Quand les ondes font des vagues

À peine sorti d’une campagne électorale, Lula en a donc entamé une nouvelle, celle du querido Chávez, sur les terres du lider segundo. Et rien de tel que de partager avec le companhero un peu des difficultés communes auxquelles ils sont confrontés. La presse, par exemple. Lula l’a assuré à Chávez, qui l’a écouté avec attention et a fini par sourire, rien ne lui aura été épargné par la presse brésilienne.

Qu’en est-il ? Selon l’agence indépendante Repórter Social, 53 députés et 27 sénateurs nouvellement élus ou réélus — un tiers d’entre ces derniers — sont les actionnaires principaux, voire les propriétaires d’au moins une télévision ou une radio. Trois partis politiques sont particulièrement concernés, qui regroupent 67% de ces élus : le PMDB, le PFL et le PSDB, dont le candidat Geraldo Alckmin a été battu le 29 octobre au second tour de la présidentielle.

Cela n’entraîne pas nécessairement une opposition à Lula. Parmi ces prescripteurs, figurent notamment Roseana Sarney, qui a soutenu Lula, et son père, l’ancien président de la République, plutôt bien disposé à l’égard du même. Figure aussi l’empêché Collor qui a pris fait et cause pour son ancien adversaire. C’est dire que s’il arrive que les journaux font les opinions publiques, il arrive aussi — le Nordeste en est l’exemple le plus éloquent — que les opinions publiques fassent l’opinion des éditorialistes de la presse.

D’autres conflits d’intérêts, moins visibles et aux conséquences non moins sérieuses, sont en jeu. Douze députés patrons de presse siègent à la commission des sciences et technologies, de la communication et de l’informatique, qui a le pouvoir d’octroyer ou de révoquer les licences d’émission. Le sénateur Wellington Salgado, qui détient 50% du capital du groupe audiovisuel Rede Vitoriosa de Comunicações dans l’État des Minas Gerais, cumule un siège à la sous-commission permanente du cinéma, du théâtre, de la musique et de la communication et un autre à la sous-commission des sciences et technologies…