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04 avril 2009

Un appel au boycott qui allait servir de prétexte à un renforcement de la dictature

« Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés,

Tous reconnaissent ou prétendent reconnaître que la majorité des forces armées ne pactise pas avec la junte militaire qui commet des violences et maintient ce pays sous le régime de l’oppression. Je crois qu’est venu, après les événements de Brasília, le moment de l’union pour la démocratie. C’est aussi un moment de boycott. Les mères brésiliennes se sont manifesté. Toutes les classes sociales appellent la police à se joindre à ce refus. Pour autant, cela ne suffit pas.

Il faut que se mette en place, surtout de la part des femmes, comme cela a commencé d’être fait dans cette Chambre par une partie des femmes parlementaires de l’Arena, le boycott du militarisme. Le 7 septembre [jour de la fête nationale] approche.

Cherchant à exploiter le sentiment profond de patriotisme du peuple, les dirigeants militaires demanderont aux écoles qu’elles défilent avec les bourreaux des étudiants. Il faudrait que chaque père, chaque mère comprenne que la participation de leurs enfants à ce défilé revient à aider les bourreaux qui les maltraitent et les mitraillent dans les rues. Par conséquent, chacun devrait boycotter ce défilé.

S’agissant, toujours, des femmes, ce boycott peut aussi être celui des jeunes filles. Celles qui dansent avec les cadets et qui flirtent avec les jeunes officiers. Il faudrait faire en sorte qu’aujourd’hui, au Brésil, les femmes de 1968 s’inspirent des femmes de São Paulo de la Guerre des Emboabas qui refusaient l’entrée dans leurs maisons à ceux qui les bafouaient.

Refusons d’accepter parmi nous ceux qui se taisent et qui, par conséquent, sont complices. Ne pas être d’accord et rester silencieux ne sert à rien. Il devient nécessaire d’agir contre ceux qui abusent des forces armées, en parlant et en agissant en leur nom. Croyez moi, Monsieur le Président, il est possible de mettre fin à cette farce, cette démocrature, ce faux empêchement par le boycott. Tant que ne se seront pas prononcés ceux qui gardent le silence, tout contact entre les civils et les militaires doit cesser, parce que c’est le seul moyen pour ce pays de revenir à la démocratie.

C’est l’unique façon que nous avons de faire en sorte que ceux qui gardent le silence et qui n’acceptent pas les ordres de leurs chefs suivent le magnifique exemple des 14 officiers de Crateús qui ont eu le courage et la dignité de manifester publiquement leur refus d’une décision illégale et arbitraire de leurs supérieurs. »

Ces paroles ont été prononcées par le député Márcio Moreira Alves le 2 septembre 1968, pour appeler au boycott des commémorations de la fête nationale. Ce discours a servi de prétexte au gouvernement militaire pour promulguer le décret AI-5, qui allait marquer un tournant vers une dictature pure et dure.

Márcio Moreira Alves est décédé hier à Rio de Janeiro, des suites d’une attaque cérébrale.

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