C’est en marchant, on le sait, que remontent les souvenirs les plus inattendus. Une brise légère soufflait ce matin, j’allais d’un pas allègre quand a réapparu un zig que je n’ai rencontré qu’une fois dans ma vie, le temps d’un voyage en voiture. Réapparu est un bien grand mot, je ne saurais décrire son visage. Il avait la quarantaine, les cheveux longs, et c’était à peu près tout...
Après avoir passé 20 ans en Australie, il était revenu dans sa région d’origine pour y régler quelques comptes et retrouver quelques vieilles connaissances, en particulier le poteau qui faisait le le voyage avec nous. Nous étions au début des années 70. Une époque où la distance avait encore un sens, si bien que les rares nouvelles qu’il avait du pays natal ne lui parvenaient pour l’essentiel qu'à travers les journaux français abandonnés dans le hall d’accueil de l’Alliance française de Melbourne où il enseignait.
Aujourd’hui, on ne perd pas un avis nécrologique : Mano Solo, Lhasa, Rohmer, Daniel Bensaïd...
Chacun de ces noms serait une porte d’entrée à un moment de ma vie, parfois rien qu’un instant, mais suffisamment fort pour avoir laissé une empreinte.
Mais venons en au troisième personnage qui était installé dans ma 4L où régnait une chaude ambiance d’australopithèques en vadrouille. C’était un drôle de gazier, un écrivain qui aimait se draper de l’habit du poète maudit, un personnage douteux tout autant que fascinant, à qui je devais d’avoir compris quelques petites choses.
Je ne le savais pas encore ce jour-là, lui non plus d'ailleurs, mais sa trajectoire allait rebondir de manière on ne peut plus inattendue. Bref, le destin, pour une fois généreux, s’apprêtait à le combler. Un comble, si j’ose dire, pour quelqu’un qui se voyait en exclus de la société. Imaginez, pour vous donner une idée, le mariage entre un chômeur de très longue durée et la fille d’un magnat de l’industrie. De cet incroyable retournement de situation, j’avais retenu que la vie était d’abord et avant tout, quoiqu’en disaient les moralistes, un foutu casino de première.
Et, tandis que je finissais ma marche, je me disais qu’il serait préférable de choisir le futur président du Brésil par tirage au sort. Une façon sans doute plus démocratique que les élections pièges à con qui sont programmées pour 2010.
13 janvier 2010
3 commentaires:
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beau texte ! que de beaux noms aussi, qui viennent de disparaître !
RépondreSupprimerBF
10h07, samedi 16/01/201
Le Brésil n'est pas une table de jeux et encore moins le fait du hazard. Si il est obligatoire de voter dans ce pays c'est justement pour que l'election présidentielle ne soit pas une gageure comme dans la vieille Europe ayant perdue ses repères. Ne transposez pas au Brésil votre vision pas catholique du tout. Ayez la foi et soyez comme les brèsiliens optimiste en parlant de l'avenir de ce pays! merci monsieur' á vous lire on aurait tendance á croire que le vote démocratique ne vaut rien et l'accés á la présidence serait le fruit du hazard. Non c'est le désir de changement et le peuple brésilien qui mené Lula au pouvoir. Alessandra - Niteroi
RépondreSupprimer@ Alessandra : soit dit en marchant, choisir nos élus par tirage au sort ne vaut pas que pour le Brésil. Hormis la Suisse, je ne vois que des pays où les valeurs démocratiques s'affaiblissent. Et puis les Grecs de l'Antiquité avaient déjà vu cela, avaient instauré certaines formes de démocratie par tirage au sort. Les bouleutes, les prytanes, les archontes étaient non pas élus mais tirés au sort.
RépondreSupprimerJe ne souhaite pas être comme tous les Brésiliens. Cela me paraît très étrange de devoir être comme tous les Brésiliens ou tous les Français ou tous les Chinois. Cela ne signifie rien. Mes amis brésiliens ne pensent pas tous la même chose. Et ils sont loin d'être tous optimistes.
Sur votre dernière phrase, je suis entièrement d'accord avec vous, c'est bien le désir de changement et le peuple brésilien qui ont mené Lula au pouvoir. Et croyez bien que j'aurais aussi voté pour lui si j'avais dû me rendre aux urnes.