Pages

20 mai 2007

Apatrides

Ils sont trois frères, de mêmes père et mère brésiliens. L’aîné et le benjamin ont la nationalité de leurs parents, le cadet non. Raison de cette anomalie : il n’est pas né au Brésil. Depuis 1994, c’est le droit du sol qui inspire le code de la nationalité brésilien. Comme en France, mais à la sauce tropicale. Ici, le territoire possède une dimension exclusive : si tu ne nais pas sur la terre de la bien aimée mère patrie, tu es étranger, mon fils.

Comme cet enfant, ils sont 200.000 dans ce cas. Apatrides pour la plupart, car dans l’impossibilité d’obtenir la nationalité du lieu de leur naissance, le droit du sang s’appliquant dans de nombreux pays.

Dans un monde prétendûment global, soi-disant réduit à un village planétaire, les absurdités de cet acabit se multiplient. Il ne fait pas bon perdre ses papiers et devoir les renouveler quand la couleur de la peau ou les sonorités du patronyme ne paraissent pas en accord avec le pays dont on est pourtant citoyen. Pour avoir été un témoin direct de ce genre de situations, il m’a semblé que les frontières étaient plus présentes dans les têtes que dans les textes. À cela, la réponse des démagogues vient de prendre la forme, en France, d’un scandaleux ministère de l’identité nationale.

4 commentaires:

  1. Je ne serais pas si scandalisé par ce qui se passe en France. Au Venezuela où la constitution de 1999 nous donnait droit à la double nationalité, il est fort question que Chavez décide de l'éliminer lors de la réforme qu'il nous mijote en secret.

    La raison est toute simple: ses avocaillons auraient realisé que d'eventuels prisoniers politiques a double nationalité pourrait devenir un gros problème dès lors que leur autre pays doive les defendre.

    Ici il ne s'agit plus d'identité nationale mais d'identité chavista. Nous avons tous nos petits problèmes.

    RépondreSupprimer
  2. C'est si joliment et puissamment dit...
    L'OFPRA sera rattache desormais a Horte-feux. Et plus au MAE. Quelle regression...Je ne suis pas linguiste Saussurien ni rien, mais son nom ne me dit rien qui vaille...
    Dans A de Ofpra, c'est apatride qu'on oubliera encore d'avantage...

    RépondreSupprimer
  3. Il y a une aberration dans l'interprétation du "droit du sol" à la sauce brésilienne tel que vous le décrivez (je ne suis pas sûr d'avoir compris): en principe, dans les pays où c'est cette règle qui s'applique (comme la France), un enfant bénéficie à la fois du droit du sang de par la nationalité des parents, et du droit du sol de par son lieu de naissance (avec quelques restrictions: avant c'était automatique, maintenant il faut en faire la demande).

    Est-ce à dire (je prends un cas concret) que si une Brésilienne accouche en Guyane française, qu'elle est reconduite à la frontière ou qu'elle revient dans son pays d'origine avant que son enfant n'ait accumulé les années nécessaires pour prétendre à la nationalité française, celui-ci sera apatride?

    _________________

    Sans faire un long développement qui tendrait à être HS, je dirais que parler d'identité nationale ne me choque pas; la gauche a perdu en grande partie parce qu'elle a nié que le peuple français pouvait aimer les valeurs nationales d'un pays qui, ma fois, avec ses grandeurs et ses petitesses, n'est pas le pire au monde.

    Parler d'immigration non plus a priori (tout dépend ce qu'on en dit, et sur quel ton).

    Ce qui est révoltant, c'est de pratiquer l'amalgame entre les deux concepts. Comme si l'identité nationale ne concernait... que les immigrés.

    RépondreSupprimer
  4. Effectivement, les enfants de parents de nationalité brésilienne ne bénéficient pas du "droit du sang". La presse cite le cas de familles qui bataillent depuis 7 ans pour obtenir pour leurs enfants leur propre nationalité.

    Sur l'identité nationale, je n'ai rien contre le fait qu'un pays mette en avant des valeurs à vocation nationale. Je ne vois en revanche d'intérêt à créer un ministère de ladite identité que dans le camp du nationalisme dans ce qu'il a de plus nauséabond.

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus ;
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire" ;
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL ;
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien "S'abonner par e-mail", être assuré d'être avisé en cas d'une réponse ;
4) Cliquer sur Publier enfin.

Et parce que vos commentaires nous intéressent, merci de prendre la peine de nous faire part de vos opinions et de compléter ce billet par vos informations !

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...