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06 octobre 2008

Des cocktails très personnels

C’est un bâtiment qui ne déparerait pas sur le parvis de La Défense, une architecture qui non seulement en impose mais cherche à en mettre plein la vue. C’est le nouveau siège du Tribunal régional électoral de Vitória. C’est là qu’hier soir étaient divulgués sur grand écran les résultats des élections municipales des communes du Grand Vitória.

Une petite foule est là, armée majoritairement des drapeaux rouges frappés de l’étoile jaune du PT. Ce sont les parents, les militants, les amis, parfois les soutiers des candidats aux postes de vereador (l’équivalent des conseillers municipaux, pour faire bref). Il y a là tous les âges, et bien plus de jeunes que ne le laisserait penser la désaffection de cette classe d’âge pour la chose politique. Mais peut-on parler de politique ?

L’Espírito Santo a sans doute battu un record hier : celui du maire d’une ville le plus largement élu. Et je ne parle pas d’une petite ville, mais de Serra dont l’électorat dépasse les 200.000 inscrits. Sérgio Vidigal a réussi la prouesse de rassembler plus de 94% des voix.

Pour ne parler que des communes du Grand Vitória de plus de 300.000 habitants, sans surprise, João Coser s’est fait réélire (65% ) dans la capitale, Helder Salomão (70%) à Cariacica, et donc Vidigal élire (94%) à Serra. Seule Vila Velha, la plus peuplée, connaîtra un second tour le 26 octobre.

Pourquoi de tels scores ? Si tu croyais que la politique est au Brésil une affaire de partis, au sens où on l’entend en Europe ou au Canada, tu te doutes bien, lecteur qui viens de tomber par hasard sur ces chiffres, qu’il n’en est rien. À Serra, Sérgio Vidigal était soutenu par la quasi totalité des « partis ». De la même façon, à Vitória et Cariacica, les maires, qui ont été réélus, étaient à la tête de très très larges coalitions.

Et pour que tu comprennes bien, lecteur égaré sur nos rivages, saches qu’il en est de même de chaque candidat vereador, la grande majorité d’entre eux étant soutenue par un cocktail au goût très personnel de groupuscules, autant de cocktails que de candidats ou presque, tant le nombre de combinaisons possibles est élevé.

Et dire, lecteur habitué à parcourir les colonnes et les écrans des médias européens ou canadiens, qu’il y a des journalistes qui tentent très sérieusement de faire une analyse des forces en présence, exactement comme s’il s’agissait de commenter, par exemple, les élections françaises ! Ils auraient d’ailleurs tort de faire autrement, leurs patrons ne sont pas très exigeants.

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Des supporteurs de João Coser défilant la veille du scrutin (Photo : Jonas Detarsis)

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