Le récent voyage du président brésilien en Chine a mis en évidence une fois encore ce qui sépare les deux pays, abusivement regroupés sous l’acronyme BRIC, qui n’a guère plus de substance qu’une enseigne au-dessus de la porte d’un bazar stambouliote.
De la rencontre entre les deux gouvernements, les Chinois ont obtenu ce qu’ils cherchaient, à savoir l’assurance de se fournir auprès du Brésil en pétrole, fer, soja et autres matières premières sur le moyen terme, tandis que les Brésiliens n’ont pas atteint leur objectif d’intéresser sérieusement leurs hôtes aux biens manufacturés made in Brazil.
C’est que le Brésil, malgré quelques succès industriels, ne parvient pas à sortir du rôle qui est le sien depuis la colonisation portugaise, qui consiste avant tout à exploiter l’incroyable portefeuille de ressources naturelles dont il est doté. Et sans doute est-ce là le malheur du Brésil que d’être trop riche pour inciter ses élites, coulées dans le moule de ce type de développement, à faire les efforts qui placeraient le Brésil dans la catégorie des pays du premier monde. À l’inverse, le Japon puis la Corée du Sud ont montré comment le manque de ressources naturelles favorise l’innovation et la richesse.
Et la découverte ces dernières années de gigantesques gisements de pétrole off shore n’est pas de nature à renverser les perspectives. Ce danger est d’ailleurs bien compris d’une minorité d’entrepreneurs brésiliens qui ne cessent de mettre en garde contre les facilités. En effet, soit le Brésil suit le modèle archaïque vénézuélien, qui consiste à sous-traiter les efforts à des entreprises étrangères, c’est-à-dire à leur acheter à prix d’or les équipements derrière le paravent de la nationalisation des exploitants locaux, soit il saisit l’opportunité que représente le défi de forer en eaux très profondes pour inventer et développer ses propres outils, qui pourrait être la première étape de la construction d’une filière industrielle du pétrole vraiment brésilienne.
Malheureusement, il n’est guère permis d’être optimiste. Faire cette révolution impliquerait de renverser totalement les mauvaises habitudes prises, en faisant notamment de l’éducation une véritable priorité, traduite enfin dans les faits et non simplement invoquée depuis des années au long de discours grandiloquents jamais suivis d’effet.
C’est que le Brésil, contrairement à la Chine, n’a guère de grandes ambitions. Il voudrait bien appartenir au premier monde, mais n’est pas franchement disposé à faire les efforts que cela imposerait.
Les crises économiques sont chaque fois l’occasion de redistribuer des rôles. Celle-ci est une occasion manquée de plus pour le Brésil, en train de perdre des parts de marché au lieu d’en gagner. À terme, des secteurs entiers de son industrie risquent de disparaître. La chaussure, le textile pourraient, par exemple, ne pas s’en relever. Si partout dans le monde, les exportations chutent, celles du Brésil chutent bien plus encore que celles de ses concurrents. Ainsi, au premier trimestre 2009, si les importations argentines de produits chinois ont diminué de 25,1%, celles de produits brésiliens ont reculé de 45,7%. Sur huit secteurs où la Chine a augmenté ses ventes en Argentine, six l’ont été au détriment du Brésil : le papier, les chaussures, les appareils photographiques, les instruments optiques, médicaux et de musique, les jouets et les accessoires vestimentaires.
31 mai 2009
1 commentaire:
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TRES intéressant. bien complémentaire à mon articulet sur bahia/chine.
RépondreSupprimertu vois loin.
c'est bien.
tu es consultant ! cèst ton métier ! ires. Cordialement.
BF