C’est notre photographe. Située au fond d’une petite galerie obscure, sa boutique ne paie pas de mine. Vous rencontrez Shiro derrière le comptoir, occupé à massicoter des photos, ou au plus profond du local, dans son studio.
Chaque fois, Shiro vous rappelle qu’il y a un miroir pour se refaire une beauté avant de poser, assis sur un des tabourets. Il dispose aussi de vestons et de divers autres accessoires, afin de mettre le modèle en conformité avec les rigueurs de la Loi. Et même avec des lois étrangères, puisque Shiro tire le portrait des Allemands et des Français selon leurs normes exotiques.
Shiro prend un soin tout particulier à vous cadrer. Si nécessaire, il viendra ajuster dix fois la ligne de vos épaules, l’inclinaison de votre tête, les plis de votre col de chemise ou de tee-shirt. Il s’efforce ensuite de tirer de vous le sourire du juste, ni trop prononcé pour être honnête, ni trop timide. Sa gentillesse est telle qu’il n’a pas de difficulté à obtenir de vous ce sourire. Puis, quand l’oiseau est sorti, il vous fait vérifier sur l’écran de son appareil que le résultat est à la hauteur de vos espérances de client autant qu’à celle des efforts qu’il a déployés pour vous satisfaire.
Après la défaite du Japon, Shiro et ses parents ont embarqué sur un bateau en direction du Brésil. Les murs des villes japonaises recrutaient par affiches des milliers de petites mains pour cueillir les cerises des caféiers. Les Japonais débarquaient dans le port de Santos et se dispersaient dans l’État de São Paulo.
C’est à l’occasion du mariage d’une amie à Linhares que Shiro a découvert Vitória. La ville lui a plu, il y est resté. Les débuts ont été difficiles, mais la clientèle s’est agrandie avec patience. Le bouche à oreille a fait office de marketing. La fidélité des clients a fait le reste.
Le 18 juin, la communauté japonaise fêtera les 99 ans de l’arrivée au Brésil du premier bateau chargé d’immigrants.
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Foto Japan, rue Padre Antônio Ribeiro Pinto 156, Praia do Suá, à Vitória. La photo de Shiro Irie a été prise par son gendre. Merci à eux.
16 juin 2007
5 commentaires:
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Bonjour Francis,
RépondreSupprimerChaque personne porte une histoire. Si seulement nous nous attardions un peu plus pour les écouter.
C'est vrai, Loula. J'en profite pour signaler que le portrait de Shiro sera le premier d'une série de portraits brésiliens. Et, je l'espère, d'une longue série.
RépondreSupprimerlongue vie a cette serie, entonces!
RépondreSupprimerc'est peut etre ce que chaun d'entre nous recherche sur ces petits bouts de blogs...des liens entre la petite histoire, et la grande.
l'humanoide est decidemment une tres belle espece.
Patxi
Bonjour Francis,
RépondreSupprimerJe me joins à Patxi pour proclamer que c'est là une idée merveilleuse.
idée que je plagierai de façon éhontée, si je me relance dans l'aventure bloguesque
RépondreSupprimerIl y a également beaucoup de Japonais à Belém, mais cette communauté ne semble pas se fondre dans la masse: elle demeure bien soudée, à part, elle parle souvent sa langue, se reçoit entre elle, etc.
Dans le nord, les Japonais font surtout dans la restauration.