Pages

13 janvier 2012

Les Haïtiens font du Brésil leur nouveau pays de cocagne

Longtemps, la France et le Québec, plutôt pour l'élite intellectuelle, New York, pour tous, ont aimanté les flux migratoires en provenance de Haïti. Si le Québec et New York continuent d'attirer les Haïtiens, c'est de moins en moins vrai en ce qui concerne la France de la doublette Sarkozy-Guéant.

Est-ce la présence de casques bleus brésiliens sur leurs terres, est-ce la réputation récemment acquise d'un Brésil économiquement fort, est-ce un peu des deux et un peu aussi des éternels clichés associés au pays du football, des plages et du carnaval ? Selon le ministère brésilien de la Justice, environ 4.000 Haïtiens seraient entrés clandestinement au Brésil, principalement par les États de l'Acre et de l'Amazonie, et ce depuis le tremblement de terre qui a mis à bas leur pays.

Cet afflux constituerait le plus important mouvement migratoire depuis l'arrivée des Japonais au début du 20ème siècle et celle des Italiens pendant les premières années de la République.

Le Conseil de l'immigration proposerait de régulariser la situation de ces migrants, mais aussi, une fois cette opération faite, fixer des limites pour ceux qui voudraient suivre leur exemple. Ainsi, le consulat du Brésil délivrerait chaque mois une centaine de visas provisoires, à charge pour les Haïtiens de trouver un boulot formel dans les 5 ans.

Cette règle, que voudrait instaurer le gouvernement brésilien, a-t-elle un sens ? J'en doute. Les Haïtiens continueront sans doute d'entrer en Amérique du Sud par le Venezuela ou la Colombie et de se diriger vers l'Acre et l'Amazonie, la longueur et la topographie des frontières aidant. La communauté haïtienne du Brésil sera donc probablement amené à croître. Reste à savoir si, comme les Italiens et les Japonais, les Haïtiens marqueront fortement de leur culture quelques villes brésiliennes. Ou quelques favelas.


5 commentaires:

  1. Bien que datant de la fin des années 70 (par le biais de la Surinam airways qui avait des vols Port au Prince - Paramaribo à prix raisonnable mais une fois arrivé au Suriname, les Haïtiens n'avaient qu'un visa de transit de... 48h, il fallait vite fait passer le Maroni), la mayonnaise n'a jamais pris entre les immigrés haïtiens et la société guyanaise.
    pourtant il y avait communauté de langue (français, créole), et de couleur (à l'époque... depuis la répartition "ethnique" de la Guyane s'est profondément modifiée)

    Il faut savoir qu'en dehors de l'élite cultivée très minoritaire et qui à mon avis choisira toujours plutôt le Québec, la plupart des haïtiens qui immigrent arrivent dans le cadre d'une implacable férule mafieuse, soumis à des gangs qui les rackettent, les familles restées au pays étant menacées en permanence.

    C'est un euphémisme que de dire que ça nuit à une bonne intégration.

    RépondreSupprimer
  2. Qui sont ces Haïtiens qui tentent leur chance au Brésil ?
    Jean-Francat Carièce (31 ans) : « Je suis venu avec une valise, 50 reais dans le portefeuille et une certitude, travailler à São Paulo. On dit qu'il y a beaucoup de travail là. »
    Don Pharisien (22 ans), ancien commentateur sportif à Port-aux-Princes et fan de football : « Le stade de la Coupe du Monde à São Paulo est déjà construit ? On dit qu'on a besoin de beaucoup de maçons, c'est vrai ? Le foot est ma grande passion. Je voudrais participer à la construction du stade et assister en 2014 aux matches du Brésil. »
    Jeff Emisial (28 ans), ancien patron d'une petite entreprise détruite par le tremblement de terre : « Quand j'ai quitté Haïti, je ne pensais qu'à aller à São Paulo pour récupérer l'argent perdu. »
    Désir Mondelus (44 ans), maçon : « Le Rondônia, c'est pas terrible, c'est à São Paulo qu'il y a du travail. »
    Lordius Exenord (36 ans), professeur de français et de mathématique : « D'abord, j'ai besoin d'un travail, que ce soit à Manaus ou dans une autre grande ville. Mais ensuite, c'est à São Paulo que je veux aller. L'économie brésilienne est très robuste. »
    Jean-Gabin Marcellin (31 ans) : « J'attends avec impatience le résultat [des tests que j'ai passés]. C'est un rêve que de pouvoir aider à construire le stade de la Coupe. »
    Reginald Darcelin (30 ans) : « On traduit pour moi. Mais personne ne veut embaucher quelqu'un qui ne parle pas portugais, n'est-ce pas ? »
    Margarette Pierre (26 ans) : « Je reste pour l'instant à São Paulo parce qu'il me reste de l'argent gagné à Manaus. En tout cas, ici c'est mieux qu'à Haiti. »
    Source : Folha de São Paulo.

    RépondreSupprimer
  3. Mais j'ai lu que le Brésil commençait à y mettre le holà.

    Je ne pense pas qu'on manque de maind'oeuvre non qualifiée au Brésil, c'est plutôt le contraire...

    Et quand on voit, à côté de cela, les considérables restrictions apportées à l'immigration habituelle** que ce soit celle des retraités soumis depuis peu à des conditions de ressources bien plus strictes, aux expat's qui ont des frais initiaux considérables, au resserrement des formalités administratives surtout pour ceux qui sollicitent un visa investisseur, on peut s'interroger sans pour autant jalouser les Haïtiens: tant mieux pour eux s'ils parviennent à faire leur trou au Brésil ou ailleurs, en regrettant que leur "élite" (il y a des gens richissimes à Haïti) ne se lève pas la peau en faveur de leurs compatriotes afin qu'ils ne soient pas obligés de se déraciner pour trouve rune vie "moins pire"

    ** j'en fais les frais: mes espoirs d'installation au Brésil sont définitivement évaporés

    RépondreSupprimer
  4. Benjamin, comme il est dit dans le billet, le Brésil limitera désormais à 100 par mois le nombre de visas accordés aux Haïtiens, des visas exceptionnels qui leur donneront le droit de séjourner 5 ans, à charge pour les bénéficiaires de trouver du travail et un logement dans ce délai.

    Benjamin, vos espoirs d'installation au Brésil ne se sont pas "évaporés", il vous reste la possibilité de marier une Brésilienne ;-)

    RépondreSupprimer
  5. Super ton blog, je vais bientôt le parcourir plus en profondeur...

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :
1) Écrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessus ;
2) Si vous avez un compte, vous pouvez vous identifier dans la liste déroulante "Commentaire" ;
Sinon, vous pouvez saisir votre nom ou pseudo par Nom/URL ;
3) Vous pouvez, en cliquant sur le lien "S'abonner par e-mail", être assuré d'être avisé en cas d'une réponse ;
4) Cliquer sur Publier enfin.

Et parce que vos commentaires nous intéressent, merci de prendre la peine de nous faire part de vos opinions et de compléter ce billet par vos informations !

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...