans une heure.

Quitte à mourir, je me suis dit que cela pourrait être plus distrayant de me laisser partir, le corps agonisant calé dans le fauteuil de velours rouge d’un théâtre.
J’en étais à ce point-là, so far away, tant et si mal que je ne me suis pas inquiété, pour la première fois de ma vie, de savoir qui j’allais tenter d’écouter.

The National est un groupe de rock indé de Brooklyn, ça je le saurai plus tard. Suivait MGMT, ex The Management, de Brooklyn et rock indé lui aussi.

J’aimerais me rappeler quel avait été mon dernier concert rock, il y a 20 ou 30 ans, Tom Waits au Palace ou James White du côté de Pigalle, ou bien un autre. Ma mémoire défaille.

The National, c’est Woody Allen, un Woody Allen cassant, à la voix métallique, entouré de 7 musiciens qui élèvent à longueurs de riffs speedés un mur du son à la gloire de la fée électricité, 8 musiciens sur scène dont 5 à lunettes, genre intellos new-yorkais se la jouant déjantée, 8 têtes à voter Obama et qui, jusqu’à Vitória — vu de Brooklyn, Vitória, ça n’existe pas — ont leurs fans, leurs inconditionnels vêtus du t-shirt The National ou tenant à bout de bras une affiche réclamant Santa Clara, des poseurs de la bourgeoisie locale branchés sur le massacre du rêve américain. Etel me fera judicieusement remarquer qu’il n’y a pas de Noirs dans le public, rien que des blancs becs venus en 4x4 métallisés sacrifier au rituel branchouille.

Même topo pour le show suivant, celui de MGMT, emmené par un Marc Bolan — T Rex, ça te dit quelque chose, jeune lecteur ? — qui s’est fait greffer dans le gosier tout un attirail de prothèses électroniques, qui donne une couleur toute artificielle à la voix acculée à un autre et identique mur du son.

Tant d’énergie électrique a tout de même eu le mérite de recharger mes batteries. Je suis rentré en pleine forme, ai cherché sur IxQuick de l’info sur les deux groupes et me suis couché en m’étonnant de ne pas avoir les oreilles bourdonnantes. Soit je suis déjà sourd, soit ces gamins la jouent petit bras quand ils ajustent le niveau de leurs amplis.

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