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12 novembre 2007

Ban Ki-moon au Brésil

La première visite de Ban Ki-moon au Brésil, commencée dimanche, a pour objet le désordre climatique, comme l’on dit en Suisse, et/ou le réchauffement global, comme on dit ailleurs. Même s’il nous paraît que les politiques ne vont pas assez vite en matière de lutte contre l’accumulation accélérée des gaz à effet de serre, force est de reconnaître que nous n’aurions pas imaginé, ne serait-ce qu’il y a deux ans, qu’un secrétaire des Nations unies consacrerait quasi-intégralement un premier voyage au Brésil à cette forme nouvelle de guerre.

En suivant la chaîne de production de l’éthanol, des champs de canne aux usines, Ban Ki-moon avait aussi pour objectif de (re)mettre les points sur quelques « i », à savoir qu’il convient d’encourager le développement de cette filière plutôt que de céder face à la coalition de ses détracteurs, qui associe curieusement des pétroliers, des anticapitalistes et des écologistes.

Tempéré par les préoccupations sociales et environnementales, l’optimisme raisonné de Ban Ki-moon contraste notamment avec le pessimisme aveugle du Genevois Jean Ziegler, mandaté par les Nations unies pour faire le bilan sur le front de la lutte contre la faim, un Jean Ziegler certes bien intentionné, mais que son haut sentiment de culpabilité, nourri au sein de l’Église calviniste, égare dans les bras accueillants d’un Castro et d’un Chávez, au point d’exiger un moratoire de cinq ans pour la production des biocarburants.

Il ne s’agit pas de choisir entre lutter contre la faim et lutter contre la prolifération des gaz à effet de serre, il s’agit de faire l’un et l’autre en bonne intelligence. Voilà ce que veut dire Ban Ki-moon à l’ensemble des gouvernements de la planète, en choisissant le Brésil, peut-être l’unique pays qui progresse sur les deux tableaux.

Le modèle brésilien n’est certes pas reproductible partout. Toutes les latitudes ne permettent pas la culture de la canne à sucre, du moins aujourd’hui ! Mais d’autres biocarburants existent, qui sortiront des laboratoires et permettront de mettre fin à l’absurde transformation de maïs étatsunien en alcool. Tous les pays ne disposent pas nécessairement de territoires suffisants pour concilier production d’aliments et d’énergie, mais pas plus qu’aujourd’hui il ne leur sera interdit d’importer.

Réussir pareil programme impose un renforcement de la gouvernance mondiale, seul moyen de contenir les dérives et de maintenir les équilibres, ainsi que de parvenir à imposer à tous un ordre de priorité dans l’utilisation des surfaces agricoles au profit de l’alimentation, d’une part, de même qu’entre les différentes sources d’énergie, d’autre part.

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Sur la question de la gouvernance mondiale et la protection de l’environnement, François Bourguignon, ancien vice-président de la Banque mondiale et actuel directeur de l’École d’économie de Paris, livre ce même jour quelques clés dans une interview au quotidien Le Monde.

13 commentaires:

  1. "un Jean Ziegler certes bien intentionné, mais que son haut sentiment de culpabilité, nourri au sein de l’Église calviniste, égare dans les bras accueillants d’un Castro et d’un Chávez, au point d’exiger un moratoire de cinq ans pour la production des biocarburants."

    J'avoue douter du sentiment de culpabilité de Ziegler. Et même de ses bonnes intentions. Je le respecte totalement, c'est un vrai personnage... simplement je ne suis pas sur de sa bonne foi.

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  2. Il est vrai que mon analyse de la psychologie de Jean Ziegler relève plus de la psychanalyse de comptoir que de divan !

    Cependant, il ne me semble pas me tromper beaucoup en soulignant cette forme de culpabilité, assez courante, s'agissant en l'espèce d'un citoyen originaire du même pays que l'empire Nestlé.

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  3. Certes il est suisse, et il l'a beaucoup critiquée (voir les livres "la Suisse lave plus blanc" ou la Suisse au dessus de tout soupçon"

    Il est très critique avec le Nord et son fonctionnement, partisan de la théorie d'interdépendance entre les élite du nord et du sud ...
    (j'ai eu de cour de socio avec lui à l'uni de Genève à l'époque où il était encore prof)...
    Mais là où je veux dire que c'est pas forcément de la culpabilité est qu'il a un passé de militant très fort.. il aurait soi-disant voulu entrer dans les guérillas sudaméricaine pendant la belle époque.
    On lui aurait répondu qu'il était plus utile à la défendre depuis l'Europe... ce qu'il a fait avec brio pendant longtemps... Mais contrairement à d'autre (surtout dans les cercles de gauche genevois) il a su rebondir après la fin de la guerre froide et défendre un idéal plus institutionnel. Défendant le rôle de l'ONU, travaillant beaucoup pour des thème de coopération Nord-sud et sud-sud. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je le respecte beaucoup.

