Il fut un temps où lire le journal le matin, en buvant un café, offrait à bon compte le plaisir de retarder le moment de se mettre au boulot. Et, d’ailleurs, le boulot, c’était juste un mauvais moment à passer, on ne s’embarrassait pas de faire semblant d’être motivé. On était là pour gagner sa vie, à la perdre, disaient certains. On se foutait pas mal des objectifs, on savait que si la boîte venait à mettre la clé sous la porte, on trouverait du boulot en sonnant à la porte d’à côté. On faisait grève chaque fois que possible, parce que, comme disait mon grand-père, « mieux valait être rouge le plus longtemps possible, on avait toujours le temps de rosir ».
Mais pourquoi faut-il que je te raconte ça, toi lecteur qui n’a pas connu ce temps ou qui ne l’a pas vécu comme ça ? Va savoir...
Etel et moi sommes abonnés à la Folha de São Paulo, mais uniquement aux éditions papier du samedi et dimanche, ce qui, soit dit en passant, permet de lire en ligne l’intégralité du journal l’intégralité de la semaine. L’édition dominicale contient un cahier que je déguste à part, uniquement dans les toilettes. C’est le « caderno mais! » Un vrai plus, qui permet de sortir de l’actualité immédiate, celle qui part à la corbeille aussi vite que le pq dans le vaso sanitário. Car, soit dit en passant, il n’est pas vrai qu’il faille jeter le pq dans une poubelle adjacente et malodorante, de la terre de feu jusqu’au mur anti-latinos.
J’ai comme l’impression que je prends des gants pour en venir là où je veux en venir. Je dois dire que c’est tellement énorme, et c’est le cas de le dire, que je me demande encore si ça vaut la peine que je fasse ce petit billet, qui rejoindra les poubelles du cyber-espace aussitôt qu’il aura été pondu. Mais, bon, après tout, puisque vous êtes encore là, autant y aller.
C’est un Prix Nobel, Monsieur Steven Chu. Il a récemment présenté à son président, Monsieur Barack Obama, les slides d’un power point phénoménal. Pas besoin d’être Prix Nobel pour comprendre, c’est toujours ça de pris. Et j’ai d’ailleurs vérifié sur mon tableur, ça colle. Que disait-il Monsieur Chu ? Que si on continue comme ça, c’est-à-dire comme depuis 20 ans, jusqu’en 2050, et même en mieux, c’est-à-dire en améliorant sensiblement (de 500%, une bagatelle) l’efficacité dans l’usage de l’énergie, il va falloir :
- Inaugurer une centrale nucléaire tous les lundis, mercredis et vendredis, et un dimanche sur deux ;
- Et construire un million de moulins à vent ;
- Et couvrir un million de toits par jour de panneaux solaires.
Je le répète : faire tout ça à partir de demain matin et jusqu’en 2050 !
-------------------------
Addenda le 21 avril
On compte aujourd'hui 439 réacteurs en service dans 31 pays. Moins de 40 unités sont en construction, mais 230 projets sont à des stades plus ou moins avancés. De 375 gigawatts (1 gW = 1 million de kW), la capacité installée pourrait ainsi passer à 650 gW en 2030, selon des prévisions déjà optimistes de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) – source : Le Monde en ligne le 21/04/2009
07 avril 2009
6 commentaires:
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus ;
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire" ;
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL ;
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien "S'abonner par e-mail", être assuré d'être avisé en cas d'une réponse ;
4) Cliquer sur Publier enfin.
Et parce que vos commentaires nous intéressent, merci de prendre la peine de nous faire part de vos opinions et de compléter ce billet par vos informations !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Un barrage hydroélectrique entre Bélem et Macapá résoudrait-il l'affaire ici au Brésil?
RépondreSupprimerLes "sete quedas" ont déjà été englouties, alors un fleuve en moins ou en plus...
@ Florent : les calculs de Steven Chu ont été faits sur une base mondiale. Je ne pense pas qu'il se soit livré à un calcul pays par pays.
RépondreSupprimerLe Brésil ne me semble pas le plus mal placé pour tenter de résoudre l'équation. Énergie solaire et vents sont abondants. Et puis il y a, comme vous le faites remarquer, l'énergie hydroélectrique.
Les barrages sont sans doute préférables à d'autres options (disons d'origine fossile, pour faire simple), mais ils créent aussi d'autres problèmes : déplacement de populations (indiennes, dans votre exemple), et/ou destruction de forêt, destruction qui atteint déjà un niveau critique.
On peut espérer que d'ici 2050 des optimisations soient effectuées concernant l'énergie électrique. Sans être expert sur le sujet, je pense qu'au-delà des externalités négatives on peut distinguer des tendances favorables:
RépondreSupprimerOffre - Mieux profiter des énergies renouvellables:
- Hydroliennes (ps JT de FR2)
- Auto-production d'énergie par l'utilisateur final (solaire, vent)
Stockage de l'énergie:
Les technologies de stockage semblent s'améliorer, mais si je ne me trompe pas elle ne permettent pas encore de stocker l'énergie produite à grande échelle?
Optimisation de l'utilisation de l'énergie:
- Orientation des consommateurs vers des produits plus vert (ex: tendance lourde des netbooks)
- Auto-production à l'usage (cf téléphone avec capteur solaire)
Et la sainte voiture:
- co-voiturage
- récupération de l'énergie lors du freinage
- promesses de la géo-assistance (GPS, traffic) permettant de fluidifier la circulation
@ Florent : Steven Chu a fait l'hypothèse que l'on améliorerait de 500% l'efficacité dans l'utilisation de l'énergie. 500%, toutes les actions que vous listez peuvent y contribuer (on résoudra sans doute le pb du stockage, que vous évoquez). Mais 500%, c'est énorme, ce n'est pas gagné ! Par conséquent, ce qu'il démontre c'est que, même en atteignant cet objectif, cela va finir par coincer.
RépondreSupprimerQue va-t-il se passer quand ça va coincer ? Les gouvernements actuels, bien qu'informés de l'impasse dans laquelle nous sommes engagés, n'ont aucun plan pour résoudre ce problème. Sans doute espèrent-ils un miracle !
Si l'énergie ne sera pas disponible pour tout le monde, certains devront en être davantage privé que d'autres... Mais qui?
RépondreSupprimerLa loi du marché pourrait peut-être résoudre cette question avant l'heure. Un prix exorbitant du pétrole opérera déjà telle un sinistre écrémage.
L'Afrique du sud doit déjà revoir sa croissance à la baisse en raison du manque (de planning de la production) d'énergie. Une décroissance forcée pourrait donc intervenir pour motif énergétique.
Le marché jouera sans doute son rôle. Mais les tensions sur l'énergie et les matières premières vont être telles (sont déjà telles) que les variations de prix et les tentations spéculatrices vont être très fortes. Ce qui se passe sur le pétrole depuis 2 ans nous en donne un avant-goût...
RépondreSupprimerTous les pays accepteront-ils de respecter les lois du marché ? Et à l'intérieur de chacun des pays, tous les peuples l'accepteront-ils ? J'en doute.