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05 janvier 2012

La descente aux enfers d' Alexandre Estevão Ramos

L'Espírito Santo, ses plages, ses montagnes, sa moqueca capixaba. Et ses prisons. Des prisons qui nous rappellent que l'enfer est une invention humaine, que l'enfer est sur terre et non pas au ciel. Des prisons dont les conditions d'enfermement épouvantables ont déjà été pointées plusieurs fois, au point d'émouvoir jusqu'à des rapporteurs de l'ONU. Des prisons dont se désintéressent les principales autorités locales, à commencer par le gouverneur actuel, Renato Casagrande, qui semble ne pas vouloir faire mieux que l'ancien gouverneur, Paulo Hartung, lui-même moins occupé à promouvoir le bien public qu'à constamment manipuler dans l'ombre ceux qui auraient pu (ou pourraient encore) le gêner. Des prisons auxquelles ne s'intéressent guère les citoyens capixabas. Mais faut-il en être surpris ? Si la presse et les télés locales tiennent avec force détails morbides la chronique des homicides, elles taisent les meurtres  d'État. Il aura fallu qu'un journal en ligne, Século Diário, en parle pour que, malgré le black out décrété par les politiques et leurs complices journalistes, une nouvelle et lamentable histoire finisse par toucher quelques uns d'entre nous, nous toucher à tous égards, et nous décide à la relayer via les réseaux sociaux ou les blogues.

C'est mardi dernier qu'a pris fin le supplice du jeune Alexandre Estevão Ramos, une septicémie signant la fin de sa descente aux enfers. Les souffrances d'Alexandre ont commencé le 18 mars 2010. Touché dans le dos, ce jour-là, par une balle tirée par un policier, il a été abandonné en équilibre instable sur un rocher où il est resté trois heures à perdre son sang, avant que le SAMU lui porte secours. Pour cela, encore aura-t-il fallu que des habitants du quartier réussissent à obtenir d'abord l'envoi sur place d'une équipe d'une chaîne de télévision...

Il restera deux mois dans un hôpital, puis sera transféré dans un autre hôpital. Puis il sera interné au pénitencier de haute sécurité de Viana, sans que sa famille en soit informé et moins encore de son état de paraplégique. C'est dans l'infirmerie de la prison qu'Alexandre contractera une infection généralisée. On le conduira à nouveau à l'hôpital où il sera nécessaire d'amputer ses deux jambes. On le rendra alors à sa famille. Puis ce seront des déménagements, de nouveaux séjours à l'hôpital. À la fin, terriblement affaibli, il n'aura plus la force de parler.

Le récit de cette descente aux enfers est à lire sur le site du Século Diário. Les photos sont difficilement soutenables. La vérité des faits ne l'est pas moins.

Mehdi et moi-même, qui vivons dans l'État d'Espírito Santo, avons pensé qu'il était de notre devoir de répercuter cette affaire au-delà des frontières du Brésil.

Nous publions donc simultanément un article sur le supplice d'Alexandre.

16 commentaires:

  1. Bonjour... Le même problème existe dans l'Etta du Para, où les geoles sont sans doute les pires du Brésil (il y a trois ans une adolescente mineure fut mise en cage avec 23 hommes majeurs. Bien évidemment elle en est ressortie "au moins" enceinte.
    Cela dit, même parmi mes proches de Belém, de gauche, progressistes et de classe sociale défavorisée... impossible de les sensibiliser au problème.
    "Nous n'avons pas encore assez de centres de santé ou d'écoles convenables pour tous, ça passe avant les prisons!"
    Inutile de leur parler de la ségrégation judiciaire: "nous aussi nous sommes de couleur et très pauvres (c'est vrai) et pourtant nous ne touchons ni de près ni de loin à la drogue qui nous pourrit la vie.
    Je n'approuve pas, je ne fais que répéter.

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  2. Benjamin, je connais bien, hélas, ces difficultés. C'est pourquoi Mehdi et moi-même pensons utile de répercuter ces informations hors du Brésil, espérant y intéresser une association française ou autre.

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  3. Sceptique sur les possibilités pour des étrangers, de dire avec efficacité aux Brésiliens ce qu'ils doivent faire (je ne parle pas des résidents de longue date comme vous)

    "L'émancipation des Brésiliens se fera par les Brésiliens", pour paraphraser...

