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12 novembre 2007

Question / Réponse : Un troisième mandat pour Lula ?

Question de Tonio : J'ai lu ce week-end que le parti de Lula avait eu la volonté de modifier la Constitution pour que celui-ci puisse se représenter à la présidence. L'info disait que celui-ci aurait dit qu'il ne voulait pas du tout et que le Brésil n'était pas le Venezuela, qu'on ne jouait pas comme ça avec la démocratie.

Le truc c'est que je n'ai pas pu confirmer de tels dires... Je ne lis pas le portugais et je n'ai rien trouvé de tel dans la presse internationale. Pourrais-tu me le confirmer?

Ma réponse : Effectivement, ce débat de la modification de la Constitution dans ce sens est relayé par la presse brésilienne. Il n'est d'ailleurs pas tout à fait nouveau et tient, entre autres, au fait que l'on ne voit guère qui pourrait représenter le PT aux prochaines présidentielles (2010), sinon Lula lui-même. Le changement de Constitution actuellement en débat au Venezuela n'est peut-être pas étranger au regain d'intérêt, sinon de fièvre, pour cette question, au Brésil.

Le premier intéressé dément chaque fois, laissant même entendre qu'il pourrait soutenir un candidat d'un autre parti gouvernemental (le PMDB, plus particulièrement) mais il lui est arrivé d'être relativement ambigu. De ce fait, en lançant des rumeurs, chaque état-major de parti tente régulièrement de sonder ses véritables intentions, afin de définir sa propre stratégie.

Au sein même du PT, la question est bien évidemment primordiale, puisque personne ne se déclarera tant qu'il sera clairement acquis que Lula ne se représentera pas.

Pour le PSDB, qui possède trois présidentiables (José Serra, Aecio Neves et, même si je n'y crois guère, Geraldo Alckmin, défait par Lula il y a un an), la stratégie à suivre et même le choix du candidat dépendent fortement de la présence ou non de Lula à la prochaine élection.

Pour le PMDB, qui appartient à la coalition gouvernementale et qui n'a pas présenté de candidat en 2006, l'absence de Lula serait l'occasion de placer sur la liste des candidats quelqu'un du parti avec de fortes chances d'être élu, à la condition d'obtenir le soutien de Lula, contre le candidat du PT, ce qui bien que surréaliste (du moins, vu par des yeux européens) ne m'apparaît pas impossible.

Les autres partis sont, à l'heure où j'écris ces lignes, hors course. Cela ne les empêche pas forcément de lancer, eux aussi, des sondes.

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Si vous aussi, comme Tonio, avez des questions sur le Brésil qui vous brûlent les lèvres ou les doigts, n’hésitez pas à me les transmettre. Je tenterai, dans la mesure du possible, de vous répondre.

9 commentaires:

  1. Moi ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment moult personnes présentent la possibilité de "passer à la dictature" en permettant par une révision constitutionnelle faite en respectant parfaitement les formes de présenter une troisième candidature (il s'agit évidemment de respecter les formes constitutionnelles et de se présenter ensuite dans un cadre pluraliste).

    Après tout en France un candidat peut se représenter autant de fois qu'il le veut, de même qu'en grande Bretagne, en Allemagne, en Italie, etc. Et ce ne sont pas des dictatures (enfin, pas encore!)

    Alors que l'on dise que c'est inopportun, d'accord. Que l'on ne soit pas en faveur de cette mesure, soit (moi, je crois que deux mandats de quatre ans, c'est peu puisqu'on en consacre la moitié à se faire réélire après avoir pris ses fonctions: un seul de sept ou deux de cinq seraient mieux)

    Mais qu'on ne hurle pas au "coup d'état".

    La vérité c'est que dans cette hypothèse et pour ce qui concerne le Brésil, Lula aurait toutes les chances d'être réélu malgré l'oppositioon de la majorité des médias(du moins pour le moment, ça peut changer) et que ses opposants minoritaires ne supportent pas cette idée.

    Je serais brésilien et compte tenu de ce que je pense, je souhaiterais un mandat de sept ou huit ans non renouvelable avec le parlement renouvelé au milieu de ce mandat et d'une manière telle (proportionnelle avec prime majoritaire) que toutes les tendances ou peu s'en faut soient représentées, mais en dégageant une majorité permettant de travailler sans corrompre et sans négociations interminables

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  2. Benjamin, je crains que le nombre de mandats, leurs durées, et même les lois électorales des pays d'Amérique latine ne soient que des détails en regard de l'esprit dans lequel s'exerce la démocratie.

