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27 mai 2006

Costurar

Qui est le Brésilien le plus connu aux États Unis ? Celui qui pousse des milliers de fans à se presser contre les barrières de sécurité partout où il se produit ? Celui dont les supporters ont adopté la couleur orange ? Celui dont le nom est connu de quelques dizaines de millions d’Étatsuniens ? Réponse : Vitor Meira. Qui !?

Meira n’est ni un joueur de football, ni un chanteur. Vitor Meira est un des six pilotes Brésiliens qui brillent en formule Indy Car. Les journaux américains ont fini par se pencher sur cette indispensable question : pourquoi les Brésiliens dominent-ils à ce point les compétitions automobiles courues aux États Unis ? Depuis 2001, 18 pilotes brésiliens se sont classés dans le Top 10, 12 dans le Top 6, 11 dans le Top 5, 8 dans le Top 3 et deux ont gagné le championnat Indy Car. Décidément, les Ricains sont très forts en statistiques ! Surtout lorsqu’il s’agit de compiler des résultats sportifs sans importance...

En cherchant bien, je ne vois guère qu’un intérêt au sport automobile. Sans doute a-t-il permis de faire progresser la sécurité dont jouissent nos automobiles ordinaires.

Mais revenons à la question initiale : pourquoi tant de Brésiliens ? La réponse ne se trouvant pas dans les journaux qui posent la question, j’en viens à émettre une hypothèse. C’est parce que tous les Brésiliens se prennent pour Ayrton Senna — la référence en la matière au Brésil, plus que Vitor Meira — dès qu’ils empoignent leur volant. Il faut en effet les voir ces pilotes du dimanche et du reste de la semaine zigzaguer d’une piste à l’autre des rues comme des autoroutes, au mépris de toutes les règles et des policiers qui les observent de loin, même et surtout lorsqu’ils sont à portée de sifflet. Pour ne pas être en reste, les bus et les camions participent de la compétition ouverte à tous, mais possèdent un argument supplémentaire, leur volume ! Il y a un verbe d’action pour désigner cette façon décousue de chercher à dépasser celui qui vous précède : costurar. En français, coudre. Jolie métaphore pour dire cette manière de tailler la route.

Résultat des courses : environ 20 000 tués par an — et ces statistiques-là ne semblent émouvoir personne. Pour un parc automobile proche de celui d’un pays comme la France. Mais les tués et les blessés se comptent en premier lieu parmi les piétons. Puis viennent les conducteurs de deux-roues...

Une dernière question pour la route : de quoi rêvent les stars brésiliennes de la boîte de vitesse ? D’aider les plus démunis de leurs compatriotes. De facto, chacun entretient une ONG qui aide à lutter contre la faim, l’analphabétisme, la violence urbaine. La violence urbaine, certes. Mais aucune, pour ce que j’en sais, aucune ne s’est choisi comme mission de lutter contre la violence routière.

1 commentaire:

  1. A Belém, les habitants de certains quartiers populaires ont résolu le problème de la dangerosité des bus: à chaque gosse renversé, ils laissent un peu (très peu! de temps au conducteur et au receveur pour qu'il se réfugient dans une église, un temple adventiste ou un truc similaire, avant d'incendier le bus.
    Les compagnies mettent désormais des contrôleurs dans ces quartiers, qui sont chargés de vérifier que les machinistes ne font pas le trajat en moins qu'un temps imparti.
    On ajoutera aussi le "droit", la nuit, de griller des feux rouges (si vous vous arrêtez, vous avez dans certaines villes toutes les chances de vous faire braquer - bien content de n'y laisser que la voiture et le porte feuille!)

    Ce "droit" n'est pas inscrit dans le code, mais reconnu par la police - sauf si on tombe sur une patrouille soucieuse de se faire un peu d'argent de poche...

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