Tem um Brasil que é próspero
Outro não muda
Um Brasil que investe
Outro que suga...
Um de sunga
Outro de gravata
Tem um que faz amor
E tem o outro que mata
Brasil do ouro
Brasil da prata
Brasil do balacochê
Da mulata...
Il y a un an ou deux, Renato, chanteur du groupe Casaca qui jouait en première partie de Jorge Ben Jor sur la plage de Camburi, s’était plaint que, entre les musiciens locaux condamnés aux seconds rôles, Casaca était en plus victime du favoritisme dont auraient bénéficié, de la part des pouvoirs publics, des rivaux comme Mahnimal. Les cris des fans de Casaca avaient redoublé, le set s’était achevé avec la rage au ventre.
Hier soir, 20 musiciens de différents groupes capixabas étaient ensemble sur scène, issus de Casaca, de l’ex-rival Mahnimal, de Símios, des percussionnistes de Jucutuquara, pour une autre première partie, d’un autre Jorge, Seu Jorge. Les choses avancent donc. D’autant que, sous le nom de Bloco Bleque, ils s’attaquent désormais à la scène nationale. Ironie de l’histoire, Bloco Bleque s’est même fendu hier soir d’un Fio Maravilha, de Jorge Ben — en 1972, année de la composition de cet hymne au football, il n’avait pas encore changé de nom —, un Fio Maravilha mouliné sur un tempo accéléré, non pas pour expédier le truc comme un mauvais moment à passer, mais en y jetant corps et âme, comme si leur survie en dépendait.
Je buvais du petit lait, en vérité une canette de bière, en me rappelant une conversation backstage avec Jorge Ben Jor. Il y a une putain d’éternité, un DJ de Lille enchaînait Fio Maravilha, Satisfaction des Stones et Gloria de Them, une suite d’enfer qui n’était alors pas évidente. Le second pays qui lui faisait l’honneur d’un fan club était la France, le président un restaurateur de la rue du Four à Paris. Une rue que je connaissais bien, mais que j’évitais par une sorte de superstition imbécile.
Il est minuit quand Seu Jorge se présente sur la scène du ginásio Álvares Cabral. Dès le début, ça tourne mal. La régie ne retrouve pas ses marques, ça larsène et ça chie des bulles de silence. Seu Jorge a beau disposer de l’un des plus beaux organes du Brésil, le plus impressionnant qui soit apparu depuis, disons, Milton Nascimento, il a du mal à imposer sa présence. Normal, me fera-t-on remarquer, Seu Jorge est complètement parti, ayant un peu abusé des stimulants censés le délivrer du trac. En attendant une improbable éclaircie, je m’intéresse à un farfadet manieur d’harmonica et de violon. Ses phrases me renvoient en deux coups d’archet et trois mouvements du coude 40 ans en arrière. Amigo Farfadet, où as-tu appris à jouer comme ça ? Well, ce blanc-bec a écouté et réécouté le Snafu de East of Eden, un disque et un groupe tombés depuis longtemps aux oubliettes, que je suggère à Mister Salsa de ressortir de l’oubli sur son rocky blog.
Chatterton, suicidou
Marc-Antoine, suicidou
Van Gogh, suicidou
Schumann, enloqueceu
E eu puta que pariu não vou nada bem...
Lors de la reprise du Chatterton de Serge Gainsbourg, les cafouillages s’accumulent, les spectateurs sont perdus. Et Seu Jorge : « Putain de ma mère, je vais vraiment pas bien »...
Problème, les spectateurs sont venus pour une voix, un organe hors du commun et, sur ce registre, il y a comme du flottement, l’organe n’est pas mis en valeur comme il conviendrait, trop d’électricité tuant le pouvoir d’envoûtement qu’avait su rendre, par exemple, le concert intimiste enregistré avec Ana Carolina.
Arrive un moment où Seu Jorge laisse la place à trois joueurs de tambourin, le temps pour lui de refaire le plein. Le public n’en peut plus, siffle, crie son exaspération, éructe son envie de les envoyer en enfer sans autre forme de procès. Et puis le miracle se produit. Seu Jorge revient seul, avec sa guitare, et nous gratifie enfin de deux ou trois chansons magnifiques, celles que nous connaissons, que nous aimons, que nous pouvons reprendre en chœur. Mais la communion est de courte durée, les musiciens reviennent et les choses se gâtent à nouveau.
Il y aura, malgré tout, un rappel, la reprise de Carolina, une chanson écrite pour une toute autre circonstance, et qui ne servira qu’à mettre en valeur les musiciens invités à faire étalage de leur talent en enchaînant les solos.
À la fin du concert, l’organisateur ne cache pas sa déception. Je doute qu’il réinvite un jour Seu Jorge à Vitória.
Deux heures et demie du matin, il faut trouver un taxi, un taxi de Vitória, pas un cachorro doido. Et se mettre d’accord sur le tarif.
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