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18 mars 2007

Marécages

De toutes les Brésiliennes, une seule est ponctuelle. Et je suis marié avec elle ! Vendredi soir, nous sommes encore arrivés avec une heure d’avance à une fête d’anniversaire. Pour tromper l’attente, nous nous sommes dirigés vers le Triangle des Bermudes. Ce quartier est le lieu de perdition de la jeunesse dorée, et moins dorée, de Vitória.

Rencontrons N. en traversant une rue et l’invitons à boire un verre. N. n’est pas optimiste quant à l’avenir du monde et, moins encore, quant à celui du Brésil. « Ce n’est pas nouveau, se plaint-il, mais les politiques n’ont jamais autant volé qu’aujourd’hui ». Puis, alors que nous observons un embouteillage de 4x4, il se met soudain à rêver tout haut du jour où les rues se rempliront de bicyclettes et de voitures tirées par des chevaux. « Quand j’étais gamin, poursuit-il, ce quartier n’existait pas, c’était des marécages. » C’était il y a soixante ans et son père possédait quelques dizaines d’hectares du rivage.

Un des bons moyens de fêter son anniversaire, quand on a de l’argent, c’est de louer les services d’un cerimonial. Les portes ouvraient donc à 10h30. Nous avons fait traîner un peu notre bière pour ne pas arriver trop tôt. Comme je l’espérais, H. était là malgré un agenda chargé depuis qu’il a été nommé Secrétaire d’État. Les journées de travail, qui commencent à six heures et ne s’achèvent pas, ont l’air de lui réussir, il est rayonnant. H. n’est pas un héros de Lula mais, à l’échelle de l’Espírito Santo, un héros de Paulo Hartung. Je souhaite sincèrement qu’il réussisse. Malgré tout, ce pays le mérite.

Je bois une caipirinha, je danse un peu, je bois une bière, je bavarde un peu. Et puis je finis par ne plus danser, je bois autre chose. J’échange deux mots avec l’un, avec l’autre. Nous regardons nos femmes danser. Elles sont entre de bonnes mains, celles d’homosexuels. C’est pratique de connaître les préférences sexuelles des uns et des autres, cela évite bien des scènes !

Ce matin, je jette un oeil au site du Monde à la recherche du billet hebdomadaire d’Éric le Rouge. Rouge, rapport au sang qu’évoque son patronyme, pas à ses préférences idéologiques, lui qui conchie chaque samedi le socialisme réel. Socialasse, me disait samedi dans un mail J., lassé par le cirque Royal. Au fait, ce serait qui le Monsieur Loyal de la Ségolène ?

Pas d’Éric le Rouge ce matin, mais un bandeau rouge qui annonce l’arrestation de Cesare Battisti en début de matinée dans un hôtel de Copacabana. Je n’ai jamais compris comment des intellectuels français pouvaient se mobiliser pour protéger un assassin. Sur le site de la Folha, impossible de trouver quoi que ce soit sur cette prise. La seule référence à laquelle renvoie le fureteur interne du quotidien est une rue Cesare Battisti, lieu d’une intervention sanglante de la police italienne lors du sommet du G8 s’étant tenu à Gênes en 2001.

Ce soir, nous allons au théâtre. J’ignore à quelle pièce nous allons assister. C’est peut-être mieux ainsi...

1 commentaire:

  1. Sur Battisti, bien d'accord avec vous tout comme la gauche italienne ce qui devrait faire réfléchir

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