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03 avril 2007

Urgence

L’an dernier, je tentais d’apaiser l’impatience de Juliana, qui se destine à l’ingénierie environnementale, en lui faisant remarquer qu’il ne se passe désormais plus un jour sans que les journaux, les radios, les télévisions n’évoquent la problématique qui est l’objet de ses études autant que de ses angoisses.

L’environnement occupe donc aujourd’hui dans les médias la place qu’occupait il y a dix ans l’irruption d’Internet, de ses applications et de des implications pour notre vie quotidienne. La bulle spéculative qui s’en était suivie a vite éclaté, le web s’est banalisé. La soi-disant nouvelle économie a été digérée par la vieille économie.

Parmi toutes les différences entre l’Internet et le défi environnemental, il y en a une qui joue en défaveur du second. Si l’Internet exerce une fascination, celle que suscite tout écran/miroir et qui en dit long sur notre nature narcissique, l’on chercherait en vain un effet de plaisir qui inciterait à prendre en compte dans notre quotidien la préoccupation de notre environnement. Notre conscience des dangers a crû sensiblement, mais nous n’avons en rien commencé à modifier sérieusement notre comportement.

Tenter de freiner le cours apocalyptique des choses, sans même parler de l’inverser, nous imposerait tant de contraintes que nous préférons sans cesse reporter au lendemain les bonnes décisions. La réunion du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), qui se tient actuellement à Bruxelles, va tenter de nous alerter une fois de plus sur le caractère d’urgence de la situation. Cet appel aura-t-il plus d’effet que les précédents ? On peut en douter. La campagne électorale française en cours démontre à l’envi que les populations préfèrent voter pour le mâle ou la femelle dominant plutôt que pour des idées.

Parmi les politiques au pouvoir à travers le monde, les différences de sensibilité n’aident pas non plus à progresser. Le premier ministre belge, Guy Verhofstadt, rappelait, en ouvrant la conférence du GIEC, la nécessité de « prendre des mesures impopulaires ». Mais, de son côté, le premier ministre australien, John Howard, répondait au commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, « de se mêler de ses affaires » au lieu d’exiger de son pays qu’il adhère au protocole de Kyoto.

On le voit, tant sur le plan individuel que collectif, tant sur le plan interne qu’international, rien ne se fera spontanément, en faisant converger les lignes de force du désir comme cela s’est fait pour développer Internet. Nous ne nous sortirons de la mauvaise passe, dans laquelle la planète est engagée, que collectivement et sous la contrainte. Espérons qu’il ne sera pas nécessaire d’attendre la première grande catastrophe humanitaire pour enfin nous décider à accepter de nouvelles règles du jeu. Car, si tel était le cas, sans doute serait-il déjà trop tard.

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