    Je crains que toute intervention extérieure soit perçue comme une insupportable ingérence même par des gens qui au fond d'eux mêmes pensent de même

    La sortie de la dictature date de moins de trente ans. Nous en France, il y a 50 ans, on torturait encore massivement dans des départements de notre pays (l'Algérie)

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  4. Benjamin, je crois que vous devriez lire "La Question" d'Henri Alleg.

    Nous ne sommes pas là pour faire la leçon mais pour donner un coup de projecteur sur cette barbarie. A notre petite échelle.

    Les journaux locaux et nationaux ont commencé a évoquer le problème des "Masmorras de Paulo hartung" qu'à partir du moment où Conseil des droits de l’homme de l’ONU s'est penché sur la question.

    On ne demande pas d'intervention extérieure mais une médiatisation. Vous confondez les deux.

    Francis comme moi-même sommes très attaché à la souveraineté des pays.

    Un article dans un journal de portée nationale sur le supplice de ce jeune-homme serait déjà un succès.

    Si cela pouvait mener à une intervention fédérale nous en serions heureux.

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  5. J'avais vu cet article. C'est tout simplement scandaleux. Plus scandaleux encore est le fait que les journaux "normaux" bien sûr ne relatent pas ce cas horrible histoire. C'est dommage que le século diário n'est pas un impact plus important dans la société Capixaba. Je me souviens y avoir vu récemment quelque chose de moins dramatique mais non moins surprenante. Un type d'appartement acheté tres bon marché et revendu la même semaine à prix d'or para un ex-gouverneur... Mais chut, j'entends des voix qui me disent de m'occuper de mes oignons mais je ne veux pas.
    Emmanuel do Blog Vitória Sustentável?

    Pour terminer una phrase en Portugais glanée sur internet:
    "Logo que as pessoas têm dinheiro suficiente de maneira a não se preocupar mais com a sobrevivência, elas [podem] começam a se preocupar com a liberdade". Michael Hsiao
    Só acrescentei a palavra "podem" porque nem sempre é o caso.

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  6. Il faut que je précise ma pensée parce que j'ai transmis ce lien à mes proches paraenses, qui ont eu la réaction que je prévoyais.

    Qu'il soit clair, que je suis sans ambiguïté aucune pour qu'un délinquant et même un abominable criminel aient le droit à une arrestation correcte, un procès équitable et que s'il est ensuite détenu, sa peine s'effectue dans des conditions non attentatoires à la dignité humaine.
    Qu'en outre le temps de détention soit mis à profit pour qu'une réinsertion soit possible à la sortie.

    Je ne retirerai jamais rien à cela et je sais qu'on en est très loin, au Brésil.

    Mais le contrepoint, c'est que même quand on est noir, même quand on vit dans une favela... NON! La seule échappatoire n'est pas le crime, et le trafic de drogue est un des pires crimes! Plonger dans cette vois n'excuse pas la barbarie, évidemment, mais je récuse l'idée que c'est "le seul chemin possible"

    95% des gens de couleur très pauvres qui vivent dans une favela sont très honnêtes et ils sont les premières victimes des trafiquants, de leur violence, de la contamination possible de leurs gosses par la drogue qui leur est proposée tous les jours, gratuitement au début "pour essayer" (et ils n'auront pas les moyens de payer les cures de désintoxication dans des cliniques huppées).

    Quand il y a des combats entre gangs ou avec la police, ils sont sur le trajet des balles perdues contrairement aux gens qui vivent dans des condominios: sur les 50.000 morts par balle au Brésil, plus de la moitié a reçu un projectile qui ne lui était pas destiné.

    Alors on ne peut pas espérer voir changer les mentalités si on ne prend pas ces postulats pour acquis, avant de parler d'humanisation de la police, de la justice et du système carcéral.

    Mehdi...J'ai lu Alleg et justement je pense que nous français, sommes très mal placés pour dicter au peuple brésilien ce qu'il doit penser et comment il doit agir.

    En outre si des Brésiliens venaient nous dicter notre manière de faire chez nous, je ne doute pas que les réactions seraient très négatives et pourtant il est d'innombrables domaines où nous ne sommes pas, euphémisme, exempts de reproches!

