1938. C’est, selon Carlos Eduardo Sarmento dans son livre A Invenção da Nação Canarinho, la date où se situe la genèse du mythe de l’équipe nationale de futebol.
Les premières années, le football est majoritairement pratiqué au Brésil par des jeunes gens issus de l’immigration europénne de São Paulo et Rio de Janeiro, au point que la Seleção ne se compose que de joueurs blancs. On devine aisément au nom du premier métis admis — Arthur Friedenreich — qu’il avait peu à voir avec les gamins qui, par la suite, allaient constituer l’essentiel des forces de l’équipe.
Getúlio Vargas est le premier chef d’État brésilien à parier sur le football pour incarner l’homme nouveau qui sied à son Estado Novo. Ailleurs, dans les années trente, l’homme nouveau est l’ouvrier infatigable de l’Union Soviétique ou l’homme de race supérieure de l’Allemagne nazie. Dans les deux cas, il est le plus souvent dépeint sous des traits communs : muscles saillants et têtes blondes. Getúlio Vargas s’en fait une autre idée. L’homme brésilien nouveau sera le fruit du métissage, affirmé comme valeur positive. Et le football, en devenant futebol, sera le moyen de parfaire l’image de cet homme nouveau.
Lors de la Coupe du monde de 1938, organisée en France, apparaissent les premières stars noires de la discipline, Leônidas et Domingos de Guia, qui jouent un rôle déterminant dans l’accession aux demi-finales.
À partir de là, le futebol fait l’objet d’une continuelle récupération politique, de Getúlio Vargas, dont la fille Alzira est marraine de l’équipe, à Lula, qui met en scène avant le début de la Copa une visio-conférence avec Carlos Alberto Parreira et ses joueurs se préparant en Suisse.
Des économistes ont tenté d’évaluer l’impact des résultats positifs et négatifs obtenus par les équipes sur l’économie de leur pays et sur la cotation des actions. Il est probable que des chercheurs en science politique avanceront dans les prochaines semaines leurs hypothèses quant à l’influence de la performance de la Seleção sur les élections d’octobre.
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