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06 décembre 2008

Empires du Milieu

Le général de brigade Jean-Vincent Brisset l’a dit au Monde.fr : « Pour la Chine, la France est le maillon faible de l’Europe ». Il fut un temps où la Turquie était l’homme malade de l’Europe, un temps où la Turquie était un homme et où l’on ne se posait pas la question de savoir si la Turquie faisait partie de l’Europe...

La mode aujourd’hui, lexicalement parlant, est au maillon faible. L’influence d’un jeu télévisé, sans doute... Et la France en est. Mieux la France est, la France incarne le maillon faible. Il en faut un, à dégager.

Et puis, le général de brigade ne le cache pas, une fois la France dégagée, ce sera au tour de l’Allemagne ou l’Italie ou je ne sais qui. Sauf l’Angleterre, parce que les Anglais ne se laissent pas marcher sur les pieds. C’est le général de brigade qui le dit et qui en sait quelque chose, lui qui les a vus de haut les Anglais et les autres, du haut de son avion.

Le général de brigade est aussi un sinologue. La sinologie est une valeur qui a la cote haussière. Par les temps qui courent, cela se remarque. Et puis, fini de rire, il faut dire que Jean-Vincent ne dit que des choses sensées, des choses avec lesquelles à Vitória nous sommes d’accord, Jonas et moi. Bref, la France est un pays vassal et son chef, son petit chef, le petit caporal de ce pays vassal. Et que fait-il le Sarkozy, pour signifier sa vassalitude ? Il envoie le tout petit « Raffarin, un ambassadeur tout désigné, porter une biographie du général de Gaulle à Pékin ». C’est à mourir de rire et c’est de la politique. C’est génial, la politique, on se marre, on se tord, on se tape sur les cuisses.

Et puis, ayant retrouvé mon sérieux, je me rappelle qu’on l’appelle aussi l’Empire du Milieu, la Chine. Ça ne date pas d’hier, ni d’avant-hier. Par son histoire, par sa population, par ses dimensions, la Chine a plus que le droit, le devoir, de se voir en maître du monde. Les États-Unis lui tiennent tête, mais ils en auront de moins en moins les moyens. L’Europe pourrait lui tenir tête, mais encore faudrait-il qu’elle existe politiquement.

Le Brésil pourrait être l’Empire du Milieu de l’Amérique du Sud. Mieux, devrait. Ce serait probablement la meilleure façon de tirer son peuple vers le haut. Ce que la Chine fait à ses vassaux pour améliorer le sort de ses habitants — et Dieu sait qu’il y a du retard à rattraper ! —, le Brésil devrait le faire avec ses voisins (dont la France) avec plus de mordant qu’aujourd’hui. Mais, non, notre Lula croit au marketing cul-cul-la-praline du gagnant-gagnant, du win-win comme disent ses inventeurs, qui n'ont pas inventé la poudre. Lula, je ne te donne qu’un conseil, si tu ne veux pas rater encore un tour de la redistribution des cartes, oublie l’école américaine, nourris-toi de l’art de la guerre chinois !

4 commentaires:

  1. Ça, c’est de la belle image d’Épinal. La France comme ci, la France comme ça et les Chinois.
    Il faut savoir que la crise touche aussi la Chine, et qu’il est plus difficile de passer de plus de 10 % de croissance à moins de 8 % que de 2 % à un peu moins de zéro. Cela pose des problèmes dans un pays qui commence à avoir des revendications sociales de plus en plus fortes et qui va devoir reconsidérer de manière drastique les investissements prévus ces prochaines années. Il va falloir couper dans les projets, et donc couper dans les importations de biens et services. Plus facile, quand on ne veut pas perdre la face, de trouver des excuses politiques. Les excuses économiques ne seront jamais au rendez-vous. Et pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit.
    D'ailleurs les voies de la diplomatie étant ce qu’elles sont, il suffit de crier sur les toits que Sarko ferait insulte à la Chine en recevant le Lama (Dalaï, Dalaï) pour obliger ce dernier à le faire. Il faut être stupide comme un militaire, qui plus est un Genéral de brigade, pour ne pas s’en apercevoir.
    Et ce n’est pas fini, tout le monde sera concerné et c’est bien normal, resteront vraisemblablement en cours tous les investissements qui comportent un volet fabrication locale.
    Voilà pour la Chine et la France.
    Maintenant, revenons au Brésil. Le Brésil vu du Brésil c’est encore une image d’Épinal. Le trop bon Lula et le Brésil se démarquant comme puissance économique régionale et bientôt mondiale des méthodes qu’usent les États-Unis et l’Europe. Je suis franchement mort de rire. Il faudrait que Lula apprenne l’art de la guerre, je me gausse.
    Les exportateurs de biens et de services brésiliens se représentent eux-mêmes par l’intermédiaire de différentes associations dans les pays latins. Ils sont puissants, redoutables, écoutés et n’ont pas, en théorie, de comptes à rendre à l’Ambassade. Un ensemble redoutable, les uns qui coupent les oignons et l’autre qui pleure (Lula).
    Mon cher Francis, pour bien connaître les tenants du commerce international en Amérique latine, pour avoir travaillé avec eux, je peux vous dire que le Brésil le fait remarquablement bien et qu’il n’a rien à envier aux méthodes de Bush ou de Clinton. Vous savez, par ici, l’empire, ce n’est pas les États-Unis, c’est le Brésil. Grand bien lui fasse, mais ne nous voilons pas la face.

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  2. Mon cher Patrick, me croirez-vous si je vous disais que j'ai pensé à vous en écrivant cet article ? Car, pour moi, l'Argentine c'est vous :)

    Il me semble que je suis assez d'accord avec vous. Par exemple, le prétendu "win win" m'a toujours fait marré. Les méthodes brésiliennes n'ont en effet rien à envier à celles des USA. J'aime bien, d'ailleurs, quand Rafael Correa et Evo Morales ruent un peu dans les brancards :)

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  3. Je sais, vous êtes un redoutable provocateur, je suis quand même déçu d'être pratiquement le seul à le savoir ! ;-)

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  4. Mais, attention, je ne provoque que pour la bonne cause !

    Et l'autre, une de mes petites voix intérieures, de dire : ah bon, il y a des bonnes causes !?

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