De la maison posée sur une hauteur, je guette en me réveillant les mêmes bruits que ceux du village de ma grand-mère, il y a cinquante ans, le chant des coqs, une voiture qui traverse le lointain, le babil des enfants. Si ce n’est que la voiture vibre de basses saturées, que les coqs paraissent affectés d’une certaine langueur et que les enfants marmonnent des sons incompréhensibles. Et que, vue de la fenêtre de la chambre, la nature exhibe des formes féminines que la vallée maternelle de la Noye ignore.

Tout village qu’il soit, Alfredo Chaves compte deux banques, quelques commerces et une vingtaine de bars. C’est derrière le comptoir de l’un d’eux que nous retrouvons Marcos. Son bar, récemment repris à un propriétaire défaillant, ouvre à sept heures, sept jours sur sept. Le dimanche matin, les premiers clients passent avant la messe siffler un café, certains une cachaça, et commander un ou deux poulets rôtis qu’ils prendront en sortant de l’église, toute proche.
On y parle football et même politique locale. Quelqu’un rappelle que, contrairement au maire actuel, ses deux prédécesseurs se faisaient réélire en offrant à l’année la sesta basica aux indigents. À quoi un autre répond que l’argent ne venait pas de la mairie... Dans un an, se tiendront les élections municipales. Chaque camp fourbit ses armes. Les sous-entendus en font partie, et des plus redoutables.

Cette année, la dupla Teodoro e Sampaio occupera le haut de l’affiche. La musique sertaneja n’est pas ma tasse de thé, ni même de café, mais j’avoue que j’ai du plaisir à les entendre bêler leurs romances à six sous qui cadrent assez bien avec le paysage local, tout en gestes lents, en regards d’enfants étonnés, en attentions hospitalières. Et jusqu’au coup de gueule de l’inévitable bagarre entre ivrognes.
Un endroit où il faut aller, si j'ai bien compris, pour connaître le vrai Brésil!
RépondreSupprimerc'est noté...
En tout cas, une des facettes du Brésil.
RépondreSupprimeren tout cas c'est bien sympa ces portraits...
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