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31 juillet 2006

Du désordre dans les rangs

Il est devenu fréquent, pour ne pas dire convenu, de lire des articles de la presse française ou d’entendre des commentateurs de la radio et de la télévision hexagonaux se lamenter que la France, longtemps au quatrième rang par son PIB, soit passée au sixième rang des nations, dépassée par le Royaume Uni et, plus récemment, par la Chine.

Ces commentateurs sont parfois les mêmes qui pointent les déséquilibres du monde, la persistance des inégalités, les entraves au développement des pays les moins avancés. Dans le même ordre d’idée, le G8 offre un bel exemple d’hypocrisie. Passé du G5 au G7 et maintenant au G8, ce groupe de leaders auto-désigné se serait mis en tête d’aider au développement des pays pauvres. Ce qui est un peu fort de café brésilien, convenons-en, pour une bande des huit dont l’ambition est de maintenir la puissance de ses membres !

Mais le comble de l’hypocrisie a sans doute été atteint dans les enceintes de l’OMC. Officiellement, un des objectifs du cycle de Doha est de favoriser le développement. Que son échec, au moins provisoire, soit imputable aux négociateurs les plus puissants, les États Unis et l’Union Européenne, c’est-à-dire ceux qui ont le moins à gagner à court terme d’un accord, en dit long sur leur volonté réelle de venir en aide aux pays les moins développés !

Pour ajouter un peu plus à la confusion des esprits, certains défenseurs auto-proclamés des moins puissants, tels un José Bové en France, se révèlent les alliés objectifs des gouvernements nord-américains et européens en déniant toute légitimité à l’OMC dans la lutte contre la pauvreté, au prétexte que seul l’agro-business bénéficierait d’une avancée des négociations.

Vu du Brésil, tant de bêtise et d’égoïsme seraient à pleurer s’il n’y avait longtemps que les illusions sur les bonnes intentions du Nord, des puissants comme de leurs opposants, ne s’étaient envolées. Le Brésil, une fois de plus, prendra son mal en patience. Et ses représentants dans les instances internationales auront à répéter mille fois encore, aux uns que la suppression des subventions agricoles bénéficiera aussi à moyen terme à la collectivité des pays développés, aux autres que la faim a reculé au Brésil grâce à l’agro-business dont les retombées directes et indirectes ont permis une déflation très sensible des prix des denrées alimentaires.

Messieurs Chirac et Bové peuvent dormir sur leurs deux oreilles. La France occupera encore quelque temps le sixième rang des nations les plus riches.

Au fait, dans un monde idéal où les nations seraient à égalité de chance, quelle serait le rang de la France ? Le vingt-et-unième...

2 commentaires:

  1. "Au fait, dans un monde idéal où les nations seraient à égalité de chance, quelle serait le rang de la France ? Le vingt-et-unième..."

    Pourriez-vous indiquer d'ou viens ce chiffre ? Merci

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  2. Si tous les pays étaient égaux, leur classement en richesse suivrait celui en population. La France se situe au vingt-et-unième rang par sa population.

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