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11 août 2011

Note de conjoncture

Le pire n’est jamais sûr. Ça fait du bien de commencer comme ça. Ça met du baume au cœur. Les mauvaises nouvelles semblent nous tomber dessus comme feuilles à l’automne et l’on ne sait par où prendre le machin. Par la folle dégringolade des indices boursiers ? Par les émeutes en Angleterre ? Par la montée des peurs qui peuvent nous mener à l’on ne sait quelle aventure ?

Alors, puisqu’il faut bien commencer ce billet par quelque chose, me vient à l’esprit que les émeutes qui ont embrasé les principales villes anglaises ont quelques chose de l’incendie du Reichstag. En mieux, ou en pire selon votre vision du monde. À Londres, il n’a même pas été nécessaire de manipuler un incendiaire. Les fouteurs de feu avaient la rage au ventre depuis longtemps, il a suffi d’une étincelle involontaire, une bavure policière pour que les rues, plutôt que la rue (nuance !), s’embrasent. Rien de bien nouveau sous le soleil de Satan, sauf que cette fois-ci la population des quartiers concernés s’est organisée en milices d’auto-défense et que les groupuscules (aujourd’hui) d’extrême-droite se sont aussitôt emparé de l’aubaine pour prendre le leadership de ces milices.

J’ignore ce qu’il en sera demain, si les nationalistes anglais profiteront de ces événements pour engranger dans les urnes des résultats qu’ils n’ont jamais atteint, mais il faudra y être attentif.

Soit dit en passant, j’ai noté que les villes d’Écosse sont restées tout à fait calmes, ce qui d’une certaine manière laisse à penser qu’il ne faut pas chercher trop loin les raisons de la révolte anglaise. Le gouvernement écossais, fort des royalties du pétrole, même déclinants, n’a pas comme celui de David Cameron taillé dans les budgets sociaux...

Deuzio, me vient à l’esprit que c’est d’Angleterre et des États-Unis que pourraient venir tous les dangers, ou plus exactement les pires d’entre eux. Et cela ne serait finalement qu’un juste retour des choses, car c’est bien eux, avec Reagan et Thatcher, qui ont mis le feu aux poudres. Les Bourses en déconfiture, la récession qui guette, voilà le prix qu’il faut maintenant payer. Mais le hic, c’est : qui va devoir payer ? On connaît la chanson, on ne la connaît que trop pour que j’aie besoin de mettre les points sur les i.

On voit se dessiner peu à peu les contours d’un possible futur. Les floués de l’Histoire, toujours les mêmes, risquent d’en tirer, une fois encore, comme dans les années 30, les mêmes conséquences et de porter aux affaires (admirable expression) les pires d’entre leurs bourreaux. À cet égard, je recommande à ceux qui comprennent l’anglais la lecture d’un article de Rolling Stone, version US, sur Roger Ailes, le président de Fox News, quelque chose d’aussi fascinant que terrifiant.

En effet, il semble bien que ce sont ces deux pays anglo-saxons qu’il conviendra de surveiller particulièrement ces prochains mois, ces prochaines années. Non pas pour leur attribuer une mauvaise note (pour ma part, je l’ai déjà collée depuis longtemps à leurs dirigeants !), mais pour suivre de près l’évolution des opinions et des partis les plus à droite, comme le Tea Party aux États-Unis. Si dans les années 30 et le début des années 40, l’allemand a été la langue de mort, l’anglais pourrait bien le devenir à son tour plus vite qu’on ne le croit. Ce n’est pas un hasard si Anders Behring Breivik a rédigé son manifeste dans un parfait anglais et qu’il a fait ses classes d'extrémiste en herbe au royaume d’Angleterre.

Et la France dans tout ça ? Sarkozy, ce n’est pas une surprise, cultive plus que jamais ses affinités avec le monde anglo-saxon, en bon petit toutou du libéralisme. Comme il ne sait trop quoi faire, il aboie de temps en temps, mais cela ne calme manifestement pas les spéculateurs. Bien au contraire ! De son côté, la gauche semble totalement incapable de formuler une alternative, paralysée par les enjeux bêtement électoraux et, sans doute, par la tâche à accomplir, car elle sait bien que ce n’est pas le Parti socialiste français, tout seul dans son coin, qui peut résoudre la crise de civilisation (allez, je me lâche, le mot ne me semble pas trop fort) que nous vivons.

Quant au Brésil, il regarde tout ça de loin, en priant Dieu et les esprits, comme je le narrais dans mon précédent billet. Dilma espère encore que les turbulences qui balaient l’hémisphère nord n’auront qu’un effet limité ici. Et puis, le moment venu, il sera toujours temps de se positionner en faveur de l’un ou l’autre camp, de préférence celui des vainqueurs, comme pendant la seconde guerre mondiale où il avait fallu attendre 1942 avant que Getúlio Vargas penche en faveur des Alliés.

À part ça, je suis optimiste !

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