Je n’y aurais pas prêté attention si Luiz Felipe ne l’avait pas remarqué : à une semaine du premier tour, il n’y a pas une seule ligne sur l’élection présidentielle française dans le quotidien de référence brésilien, Folha de São Paulo. Il ne faut pas y voir pour autant un désintérêt pour tout ce qui vient de France. Ce même dimanche, les articles en relation avec la production culturelle française y sont légion, à un point qui n’avait pas été atteint depuis longtemps. Comme s’il s’agissait de compenser la médiocrité de la campagne électorale avec la capacité peut-être intacte des intellectuels français à penser le monde.
Qu’on en juge ! Figurent au sommaire l’historienne Madeleine Ferrières qui démontre que l’invention du fast food est française et date du 18ème siècle (une page et demie) ; Laure Adler à propos de sa biographie de Hannah Arendt (deux articles dans deux cahiers différents du journal) ; Jean-François Lyotard vu par Alberto Gualandi ; le dernier film d’André Téchiné avec Michel Blanc dans le rôle principal (une pleine page) ; Roland Barthes pour ses écrits sur le théâtre ; François Dosse, qui signe un recueil d’entretiens avec quelques grands noms du structuralisme ; enfin, la correspondance de Guy Debord...
Cabinet de curiosités
Si la Folha ne s’intéresse guère à la campagne électorale française et moins encore à sa perception au Brésil, il n’en est pas de même de Radio Vatican qui a voulu savoir ce que les Brésiliens en pensaient. Professeur d’histoire contemporaine et doyen de la faculté de sciences humaines de Brasília, Estevão Rezende di Martins donne son avis ici.
16 avril 2007
9 commentaires:
Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus ;
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire" ;
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL ;
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien "S'abonner par e-mail", être assuré d'être avisé en cas d'une réponse ;
4) Cliquer sur Publier enfin.
Et parce que vos commentaires nous intéressent, merci de prendre la peine de nous faire part de vos opinions et de compléter ce billet par vos informations !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
C'est parce qu'en bon réaliste le Brésil ne s'intéresse pas à un détail de la politique interne française... sachant que la politique extérieure de celle-ci a de forte chance d'être la même.
RépondreSupprimerIl m'a d'ailleurs semblé que la politique extérieure a été une des grandes absentes de la campagne électorale, alors que les questions d'identité nationale n'ont cessé d'occuper les esprits. Sans doute le symptôme du repli sur soi d'une certaine France, celle de la majorité des Français, qui ne voit dans le monde extérieur qu'une menace...
RépondreSupprimerCela dit, Francis, c'est un des rares domaines où il y a relatif consensus en France, la politique étrangère.
RépondreSupprimerBon... avons-nous beaucoup parlé de l'élection présidentielle de ce petit pays mineur de 180 millions d'habitant qui a la plus longue frontière terrestre avec la France, et qui se nomme le Brésil?
Je m'en étais "étonné" sur mon propre site à l'époque.
Je serais tenté de dire que c'est "par défaut" qu'il y a en France consensus sur la politique étrangère. J'aimerais, personnellement, que des propositions soient faites pour faire évoluer la politique française vis-à-vis, par exemple, de l'Afrique vers la recherche d'une plus grande efficacité. Mon côté utopiste, peut-être...
RépondreSupprimerAu fait (il n'y a nulle ironie, mais questionnement de ma part): en dehors de la "classa alta", les Brésiliens se préoccupent-t-ils de politique étrangère? Comment réagissent-ils par exemple à l'implication en Haïti?
RépondreSupprimerJe ne circonscrirai pas forcément cet intérêt à la "classe alta", certains de ses représentants étant d'une ignorance crasse en dehors de leur domaine de compétence.
RépondreSupprimerParmi les Brésiliens que je connais et qui appartiennent à toutes les classes sociales, c'est plutôt le degré de participation à différents "mouvements" (partis, syndicats, ONG surtout) ou l'histoire personnelle (migrations, études) qui me semblent déterminer l'intérêt pour le reste du monde.
S'agissant de Haïti, j'ai l'impression - c'est une impression - que l'intérêt est très faible, beaucoup plus par exemple que pour ce qui se passe aux États-Unis (que l'on se plaît à observer pour entretenir la détestation/jalousie traditionnelle) ou au Venezuela... deux pays dont, dans un récent sondage, les Brésiliens renvoient les dirigeants dos à dos.
Remarquez que le Brésil a du souci à se faire sur le plan économique, et devrait s'intéresser à ses puissants voisins: l'inénarrable Léon Bertrand, secrétaire d'état au Tourisme et maire de Saint-Laurent du Maroni veut "développer les partenariats de la Guyane avec le Brésil dans le cadre d'une saine compétition"
RépondreSupprimerComme il se bat depuis des années pour promouvoir la culture de la canne à sucre, vous avez du souci à vous faire devant ce concurrent redoutable...
Inénarrable, en effet !
RépondreSupprimerSi Léon le veut bien, Lula peut lui envoyer des experts de l'Embrapa pour aider la Guyane à développer la culture de la canne à sucre, euh... de l'éthanol ;-)
Vous êtes bien présomptueux!
RépondreSupprimerLe dit Bertrand a demandé une fois "ce que la Guyane pouvait faire pour aider le Brésil"...