Dans une interview accordée à l’hebdomadaire The Economist, prélude à sa prochaine visite au Royaume Uni, Lula explique longuement sa conception de l’art de gouverner. S’il fallait le résumer en un seul mot, cela serait pragmatisme. Et en cela, sans nul doute, le président reste fidèle au leader syndical.
Parlant de ses relations avec George Bush, il écarte tout débat idéologique et insiste sur sa volonté de parler des problèmes qui fâchent en tête à tête, plutôt que de se lancer des invectives comme le font régulièrement États-uniens et Vénézuéliens. Sur ce point, Lula se propose d’ailleurs d’aider à rétablir le dialogue entre les deux présidents...
Parmi les points de désaccord entre le Brésil et les États-Unis figure, on le sait, la lutte contre le SIDA. D’une part, le Brésil produit des médicaments génériques et refuse de payer les brevets au prix demandé par les laboratoires nord-américains ; d’autre part, il n’accepte pas de déclarer formellement la prostitution comme étant une activité inhumaine et dégradante. Ce dernier refus lui vaut désormais d´être écarté de la liste des bénéficiaires d’un programme d’aide (USAID) émanant du gouvernement des États-Unis.
Initié par le gouvernement du prédécesseur de Lula (Fernando Henrique Cardoso), le programme brésilien de lutte contre le SIDA est pourtant un succès que nul ne conteste. Dans cette affaire, où l’aveuglement idéologique est nord-américain et le pragmatisme brésilien, la preuve est faite une fois encore de la supériorité d’une manière de penser sur l’autre.
Les 48 millions de dollars d’USAID qui feront défaut — à dire vrai, une misère pour un pays comme le Brésil — ne pèsent pas lourd dans la balance. En particulier, ils n’empêcheront pas la distribution de préservatifs gratuits à l’occasion des fêtes publics, comme récemment le carnaval. Et ce d’autant que le Brésil a lancé la construction d’une usine de production dans l’État amazonien d’Acre, qui devrait lui permettre d’atteindre l’auto-suffisance et même d’exporter, autre priorité nationale.
Après tout, c’est un juste retour des choses. Le latex, découvert en Amazonie, a fait la fortune de villes comme Manaus et Belém, avant que les Anglais ne s’emparent de semences d’hévéa pour les replanter dans leurs colonies asiatiques. A quand l’Opéra de Manaus recouvert d’un gigantesque préservatif ? Christo, si tu me lis...
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