    Et puisque vous évoquez, en fin de commentaire, la corruption, vous connaissez aussi bien que moi la profondeur du mal. Et, personnellement, je ne vois guère comment sortir de cette forme de "culture politique". Même une révolution à Cuba n'y a pas réussi.

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  3. D'accord. Mais on associe souvent "corruption" et "Lula" comme si avant ça n'existait pas et comme si ça disparaîtra après. Collor n'est qu'une vue de l'esprit...

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  4. Francis: Lula fait l air d être ambigu mais je suis sûre qu il veut un troisieme mandat. Il doit penser: si Chavez peut s eternizer au pouvoir, pourquoi pas moi?
    Benjamin: la corruption n a pas une création du Lula. Mais elle est plus grave parce que son parti, le PT, se disait incorruptible. Une grande mensonge!
    bises

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  5. maristela, nous avons eu la même chose en france quand le PS est arrivé au pouvoir, et est devenu le "parti des "Safrane"*** en une décennie. Pour se faire corrompre il faut avoir quelque chose à offrir en échange et quand on est dans l'opposition on n'a rien à offrir puisqu'on ne détient pas le pouvoir...

    Que je sache, les autres partis ne se déclaraient pas non plus ouvertement coirrompus...

    Je ne veux pas faire du PT un rassemblement d'angelots: j'ai moi même décelé chez ses militants, quand ils "tenaient" Belém, une part de clientélisme effrénée qui me choquait. je veux simplement dire que si le système parlementaire brésilien permettait à l'exécutif d'avoir une majorité de gouvernement stable, il ne serait pas obligé de "négocier".

    Et que si le PT a "acheté" des soutiens, c'est bien qu'il y a eu des gens pour "recevoir" l'argent versé.

    Pour en revenir au troisième mandat, je persiste et signe: si l'autorisation est donnée à Lula à la suite d'une procédure de révision constitutionnelle pas biaisée, s'il se présente et s'il est réélu (malgré l'opposition des médias, qui ne lui font pas de cadeaux) cela ne ferait pas du Brésil une dictature. chez nous Sarkozy peut se présenter autant de fois qu'il le veut, et pour cinq ans à chaque fois.

    maintenant, mon avis personnel est que pour quelque pays que ce soit, deux mandats suffisent, mais d'une durée plus longue. Ou un seul de sept ans par exemple, pour donner au président le temps de travailler sans être en post campagne, ou en pré campagne

    ______________

    *** Safrane: la plus belle voiture française de l'époque

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  6. Ah! Et quand on parle de démocratie liée à une révision constitutionnelle.

    Chez nous en France, le peuple s'est prononcé à 60% contre le TCE. On nous le rebalance deux ans après, à peine modifié, et cette fois sans référendum. C'est démocratique, cela?

    les Danois envisagent d'intégrer la zone Euro (les masos!). On va leur poser la question par référendum, parce qu'ils l'avaient refusé auparavant par cette voie...

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  7. Si 60% des Français ont voté contre le TCE, combien d'entre eux ont changé d'avis depuis ? Nicolas Sarkozy a recueilli 53% des voix au second tour, sans cacher qu'il était favorable à la négociation d'un traité simplifié, sans cahcer non plus que celui-ci ne serait pas soumis à référendum. Des girouettes, ces électeurs ? Ou, plus probablement, une grande part peu concernée par l'Europe, qui s'était défoulée lors du référendum pour marquer leur désavoeu de Jacques Chirac.

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  8. Cher "anonyme", le fait d'être élu et bien élu (nul ne conteste cela) ne donne pas le droit de gouverner de manière autocratique. J'imagine ce qu'on dirait au Brésil si Lula, fort de ses 60%, faisait tout ce qu'il veut, rien que ce qu'il veut.

    Les électeurs ont bien entendu le droit de changer d'avis, sur l'Europe comme sur tout autre sujet (et heureusement, sinon où serait l'alternance démocratique?). mais quand la souveraineté populaire s'est exprimée en "assemblée générale" par référendum, seule cette manière de faire est compatible moralement, quand on repose la question.

    Cela montre le côté "petit bras" de Sarkozy. Rouleur de mécaniques, mais pas téméraire quand il s'agit de poser de bonnes questions. Il faut dire qu'avec l'opposition institutionnelle qu'il a en face de lui il aurait tort de se gêner

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