« C'est mon idée, peut-être ridicule. Je pense que Dieu est totalement indifférent aux humains. La beauté de l'être humain, c'est d'avoir voulu lutter contre cette indifférence, en luttant contre Dieu — ce que j'appelle Dieu, c'est-à-dire le maître de la vie et de la mort. Ce que je retiens du christianisme est la lutte du Christ contre Dieu — il perd, parce qu'il ne peut que perdre, et meurt sur la croix. Sa lutte est sans espoir, et il ne peut pas ne pas se dresser néanmoins contre Dieu. Être humain, c'est cette bataille avec le destin qui, à la fin, évidemment, nous a.
En art, cela donne Giacometti, qui est l'un de mes artistes essentiels. Tous les jours, il entreprenait le portrait de sa femme ou de son frère, il le ratait, et chaque lendemain recommençait. » Ainsi parle Christian Boltansky lors d’un entretien accordé à Philippe Dagen pour Le Monde en ligne.
Nous ne sommes pas Giacometti, ni toi, lecteur, ni moi. Mais, tous les jours, nous remettons sur le métier... Tous les jours nous ratons ce que nous entreprenons. Nul n’échappe à la malédiction.
Quelques centaines de billets sur le Brésil. Autour du Brésil. Loin du Brésil. Et je n’ai rien dit du Brésil. Pourquoi continuer ? Qu’est-ce que c’est que cette force qui me pousse à poursuivre l’écriture de ce blog ? Qu’est-ce que c’est que cette force qui te pousse, lecteur, à venir lire ici ?
Je conçois que Boltansky puisse croire que Dieu est totalement indifférent aux humains. Je sais que nous ne sommes capables de percevoir que quatre dimensions de l’univers dans lequel nous existons. Et même de ne les percevoir que très imparfaitement. Que faire alors que nous ne sommes pas dotés des instruments qui nous permettraient de percevoir d’autres plans de la construction qui est celle dans laquelle nous évoluons ?
Que faire ? Entreprendre le portrait de sa femme ou de son frère. Entreprendre l’écriture de billets pour ce blog. Entreprendre de prendre en photo des lieux, des personnes, des événements rencontrés en chemin. Entreprendre de répéter le répertoire de Pixinguinha. Revenir à Budapest. À Berlin. À Vitória.
02 août 2009
2 commentaires:
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Astucieux, votre billet.
RépondreSupprimerFaire et en faisant se faire, voilà ce qui pousse chacun d'entre nous à continuer parce que jamais nous ne serons complètement "polis" et il faut continuer jour après jour...
bien écrit ! bravo.
RépondreSupprimerbf