Chaque fois que vous retirez de l’argent au distributeur ou que vous effectuez un transfert d’un compte vers un autre, vous payez un impôt, la CPMF. Non, rassurez-vous, lecteurs de France et du Canada, cela ne se passe pas chez vous, mais au Brésil. La CPMF est, retenez votre souffle, la contribution provisoire sur les mouvements et transactions de valeurs, de crédits et de droits de nature financière (Contribuição Provisória sobre a Movimentação ou Transmissão de Valores e de Créditos e Direitos de Natureza Financeira), une sorte de Taxe Tobin chère aux altermondialistes, inventée par le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, en 1997. Son taux est de 0,38%. Suffisamment faible pour paraître indolore, il aura tout de même permis de collecter environ 40 milliards de reais (environ 15 milliards d’euros) cette année, affectés au financement de la santé publique des retraites et de l’éradication de la pauvreté.
Lorsqu’il était dans l’opposition, Lula tirait à boulets rouges sur cet impôt. Ces derniers mois, Lula n’a eu de cesse de convaincre les parlementaires de l’absolue nécessité de le reconduire, la loi portant sa création prévoyant son extinction le 31 décembre 2007. Ces dernières semaines, d’une ville du Nordeste ou de Buenos Aires, de Brasília ou de Pretoria, Lula ne pouvait plus prendre la parole sans appeler à en voter la prorogation. La refuser relevait de la complicité de blanchiment d’argent ou de fraude fiscale, la refuser mettrait gravement en danger la santé publique, la refuser signerait la fin du Plan d’accélération de la croissance. Que n’avons-nous entendu matin, midi et soir pendant toutes ces semaines !
Si le texte est passé relativement facilement à la chambre basse, cela a été une autre paire de manches au Sénat, un Sénat paralysé depuis des mois par les commissions d’enquête parlementaire à répétition sur son désormais ex-président, la tête de mule Renan Calheiros.
Les tractations de dernière minute et les concessions faites par Lula n’auront pas suffi. La prorogation de la CPMF a été rejetée cette semaine par 45 voix contre 34.
Dans l’opposition, José Serra avait pourtant appelé son camp à approuver son ultime proposition de conciliation, acceptée par Lula, qui aurait consacré la totalité des sommes recueillies à la santé publique. Les sénateurs, qui n’ont pas les préoccupations d’un présidentiable comme José Serra, ont préféré se payer la tête du président de la République.
Le budget 2008 pourra-t-il se passer des 40 milliards perdus ? Différentes solutions sont envisageables : réduire le train de vie de l’État, mieux contrôler les dépenses ou augmenter d’autres impôts, par exemple. Dans ce dernier cas, un simple décret peut suffire !
14 décembre 2007
2 commentaires:
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Ben je parie que ce sera la dernière hypothèse qui prévaudra!
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c'est dommage, c'était une belle idée (nonobstant le retournage de veste de Lula)
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