Si l’exhumation de documents des archives US a plusieurs fois confirmé ce que l’on soupçonnait depuis l’origine, à savoir la participation de Washington dans les coups d’État survenus au Chili ou en Argentine, pareille confirmation vient d’être livrée aux Brésiliens ce dernier dimanche.
Cela se passait sur Globo, lors de la diffusion de son programme dominical Fantástico, un magazine d’actualités grand public, aux relents de sensationalisme aigu où le gore le dispute généralement au sexe.
Carlos Fico, un historien et chercheur de l’université fédérale de RJ a témoigné qu’il avait eu accès aux documents prouvant l’implication de la diplomatie US dans l’éviction du président, fantasque mais élu, João Goulart.
Un des documents, intitulé A contingency plan for Brazil, relate la mise en oeuvre par l’ambassadeur US de l’époque, Lincoln Gordon, d’un plan baptisé par le State Department du joli nom de Brother Sam. Il s’agissait d’éliminer le plus élégamment possible Goulart, réputé peu fiable face à une intervention communiste pilotée par Cuba et l’Union Soviétique.
La suite est connue : le coup d’État, réalisé le 31 mars 1964, porte au pouvoir une junte militaire, dans le plus pur style des golpes d’alors. Ce que l’on sait moins, c’est que ces généraux avaient noué de solides amitiés avec leurs frères d’armes US pendant la campagne d’Italie. Une histoire d’amitié virile, donc. Presque une histoire de famille, entre l’oncle Sam et son frère, un petit frère sans doute, mais un frère d’armes, Brother Sam.
Vingt-et-un ans durant, les militaires dirigeront le Brésil. Jusqu’au retour de la démocratie en 1985. Mais une démocratie bien fragile, qui porte encore les stigmates des années de dictature.
Une démocratie entre les mains d’une majorité de politicards verreux, tous partis confondus, les journaux ne cessent de nous le rebattre. Commentant la récente décision des députés de proposer un doublement de leurs salaires, T me disait qu’elle ne serait pas surprise si, demain ou après demain, les généraux finissaient par faire leur retour au Planalto, tant les représentants du peuple s’acharnent à le trahir. Je ne saurais la contredire...
23 novembre 2006
11 commentaires:
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The US is present in almost every country in the world and they know how to flex their muscles when it is necessary.
RépondreSupprimer[Sorry, I don't speak French, but I can read it more or less.]
RépondreSupprimerFantastico made two claims. One, that the US ambassador wrote a memo three months before the coup outlining what could happen in Brazil over the next few months. One of those possibilities came true, so the paranoid UFRJ professor sees this as a "plan". On the interenet, anyone can see a record of the State Department meeting where the memo was discussed two days after it was written:
www.state.gov/r/pa/ho/frus/johnsonlb/xxxi/36291.htm.
A bonus is the annotation by a U.S. official regarding Adhemar de Barros, then Governor of Sao Paulo: "Steals but is on our side".
The second claim is that the US was going to deliver weapons to the coup plotters if a civil war broke out. This was the "Brother Sam plan". You can read all about it in the book "1964 : o papel dos Estados Unidos no golpe de Estado de 31 de março" by Phyllis R. Parker, which was published in Rio de Janeiro by the Editora Civilização Brasileira in 1977 [!]. The U.S. Ambassador to Brazil in 1964, Lincoln Gordon, also wrote a book a few years ago, "Brazil's Second Chance" where he goes over the whole issue. Fantastico unfairly portrayed him as a liar. Finally, other recently declassified memos can be seen at the National Security Archive's site:
www.gwu.edu/~nsarchiv/NSAEBB/NSAEBB118/index.htm
These only add minor details to what has been known for years. The Brazilian generals planned and executed the coup, and a large part of the Brazilian press and public supported it at the time. The US let the generals know that if they decided to go ahead, the US would back them up. As it turned out, the help wasn't needed.
Anonyme mentioned "the paranoid UFRJ professor". It remembers me the way Soviet Union treated its opponents...
RépondreSupprimerQuel est le montant actuel des salaires de députés brésiliens?
RépondreSupprimerfranchement, je ne vois pas un "Golpe" survenir au Brésil.
Mais une "révolution des oeillets" comme au Portugal, ça je ne l'exclue pas.
Le salaire actuel des députés brésiliens est de 12.400 R$, soit plus de 4.000 euros. En y ajoutant les indemnités, les revenus mensuels moyens des députés fédéraux brésiliens sont, selon un calcul publié dans El País, de 92.900 R$, soit plus de 30.000 euros. Une bagatelle...
RépondreSupprimerUne révolution du type de la Révolution des oeillets au Portugal me paraît bien improbable. Les officiers brésiliens sont très rarement acquis aux idées dites de gauche. Il n’est même pas certain qu’une majorité d’entre eux soutiennent les principes démocratiques. C’est d’ailleurs parce qu’il craint une réaction des casernes que Lula refuse d’appliquer une directive des Nations Unies lui demandant d’entrouvrir les archives de la dictature.
Je sais bien que cela n'a pas valeur de sondage, mais j'en fréquentais de nombreux, d'un grade peu élevés, qui estimaient assez Lula. Et les autres se situaient tous dans le cadre "démocratique" (PSDB, PMDB, etc.).
RépondreSupprimerPour les officiers supérieurs, je n'ai parlé qu'à un général, qui se disait proche du PFL.
La lecture de certaines publications militaires ne laisse guère de doute sur les sentiments, pour ne pas dire opinions, de ces messieurs (des comités de rédaction).
RépondreSupprimerVous les croyez tentés?
RépondreSupprimerPour l'instant non, hormis une toute petite minorité. Mais demain, si les pratiques démocratiques ne s'approfondissent pas, qui sait si les vieux démons ne vont pas se réveiller ? Vous connaissez le refrain : "La bête immonde..."
RépondreSupprimerRemarquez que dans ce cas cela peut arriver en France aussi.
RépondreSupprimerAprès tout, le dernier putsch n'y est survenu qu'il y a 45 ans et il n'a échoué que parce que, en face on avait un type de la stature de de Gaulle.
La démocratie brésilienne est certes fort imparfaite, mais elle n'a que 22 ans.
C'est long à l'échelle d'une vie mais si court à l'échelle de l'histoire... Peut-on demander à quelque pays que ce soit de faire mieux en si peu de temps que des régimes démocratriques "assis" depuis plus de deux siècles?
Quand tous les Brésiliens sauront lire et écrire, auront accès à autre chose que GLOBO, auront le ventre plein et la certitude qu'il le sera aussi dans les jours à venir, que la classe "moyenne vraiment moyenne" (pas celle qui se définit comme telle et qui est éminemment privilégiée) aura voyagé, peu à peu les yeux se dessilleront et le degré d'exigence ira grandissant
Il ne nous reste qu´a attendre que ces verreux fascistes militaires et politicards crévent pour voir la suite, attendons la nouvelle vague um peu plus instruite a fin d´en tirer des conclusions, je pense que le peuple Brézilien refuse catégoriquement un retour d´une dictature militaire ou même civile, mais ne nions pas , les forces ráctionnaires fascistes sont presentes a tout niveau de la société ce qui leurs permet de manipuler e de terrorriser le peuple.La lutte pour la démocratie au Brézil est encore longue.
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