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02 septembre 2011

Guarani, tu ne parleras pas

Ils sont trois Indiens, trois Caiuás, qui apprennent à lire et à écrire. Ils ont la quarantaine, ils étudient le soir. Rien que pour ça, ils ont du mérite. Et vient un jour où on leur demande de signer un registre dans lequel serait écrite la loi : guarani, tu ne parleras pas. Ils signent. Et puis c’est la confusion.

L’un en parle autour de lui, ça finit par arriver aux oreilles des députés de l’assemblée législative de l’État du Mato Grosso. Mato Grosso, décidément tu as tout pour plaire, ton agro-business, ton interdiction de parler les langues indigènes, j’en passe et des meilleures de cet acabit.

Malgré tout, le député Pedro Kemp (PT) rappelle que cette prétendue loi est contraire à la constitution et aux droits de l’homme. Mais à la mairie de Água Bonita, on a la tête dure : c’est pas pour rien qu’on a interdit à ces trois Caiuás de parler leur sabir, rendez-vous compte, c’était pour eux le moyen de dire du mal de leurs petits camarades non indigènes, croyant qu’ils ne seraient pas compris.

Tu y crois, toi, à cette histoire ? Qu’il y aurait là des disciples de Claude Lévi-Strauss habiles dans le maniement du guarani et plus précisément du guarani parlé par les Caiuás. Ce doit être un préjugé de ma part, mais j’aurais plutôt tendance à croire la version des trois Caiuás, interrogés par un journaliste de la Folha de São Paulo : « Tout ça c’est des mensonges. C’est nous qui souffrons des mauvaises blagues que les autres racontent sur notre dos ».

Ça me rappelle l’excellent texte de l’ami Marco, que je vous invite à lire en cliquant ici.

2 commentaires:

  1. Je ne connais de la condition des Amérindiens du Brésil que ce qu'un Européen moyen peut en savoir en étant un peu scrupuleux de ses lectures. Je connais mieux, pour l'avoir assez longuement observée in situ, celle des autochtones du Québec. Je leur ai consacré une série d'articles à l'époque et même l'une ou l'autre fiction. Si je dois caractériser en peu de mots cette condition, je dirais ceci : les Occidentaux ont réussi l'exploit parfait avec « leur indiens ». Ils sont arrivés en Amérique, la bouche en cœur, et ont trouvé tout de suite à disposition leur main d’œuvre émigrée et la cible toute désignée de leurs rancœurs à l'égard de l'altérité. Non mais, n’est-ce pas le plus fameux exemple de racisme qui fût jamais, que celui qui parvint à faire de l'autochtone un émigré sur son propre territoire ?

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  2. Oui, Marco, ta formule tape en plein dans le mille : "faire de l'autochtone un émigré sur son propre territoire".

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