À force de l’entendre dire, par les hommes-troncs de la télé, par les journaleux, par les éditorialistes de tout poil, nous avons fini par l’adopter comme une nécessaire croyance, par le mettre dans un coin de notre ciboulot au même rang des évidences comme deux et deux qui font quatre : le monde, ou plus exactement les pays les plus anciennement développés, connaissent une crise économique qui impose que nous revoyions nos modèles de société. Ou, pour le dire plus crûment, que les salariés du privé comme du public acceptent une baisse de leurs revenus. Et, dans les faits, le phénomène est déjà largement en cours aux États-Unis, il a commencé dans les pays de l’Union européenne, violemment en Grèce ou en Espagne, de manière plus soft, du moins en apparence, en Allemagne et en France. Tout ça semble aller de soi et chacun n’a qu’une crainte : que le ciel ne lui tombe pas sur la tête, que le chômage ne le touche pas directement, lui ou l’un de ses proches.
Et pourtant ! Et pourtant ces pays, les États-Unis et ceux de l’Union européenne dans leur grande majorité, n’ont jamais été au total aussi riches qu’aujourd’hui, même si le taux de croissance ralentit, même si au pire certains trimestres ont dégagé un léger recul de l’activité. Et nous savons d’où vient cette apparente contradiction : la distribution des revenus se fait chaque année de manière plus inégale.
Il serait temps que nous remettions un peu d’ordre dans nos cervelles de moutons apeurés et de retrouver notre sang froid. Ce que nous vivons est une crise politique. C’est cette crise qui est à l’origine du grand désordre que les médias — des médias entre les mains de qui ? — nous vendent sous l’étiquette de « crise économique ». Un putain de produit que nous achetons les yeux fermés, la peur au ventre.
Serons-nous capables, avant qu’il ne soit trop tard, de le comprendre ? Serons-nous capables de nous réveiller collectivement, de passer à l’action après nous être indignés ? Inverser le mouvement ne se fera pas tant que les foules des pays dominants, encore dominants, ne se mettront pas en marche pour exiger massivement une solution à la crise politique, une solution démocratique et non une solution qui ne passe pas par un retour aux fascismes.
Ce n’est pas, par exemple, en votant en France pour François Hollande ou Martine Aubry que nous changerons le cours de l’Histoire. Ce n’est pas en réélisant Obama que les Américains trouveront l’énergie salutaire qui donnerait un sursis à leur déclin. L’espoir ne viendra pas non plus de pays soi-disant émergents comme le Brésil (dont le rôle n’augmente que grâce à sa démographie) ou la Russie ou l’Inde. Un seul pays pourrait imposer un nouveau modèle de distribution des revenus plus égalitaire. Ironie de l’Histoire, c’est même le rôle que se propose dans ses statuts sa caste de dirigeants organisés à travers le Parti communiste chinois. Mais on peut douter de la volonté, et de ses leaders et de ses peuples, d’aller dans cette direction.
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