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23 octobre 2007

Au théâtre et chez le coiffeur

J’ai changé de coiffeur. Non pas que je n’étais pas satisfait des coupes du précédent, mais sa conversation commençait à me lasser et sa shampouineuse finissait par m’agacer à vouloir absolument, contre mon avis et tout contre moi, me laver trois fois la tête, me masser le cuir chevelu de longues minutes et me poser des questions de plus en plus indiscrètes.

Le nouveau s’appelle Cosme. Je ne sais pas s’il sera longtemps mon coiffeur car il semble décidé à émigrer en Angleterre. Un cousin à lui y est déjà installé, ce qui devrait faciliter les choses. Une demande de visa lui a certes été refusée, mais c’est un détail auquel il ne souhaite pas accorder d’inutiles réflexions.

Comme beaucoup de Capixabas et, plus généralement, de Brésiliens, l’épouse de Cosme a obtenu un passeport italien. Il était temps, car le gouvernement de Romano Prodi envisage de rendre plus difficile l’obtention de la nationalité. Malgré tout, Cosme n’est pas attiré par l’Italie.

Cosme a commencé à enseigner à sa fille les rudiments d’anglais qu’il possède. À cinq ans, c’est déjà un petit bout de femme, qui sait obtenir de son père ce qu’elle veut. Et ce qu’elle veut en tout premier lieu, c’est aller à l’école en Angleterre.

Souvent, je me demande si les fourmis ont une âme. C’est une question qui me turlupine depuis longtemps. Si la réponse est positive, ça fourmille au Paradis d’âmes ouvrières et sans nul doute bonnes.

Nelson Rodrigues, dont nous avons vu deux pièces au paradis du festival de théâtre de Vitória, ne se posait pas ce genre de questions naïves. Il faut dire qu’il avait été salement déniaisé le jour où une méchante femme avait plombé par erreur l’estomac de son frère, prenant celui-ci pour celui-là. Tout ça parce que leur paternel, directeur de journal, avait annoncé sur cinq colonnes à la une le divorce de la dame.

Comme un critique lui reprochait ses obsessions, Nelson avait répondu un jour : « Le sexe et la violence, c’est pas moi qui les ai inventés. »

J’ai moins apprécié l’interprétation de La découverte des Amériques par Julio Adrião. Cette pièce ne me semble pas la meilleure de Dario Fo. Moquer l’enseignement du catéchisme aux Indiens est assez facile et n’apporte rien. Et puis, avouons-le, elle m’a fait cruellement sentir que j’étais encore loin de maîtriser la langue brésilienne et la gestuelle qui l’accompagne. Au lieu de rire, j’ai fini par m’endormir en méditant sur mon âme immorale.

Elle aussi seule sur scène, Clarice Niskier nous a livré son Alma imoral, adaptation bouddhique plutôt que bouddhiste du livre du rabbin Nilton Bonder. Nulle réponse aux questions métaphysiques, impossible de décider si les fourmis ont une âme, mais ce spectacle qui n’en est pas un, cette méditation qui met la pensée et le corps à nu, littéralement, resteront longtemps nous hanter.

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