    Mais malgré tout il conserve une vision très "lutte des classes" ce qui se respecte tout à fait, mais ce qui me fait dire qu'il ne culpabilise pas tellement, simplement qu'il est suffisant intelligent pour utiliser les termes qu'il veut pour aller dans le sens où il veut!

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  4. Tonio, je suis assez d'accord avec ton analyse d'un Ziegler ex-militant d'extrême-gauche, mais l'on ne devient pas militant d'extrême-gauche (ou d'ailleurs) par hasard.

    Or, il y a bien une part de culpabilité dans le déterminisme social en jeu dans le choix de devenir militant. Et, je me retiens, je n'irai pas jusqu'à parler de "haine de soi". Quoique...

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  5. Pour être de gauche il faut culpabiliser???

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  6. C'est un bon sujet de philo pour le bac. Même si ce n'est pas de saison ;-)

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  7. Moi je dirais non... peut être la vieille gauche, mais la nouvelle gauche (vachement plus à droite) ... ou du centre; je ne crois pas que la culpabilité soit un élément fondateur.

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  8. Je profite de cet échange avec Tonio pour signaler aux lecteurs intéressés par le lien entre culpabilité et engagement politique qu'ils trouveront matière à réflexion en consultant le site des Cahiers de psychologie politique.

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  9. Merci pour le lien, intéressant.

    En parlant de Ziegler... une vidéo chez Patrick.
    http://blog.argentine-news.com/lor-vert-donne-faim-3389.htm

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  10. Les biocarburants sont une bonne chose quand ils ne privent pas les habitants des régions qui les cultivent de nourriture. Je serais d'accord avec Ban Ki Moon s'il ajoutait qu'il faut que les cultures de maïs ou de canne à sucre des régions pauvres ne soient pas exclusivement réservées à la production de biocarburants.

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  11. @tom : je crois que Ban Ki-moon est sur la ligne que tu défends. Ce n'est, en revanche, pas forcément le souci des entreprises de l'agro-business, ni même de plus petits producteurs.

    Pour ce qui concerne le Brésil, je rappelle que les surfaces de canne à sucre destinées à la production ne représentent aujourd'hui qu'environ 3,5 millions d'hectares (sur un territoire de 860 millions d'ha).

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  12. De toute manière, on n'échappera pas à la nécessité de FAIRE DES ECONOMIES D ENERGIE. après avoir été un inconditionnel des bio-carburants j'avoue que je tempère mon enthousiasme depuis que je me suis documenté sur la question.

    Il est clair qu'en France le lobby des gros céréaliers voit venir l'effet d'aubaine, alors même que le bilan énergétique global, chez nous, serait nul ou à peu près (faute de place, on doit faire des cultures intensives, contrairement au Brésil... d'où emploi massif d'engrais dont la production est très énergétivore)

    En outre, la recolonisation des 10% de jachère annulera les quelques maigres acquis constatés sur le maintien de la bio-diversité.

    En conséquence il faut avant tout limiter au moins la progression des dépenses en énergie - à défaut de la réduire. Cet effort doit évidemment s'effectuer dans les pays gaspilleurs avant tout.

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  13. "Tempéré par les préoccupations sociales".

    Le Brésil est ce qu'il est, lent, indolent, plein de contradiction

    Sa croissance lié a l'agro business se fait au depend de sa propre population non pas en terme de Energie versus Alimentation...

    Pas un mois, une quinzaine ou une semaine sans que la presse ne lache un papier sur la decouverte par les autorités brésiliennes des pitoyables conditions de travail des coupeurs de canne.

    l'esclavagisme existe encore au Brésil, et la canne et ses produits derivés alimentaires ou energetiques ont semble t il relancé le processus.

    Un aspect rarement evoqué par la presse lorsqu'elle couvre les déplacements du commis voyageur Lula visant a positionner le Brésil comme un futur grand fournisseur energetique et alimentaire.

    Le Brésil a de multiples facettes et contradictions

    une d'entre elles c'est l'opposition entre l'image que se donne le Brésil au yeux du monde et la realité intérieure.

    Un autre exemple
    Brésil grand exportateur de viande
    A l'export la marchandise fait l'objet de controle (imposé par les pays importateurs - UE notamment)
    Sur le marché intérieur brésilien, peu ou pas de controle, plus de 50 % du cheptel est clandestin et les conditions d'abattage ressemblent a s'y meprendre a celle connues en France dans les années 30-50

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