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14 septembre 2007

L’envie de passer à autre chose

Faut-il encore parler de Renan Calheiros ? Absous par ses pairs, le président du Sénat n’a pas craint, dans un communiqué, de célébrer « une victoire de la démocratie » alors que, nous dit-on, la vox populi était, et reste, unanime à réclamer sa démission. Mais de quelle opinion publique parle-t-on ? Celle des rédactions des journaux, comme A Gazeta qui barrait sa une d’un énorme VERGONHA ? Celle des lecteurs de la Folha de São Paulo ? Ou celle des électeurs de Renan Calheiros ? Gageons que les casseroles que traîne le Nordestin ne l’empêcheront pas d’être réélu au Sénat ou élu à une autre charge publique par le petit peuple qui l’a fait roi dans son État.

Pour Lula, qui s’est démené en coulisse pour obtenir pareil résultat, il s’agit de respecter désormais le verdict du vote secret organisé à huis clos dans l’enceinte de la Haute Chambre.

L’affaire est pourtant, en principe, loin d’être entendue, puisque deux autres procédures de destitution restent à examiner. Mais qui se fait encore des illusions sur une issue honorable pour la classe politique brésilienne, que tout tend à identifier à un syndicat de canailles sans vergogne ?

L’on pourrait se contenter d’ironiser, mais cela serait oublier les risques. Une majorité de Brésiliens a déjà tiré la conclusion que, décidément, la démocratie ne valait rien et que le Brésil gagnerait à se dispenser des services de ses politicards. À l’heure où l’économie retrouve des couleurs, les scandales de corruption à répétition passent au second plan des préoccupations quotidiennes, même s’ils fournissent aux médias de la matière en abondance.

Nombreux pensent, y compris ceux qui il y a peu ne pouvaient en rêver, à consommer plus, rarement mieux. La bagnole, l’ordinateur, les appareils électro-ménagers, les téléphones portables, les fringues et les godasses à la dernière mode, voilà ce que l’homme et la femme de la rue ont en tête. Et quand la conversation, par accident, vient sur Renan, un haussement d’épaules suffit à marquer le dégoût et le mépris tout autant que l’envie de passer à autre chose.

Mais peuvent venir aussi des moments plus difficiles, des moments de crise morale, économique et politique tout ensemble qui, inévitablement, feraient le miel d’un homme ou d’une junte à poigne.

corsa (336r)

8 commentaires:

  1. Vous connaissez sans doute la blague sur Dieu créant le monde, guerres, tremblement de terre, inondations, etc. et au Brésil, rien de tout ça! En réponse à l'étonnement de Saint Pierre, Dieu asséna : "Oui, c'est paradisiaque... Mais attends seulement de voir les politiciens que je vais y mettre!"

    Bon WE à Vitoria...

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  2. Dans la version que me racontaient mes amis brésiliens, auto-ironiques, c'était pire encore. Cela se terminait par "Mais attends seulement de voir le peuple que je vais y mettre !".

    L'air de rien, cette nuance donne l'occasion de rappeler que les politiciens sont élus, ou non, par le peuple.

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  3. oui, honteux tout ça. le comments et ta réponse ont tout dit et moi, je me mets dans ma chambre pour eaayer d oublier qu un jour mon père, pauvre ouvrier, m a dit que nous devions être heureux de naître au brésil, le pays du futur. lui même vit, aujourd hui, avec 600 reais, et il ne lui reste que suivre a travailler comme cordonnier. pour lui, pas de bolsa família, ni romanée conti. désolée

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  4. et 600 RZ à Belém du moins c'est beaucoup...

    La consommation dont rêve nombre de Brésiliens, ce n'est pas d'ordinateurs ou de voitures, c'est de deux chemises d'uniformes au lieu d'une pour le collégien, d'un peu plus de produits d'hygiène et d'une pièce supplémentaire dans la "casa informala"

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  5. Des Brésiliens qui rêvent de chemises d'uniforme pour leurs enfants ? Ce que je vois, ce sont des Brésiliens qui se privent de manger pour payer la recharge du celular, qui se serrent la ceinture pour acheter des consoles de jeu... Car le rêve, le rêve et non la raison, est à ce prix.

    Quant à 600 reais par mois, c'est loin d'être beaucoup, à Belém ou ailleurs. Mais je ne pense pas que ce soit ce que vous avez voulu dire.

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  6. oui, en fait, j'ai eu les 2 versions : "politiciens" et "peuple" et aussi " on a les politiciens qu'on mérite"...

    pour les rêves de consommation, c'est aussi ce que je vois régulièrement, des rêves de "luxe" et de "statut", tel ce serveur, à Paraty, marié, père de 3 enfants, sans beaucoup de revenus, mais qui se payait malgré tout un abonnement au club de gym, pour se sentir comme ses clients... alors que franchement, Paraty n'est pas le pire endroit pour courir sur la plage... :(
    ou tels ces autres, utilisant leur carte allocation-supermaché pour acheter des packs de bière et des bouteilles de pinga... au lieu d'acquérir arroz com feijao et autres cesta basica... et encore, faisant un scandale si le supermarché se refusait à accpeter le carte en question comme moyen de paiement!
    si j'avais été témoin UNE ou DEUX fois, de ce genre de scène, j'aurais pu croire à un phénomène isolé mais, à l'époque où j'habitais dans un quartier plus "populaire", c'était pratiquement toutes les semaines, que ça arrivait!...
    ...

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  7. Le salaire du paraense moyen, c'est le salaire minimum quoiqu'il fasse. Donc beaucoup seraient heureux d'avoir 600 RZ... et étonnez vous qu'ils se tournent vers le "setor informal" qui vous garantit plus, et sans taxes.

    On n'est pas LIBRE de consommer INTELLIGENT quand on n'a pas ou peu d'instruction, et qu'on est matraqué par GLOBO.

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  8. Ouai, francis! Oú es-tu? Bon, je suis venue pour te souhaiter une belle entrée du printemps. vitoria peut être plus jolie a cette saison.
    bs

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