    Et pour avoir vu à Belém les réactions très négatives de la population lors du forum des alters, je suis conforté dans mon idée que les interventions de gringos, quelque soit le sens de ces dernières, sont contreproductives.

    Regardez Belo Monte! Il y a eu un retournement significatif d'une opinion très partagée... quand Greenpeace, Cameron and Co sont venus dire ce qu'il fallait (ne pas) faire.

    Après l'aller-retour express de Cameron venu pontifier six heures avec Raoni, j'ai vu des gens contre le projet de barrage se mettre presque à le soutenir, par révolte contre la bienpensance occidentale donneuse de leçons.

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  7. Benjamin, lisez ce billet de Tião Martins >

    http://donoleari.com/blog/2012/01/07/tempos-escuros-covardes-tiao-martins/

    et notamment la fin, qui répond à l'une de vos objections.

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  8. Benjamin,

    Je suis loin d'être un bien-pensant occidental.

    L'interventionnisme kouchnérien mis en pratique dernièrement par BHL me fait horreur.

    Francis et moi-même ne sommes pas des touristes au Brésil, nous avons fait le choix d'y vivre et y avons même de la famille. Je crois que l'on peut dire que nous sommes un peu brésiliens.

    Nous ne sommes pas non plus des observateurs venus de l'extérieur.

    Je crains que vous ne compreniez pas ou alors vous feignez de ne pas comprendre.

    Nous avons voulu interpeller le lecteur d'un point de vue strictement humain. Il n'y a point d'arrière-pensée géopolitique dans notre démarche.

    J'ai écrit cet article parce que j'aime le Brésil et Francis l'aime tout autant, cela transpire dans ses post.

    Je l'aurais fait si cela était arrivé dans un de mes pays. Sans l'ombre d'un doute.

    Et j'aurais accepté qu'un étranger ayant choisi de vivre dans mon pays le fasse aussi.

    Je pense que la comparaison avec l'Algérie est mal choisie. Vous dites, "nous français, sommes très mal placés pour dicter au peuple brésilien..".

    Dans ce cas, suis-je bien placé ? Vous connaissez ma nationalité ?

    Frantz Fanon, Alleg, Jeanson, Vernant et combien d'autres étaient-ils bien placés ?

    Quand il s'agit de dénoncer l'intolérable il n'y a pas de nationalité, il y a juste des humains.

    Tous les peuples ont des casseroles. Certains on en plus que d'autres, certes.

    Lorsque je parle ou j'écris, je ne me fais pas le porte-parole de mon peuple.

    Je parle en mon nom.

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  9. Mehdi...

    J'ai fait plus haut, dès le début, le distinguo entre des RÉSIDENTS (comme vous!) et des étrangers de passage qui n'ont pas la capacité de convaincre que vous avez sans nul doute.

    A propos de: "vous feignez de ne pas comprendre"... Désolé, mais restons courtois, SVP: rien ne m'est plus étranger que la malhonnêteté intellectuelle.

    J'ai fort bien compris l'humanité qui transparaissait dans votre message et je la partage sans aucune réserve. Aucune!

    Lisez la première partie de mon commentaire juste sur votre réponse. (je me répète: ""Qu'il soit clair, que je suis sans ambiguïté aucune pour qu'un délinquant et même un abominable criminel aient le droit à une arrestation correcte, un procès équitable et que s'il est ensuite détenu, sa peine s'effectue dans des conditions non attentatoires à la dignité humaine.
    Qu'en outre le temps de détention soit mis à profit pour qu'une réinsertion soit possible à la sortie.
    Je ne retirerai jamais rien à cela et je sais qu'on en est très loin, au Brésil."")

    Je tentais juste de décrire ce que pensent les habitants de favelas ou de groupes de palafittas et là je sais de quoi je parle puisque mes proches que je fréquente de très près (vivant chez eux quand je suis au Brésil) demeurent dans un de ces quartiers.

    Je le sais mieux et je connais mieux leur vécu que des Brésiliens qui n'y ont jamais mis les pieds, et ils sont des dizaines de millions.

    Et je tentais aussi de décrire le ressenti des Brésiliens vis à vis des interventions extérieures quel que soit le sens de celles-ci. On ne parle pas du fond, là, mais de la forme et bis repetita un Brésilien d'adoption comme vous n'est pas dans cette situation.

