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27 octobre 2006

À deux jours du second tour

Trois sondages ont été publiés ce matin qui donnent à Lula un avantage compris entre 22 et 24 points. À en croire l’institut Ibope, les indécis ne seraient qu’environ 12% des électeurs ; ils ne devraient donc pas faire basculer le sort de l’élection après l’ultime débat, qui opposera ce soir les deux prétendants sur Globo.

À vrai dire, les questions qui restent en suspens sont plutôt liées aux suites. Sur quelle majorité et quel dispositif Lula va-t-il s’appuyer pour gouverner ?

Lula devrait bénéficier d’un plus grand nombre de gouverneurs alliés qu’en 2002. Dans le Nordeste, les trois États clés devraient revenir au PT et ses alliés. Jaques Wagner (PT - Bahia) et Cid Gomes (PSB - Ceará) sont déjà élus, Eduardo Campos (PSB - Pernambuco) devrait l’être dimanche. Il y a quatre ans, ces trois États leur avaient échappé.

Au total, le PMDB devrait gagner au minimum sept États, le PSDB cinq, le PT quatre. Et le PFL un ou deux, étant entendu que Roseana Sarney est menacée d’expulsion pour avoir choisi d’appuyer Lula.

En Espírito Santo — puisque ce blog est capixaba ! —, Paulo Hartung (PMDB) sera, comme par le passé et comme d’autres gouverneurs affichant la même étiquette, un allié de fait de Lula.

Reste la Chambre des députés. Avec moins de 20% des sièges, le PT est condamné aux larges alliances. Un mensalão bis est à écarter, du moins sous la forme qu’il a pris lors de la précédente législature. Mais en terme d’arrangements, l’imagination des politiciens brésiliens est sans limites ! Sur ce point, au moins, nous pouvons leur faire confiance.

6 commentaires:

  1. "le PT est condamné aux larges alliances"

    n'est pas une chose complètement courante au Brésil? Il me semble qu'on a jamais vu un gouvernement pouvoir gouverner sans alliance. La constitution ammène à cela non??

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  2. Rien de nouveau en effet au Brésil. En revanche, l'on a déjà vu des démocraties où le parti du président s'arrogeait plus de 50% des sièges. En France, par exemple.

    Le problème des alliances au Brésil tient plutôt à leurs "largeurs" ou leurs "configurations". Sans majorité claire, la politique gouvernementale est à la merci des partis opportunistes qui monnaient, au sens propre comme figuré, leur soutien.

    Pour en finir avec cette situation, par trop instable et source de corruption, Lula souhaite d'ailleurs faire évoluer la constitution. C'est un des objectifs de son second mandat. Cela ne signifierait pas la fin des alliances, mais du moins en restreindrait la "largeur" en réduisant l'émiettement des partis et en faisant d'eux des partis plus proches de ce que l'on connaît en Europe.

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  3. Intéressant! Bon courage à Lula.
    Sinon une question, si je comprends bien cela fait pas mal de temps que vous vivez au Brésil, avez vous vu une évolution réelle de la société Brésilienne avec Lula? Y a-t-il des changement palpable dans le foncionnement du pays? Et au niveau relationnel entre les "classes"?

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  4. Je crois comprendre que la question est de savoir si l'évolution de la société brésilienne se fait dans le sens de ceux qui visent moins d'inégalités. À cette question, je réponds plutôt positivement. Cela étant, si la réduction des inégalités semble confirmée par diverses études, indépendantes et ministérielles, il reste encore beaucoup à faire. Y compris, à mon humble avis, dans l'intérêt des élites, et notamment des entrepreneurs brésiliens qui revendiquent une croissance plus forte pour le Brésil. Entre tous les moyens qui permettent de tirer la croissance, il y a aussi, et peut-être surtout, le développement du marché intérieur. Donc une meilleure répartiton des revenus. L'augmentation du salaire minimum a eu des effets positifs, très visibles dans le Nordeste, qui ont permis à une classe nouvelle de petits entrepreneurs d'émerger à mesure que le pouvoir d'achat des plus pauvres augmentait.

    Pour ce qui est du fonctionnement du pays, l'on ne peut pas dire, toujours à mon avis, que les choses se soient sensiblement améliorées en matière d'infrastructures et de gestion administrative, par exemple. Quelques petits progrès ont été faits dans les ports, le réseau routier a été relifté mais de manière très superficielle, des mesures pour favoriser la création de très petites entreprises ont été décidées, mais au global rien de spectaculaire. Lula en est le premier conscient et a promis au soir de sa réélection d'accélérer sur ces points lors de son second mandat.

    Enfin, s'agissant du relationnel entre les classes, je dirais, pour faire simple car c'est une vaste question, que c'est l'ambiguïté des relations de classes qui domine plus que la "lutte". Au fond, beaucoup de pauvres gardent l'espoir de s'en sortir, de voir leurs enfants accéder à une vie meilleure, donc aux classes moyenne, sans passer par une solution collective. Et puis, le côté émotionnel étant tellement important au Brésil, beaucoup de ce qui en France créerait des situations conflictuelles est ici masqué par une "familiarité sociale" largement répandue.

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  5. Merci pour ta réponse ... vraiment intéressant.
    Par rapport aux classes, j'imagine que cela ressemble à la Colombie, en fait ce que je me demandais par rapport à ça, était que si l'élection de lula, comme leader des pauvres avait changé ce rapport entre les classes, hormis l'amélioration du niveau de vie, si on regarde le rapport entre les élites et les pauvres a-t-il eu un changement, une plus grande compréhension, moins de dedain, etc ...
    En fait je me rend compte que ma question est un peu compliquée .. il faudrait peut etre réaliser une étude sociologique.

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  6. À défaut d'une étude sociologique, j'ajouterai simplement que le mépris ou le dédain des élites envers les plus pauvres reste très courant. La façon dont Geraldo Alckmin s'adressait à Lula lors des débats télévisés, sans le regarder et en parlant de lui comme s'il était absent du plateau, en était un symptôme assez évident.

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