L’assassinat, hier, de trois Français à Rio a fait la une des journaux en France et au Brésil. En France, parce que ces tragédies, dont sont victimes des expatriés, sont peu fréquentes. Au Brésil, parce que les victimes étaient des étrangers, que le massacre a été d’une sauvagerie que même les policiers brésiliens, dont l’homicide est le pain quotidien, rencontrent rarement, et que le lieu du crime est un quartier dit nobre de Rio, à savoir Copacabana.
Les assassins ont été arrêtés. L’un d’eux, Társio Wilson Ramires, travaillait depuis dix ans pour l’ONG Terr’Ativa. Ancien gamin des rues, il suivait des cours de gestion en faculté. Et détournait l’argent de l’association. Selon Társio, qui a payé 2.000 reais (environ 700 euros) chacun de ses deux comparses, il ne s’agissait que de faire peur aux Français, qui avaient découvert le pot aux roses. On connaît la triste fin.
Un ami brésilien des victimes exprimait, au journaliste qui l’interviewait, son écoeurement et le besoin de se mobiliser pour freiner, sinon inverser, le cycle des violences quotidiennes. Mais sa lassitude en disait long sur le peu d’espoir de voir enfin la société brésilienne commencer à se regarder dans le miroir que lui tendent à longueur de journée les journaux et la télévision.
Bien sûr, cette violence a à voir avec l’extrême inégalité sociale qui règne au Brésil. Mais elle est aussi, et peut-être surtout, le reflet d’une culture foncièrement violente, qui se manifeste dans le comportement quotidien en famille et en société, ou sur la route qui est un autre lieu de massacre. Une culture qui offre en spectacle permanent la violence, quand le Brésilien se voit — et il a plaisir à le répéter à satiété — comme quelqu’un de profondément gentil.
Ce paradoxe trouve une traduction dans la résolution de sa contradiction : une tolérance envers la criminalité qui tend vers l’infini et qui aboutit à une impunité quasi générale, du haut en bas de l’échelle sociale.
On estime qu’un homicide sur dix, environ, est suivi d’une arrestation. Et je rappelle qu’un détenu condamné à trente ans de prison n’effectue, au maximum, qu’un sixième de sa peine.
28 février 2007
5 commentaires:
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J'avoue que pour moi les brésiliens me font l'effet de gens violents.
RépondreSupprimerPourquoi ? sans doute parce que cette misère il l'étale comme du bon pain, s'accordant ainsi le droit de vivre des débordements de soi et le non respect d'un minimun de conventions.
Affreux et pas étonnant ce drame.
ennorab
Oui, enfin tout de même, "les Brésiliens, des gens violents", c'est surtout la société basée sur des rapports de forces encore plus tendus que chez nous, parce que la question de la survie est présente à chaque instant. Moi j'ai des potes brésiliens, je les ai amenés au parc des princes et ils se sont très bien comportés...
RépondreSupprimerOui, et on ne rappellera jamais assez que les Brésiliens sont les premières victimes de la violence, surtout les plus pauvres.
RépondreSupprimerTrois morts à Rio, qui font "évènement" parce que ce sont des Français? Evidemment, je compatis d'autant plus qu'ils étaient là bas au service des gens et pas pour en profiter, mais c'est l'apanage quotidien des gens, là bas. Rien qu'à Belém, des tueries de 3 personnes, il y en a au moins deux par semaine et tout le monde s'en fout...
Le Brésil est incontestablement plus violent que la France, mais guère moins que les USA qui sont autrement riches...
Commentaire sur "le sixième de la peine"... oui à condition d'avoir un avocat qui fait son job. Parce que j'ai connu, moi, des détenus qui en avaient fait l'intégralité; il y a même eu des cas de prisonniers illettrés, déstructurés dans le temps, "oubliés" en prison et qui y croupissaient toujours des années après leur date de libération normale.
Condamnés à 5 ans, ils étaient toujours derrière les murs plus de dix ans après leur incarcération...
Enfin, le système carcéral brésilien est tout simplement le comble de l'abomination, et, sauf pour un caïd hyperprotégé par son statut, un monde fait de terreur quotidienne, de violence, d'esclavage sexuel, de maladies non soignées, de souffrances dues à la malnutrition, la chaleur, le manque d'eau.
Cinq ans dans ces conditions, cela vaut bien 15 ans à la Santé et de toute manière ça ne "redresse" pas un individu: ou ça le tue, ou ça le transforme en fauve
Je ne défends pas les criminels. Je dis que la société n'a nul intérêt à les rendre "pires".
Cela dit, faire admettre à une population qui manque d'écoles, d'hôpitaux, de centres sociaux, etc. qu'il faut dépenser des milliards de réais pour améliorer la condition carcérale, ce n'est pas évident.
Les fusillades à Rio font de nouveaux les gros titres aujourd'hui :(
RépondreSupprimerAssasinat du maire de Nagasaki, tuerie dans une université en Virginie, attentats en tout lieux, 2 jours de violences non stop...
Effectivement, 13 personnes ont été tuées aujourd'hui dans la Zona Norte de Rio lors d'échanges de coups de feu entre policiers et traficants de drogue.
RépondreSupprimerCes bilans ponctuels ne doivent pas occulter que meurent en moyenne chaque jour plus de 100 personnes par arme à feu au Brésil, tous motifs confondus.