    Cordialement

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  10. Benjamin, je crois que vous vous méprenez quant à l'opinion des habitants des favelas à propos des délinquants, y compris des pires. Si la grande majorité d'entre eux n'approuve pas leur action, il n'en demeure pas moins que leurs sentiments sont ambivalents, ne serait-ce que parce que ces délinquants appartiennent à leurs familles ou à celles de leurs voisins et amis. Le rêve de ces habitants est plutôt de voir ceux qui ont choisi le trafic se sauver par la rédemption. Lisez ou relisez, par exemple, le témoignage dont j'ai publié une transcription (Davi).

    Par ailleurs, les Brésiliens qui n'ont jamais mis les pieds dans les favelas ne sont pas des dizaines de millions. En dépit de ses énormes disparités sociales, la société brésilienne est beaucoup plus poreuse que vous ne le pensez. Les revers de fortune sont nombreux, les amitiés juvéniles transgressent les limites de classe beaucoup plus qu'on ne l'imagine en France, les relais des plus puissants dans toutes les couches de la société sont nombreux et les obligent à mettre les pieds et un peu plus dans les favelas.

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  11. D'accord avec vous pour la porosité accrue (relativement récente) par le biais de la jeunesse: mon fils adoptif, ado, commençait à fréquenter les très beaux quartiers de Belém et il recevait des copains chez nous, qui n'étaient pas le moins du monde gênés de le visiter.
    mais si cela débouchait sur des copinages, des amités, voire des "unions sexuelles" (la fille étant de la favela), cela n'allait que rarement jusqu'au mariage.

    Et pour Vitoria je ne sais pas, mais pour Belém, Emerson ne pouvait nouer des amitiés avec des "gentes fines" que parce qu'il fréquentait leur collège... je payais pour ça.

    Idem pour ses petits cousins, qui vont dans un établissement public mais qui a très bonne réputation (un des seuls de Belém)

    Il n'empêche: il y a encore des gens qui ignorent tout de cette réalité (cf Serra, le candidat du PSDB qui fait fabriquer une favela de carton pâte et embauche des figurants pour jouer le rôle de ses habitants quand il y paraît... alors que dans son état, il y a des centaines de favelas!)

    Pour les familles qui sont confrontées elles aussi au drame d'un de leurs membres pris par la délinquance (mais ce n'est pas la majorité et de loin!), il y a une forme de schizophrénie: on souhaite de tout cœur qu'ils puissent en sortir (c'est bien connu qu'on ne sort pas d'un gang si on n'a pas les moyens de s'exiler),

    en même temps on vitupère contre leur "faiblesse" et plus que tout on hait ceux qui l'ont fait plonger là dedans (neuf fois sur dix par le biais de la drogue)

    La maman de Cezar (17 ans), Caio (14 ans) Cassio (12 ans) plaint (sincèrement) Fernando, son cousin, toxico donc dealer pour payer sa came, "la" seule brebis galeuse de la famille et un des 4 ou 5 du pâté de palafittas.

    Mais elle et son mari l'ont menacé de mort s'il adresse la parole à un de leurs enfants (tout aussi sincèrement même si je doute qu'ils passent à l'acte)

    Il y a aussi une schizophrénie vis à vis de la police, toujours méprisée pour sa corruption, sa brutalité et son inefficacité et accusée tantôt de trop en faire, tantôt de ne rien faire.

    Notez - mais vous le savez mieux que moi - que le Brésil est loin d'être uniforme. Je ne connais pas Vitoria (du moins pas encore: ça viendra et nous aurons l'opportunité sans doute de nous rencontrer) mais à chacune de mes pérégrinations dans le sud du pays, j'ai l'impression non de changer de pays, non de continent mais carrément de planète!

    Dans le sud il y a "manque de droit", à Belém le droit n'existe pas et on tremble... quand la police arrive (3% de taux d'élucidation et 45% des policiers ont main liée avec le milieu... à la limite en supprimant les polices ça irait mieux!)
    Vous auriez beaucoup de mal à croire ce que je pourrais vous raconter, et qui pourtant serait rigoureusement exact.

