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04 septembre 2011

Welcome to the Rileys

Cinéma. On ne sait jamais de quoi il va retourner, surtout si, comme moi, on préfère ne rien lire avant sur le film qu’on va voir. Parce qu’on préfère se fier à son instinct. Quitte à en payer le prix. Le prix d’un ticket de cinéma, au pire.

Welcome to the Rileys, ça s’appelle en anglais. Corações perdidos, au Brésil. Retour planète Magenta, chez moi, dans la cassette fermée à double tour des souvenirs laissés à l’abandon depuis longtemps.

Vers la fin du film, on apprend que Mallory ou Allison — on se fiche de son vrai nom — a perdu sa mère quand elle avait 4 ou 5 ans ou quelque chose comme ça, dans un accident de voiture. Toutes les petites filles qui perdent leur mère dans un accident de voiture ne deviennent pas des strip-teaseuses ou des putes ou les deux à la fois.

Quand Marie est arrivée le premier soir planète Magenta, je l’ai prise dans mes bras dans le long couloir qui menait dans nos chambres respectives. Je l’ai prise dans mes bras et je l’ai embrassée. J’ai aimé l’embrasser, j’ai aimé la façon dont elle m’a embrassé. Et puis au lieu de me suivre ou de m’emmener dans l’une ou l’autre chambre, elle m’a demandé de la pardonner, elle m’a demandé d’attendre un jour de plus.

Marie n’avait pas perdu sa mère, mais sa sœur dans un accident de voiture, une voiture dans laquelle elle aurait dû se trouver à la place de sa sœur. C’est du moins ce qu’elle croyait, c’est ce que j’avais fini par apprendre par G. Ch., le copain chez qui je l’avais vue la première fois, le jour où de suite j’avais eu envie d’elle. Marie n’était devenue ni strip-teaseuse ni prostituée. Marie avait fait d’autres bêtises. Ça je l’avais compris quand j’étais entré dans sa chambre et que j’avais découvert l’attirail dont elle avait besoin pour s’évader, pour rendre plus légère cette culpabilité qu’elle croyait devoir endosser. Comme si le destin n’était pas, quoi qu’on fasse, plus fort que nous.

Marie et moi, nous sommes devenus amis. Je la prenais dans mes bras quand elle allait mal, très loin de moi, tout près de moi. J’étais devenu le grand frère qui la prenait dans ses bras pour la réchauffer quand elle tremblait de la tête aux pieds.

Et puis la vie nous a séparé, j’ai quitté la planète Magenta. Elle aussi. Nous nous sommes vus deux ou trois fois chez l’un, chez l’autre. Et puis elle a disparu. J’ignore, Marie, si tu es encore de ce monde. J’ignore s’il t’arrive de penser à moi de temps en temps, si je suis un vague souvenir dans la cassette fermée à double tour de tes souvenirs laissés à l’abandon.

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