    Pour revenir à cette dramatique et émouvante histoire...

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  12. ....

    Voilà, je pense, ce qui se serait passé dans le bairro Terra Firme de Belém.

    Ce jeune homme aurait été haï de son entourage "propre" élevant comme il le peut ses gosses en dehors de la drogue. Son cercle: sa famille peut être, et son gang. pas plus.

    Le jour où il aurait subi son agression policière, dans un premier temps, les habitants auraient applaudi.

    Puis très vite, devant ce qui suivit, le sadisme des flics, ils auraient réagi, sans doute avec plus de violence encore contre la police.

    Il y aurait alors eu un écœurement devant le fait que c'est le gamin noir qui payait, quand le "dono" local que chacun connaît reste intouchable.

    Mais, et c'est affreux à dire, un lâche soulagement largement partagé, mêlé à toujours plus de mépris vis à vis des forces "de l'ordre". Un dealer de moins et peut être une dissuasion, qui aidera mes proches à ne pas dévier de cette manière. Un dégoût devant un comportement de sauvage.

    @ Mehdi... Oui une intervention fédérale serait sans nul doute souhaitable. J'ai beau adorer le Brésil, ses dysfonctionnements me donnent chaque jour l'opportunité de me féliciter de vivre dans un pays "jacobin"!

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  13. Benjamin, la porosité n'a rien de récente. Elle est vieille comme le Brésil. Je dirais même qu'elle lui est congénitale.

    Pour ce qui est du taux d'élucidation à Belém, vous avez bien de la chance de le connaître. Ici, à Vitória, personne ne le connaît. Comme dit mon ami Cláudio Zanotelli qui a étudié la question en long et en large, "Quand les auteurs sont identifiés une partie insignifiante est effectivement inculpée et jugée". Qu'entend-on dans ces conditions par "élucidation" : les dénonciations qui tiennent lieu d'identification, mais qui ne donnent lieu à aucune enquête.

    Rappelons aussi qu'à Rio, on a inventé une nouvelle catégorie de mort violente, celle des décès de cause inconnue, à seule fin de faire baisser artificiellement le nombre d'homicides.

    Difficile dans ces conditions de calculer un taux d'élucidation. Et je doute qu'à Belém, les personnes chargées d'établir les statistiques de la criminalité soient mieux armées qu'à Rio ou à Vitória.

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  14. Ce taux est "calculé" à Belém en fonction de ce qui est déclaré... partie émergée de l'iceberg évidemment et qui inclut les "flagrante" ou par définition le coupable ou supposé tel est interpellé quasiment dans la foulée.

    Pour relativiser encore, on parle de condamnations en omettant pudiquement l'exécution des peines et là on a deux tendances:

    - certaines sont "oubliées" ou reportées ad vitam aeternam (le cas le plus emblématique parce qu'il a un retentissement mondial, celui du fazendeiro "Bida" commanditaire de l'assassinat de la religieuse américaine Doroty, "définitivement condamné" depuis des années et libre comme l'air

    - parfois a contrario on oublie un pauvre type en prison. Récemment on en a sorti un découvert lors d'un transfert, son vieux pénitencier devant fermer: il était condamné à un an, il était là depuis plus de neuf ans.

    Je ne vais pas m'étendre sur la porosité, nous serions hors sujet. Tout au plus suis-je quelque peu sceptique sur son "universalité", nous aurons l'occasion d'en parler je suppose.

    Cordialement

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  15. À noter, un article sur les prisons en Espírito Santo (inspiré par un billet de Mehdi) sur le site de l'émission de France Culture, L'Agenda du Bien Commun.

    D'autre part, une commission enquête sur des cas de tortures de prisonnières à São Mateus dans l'Espírito Santo.

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  16. Pour aller à rebours de ce qu'on a cru que je défendais - la barbarie policière - je ne peux m'empêcher de trouver paradoxale l'énergie que met le gouvernement fédéral brésilien pour tenter de sauver la vie de quelques unes de ses ressortissants, gros trafiquants condamnés à mort en Indonésie (et en Malaisie, je crois) quand il laisse commettre de telles barbaries sur son propre sol.
    Quand l'ambassadeur reviendra adresser une supplique aux justices concernées, il risque de se voir balancer ça au visage.

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