Faut-il que je tire désormais au sort les films que mon épouse et moi irons voir ? Après tout, ne sommes-nous pas victimes de préjugés anti-hollywoodiens ? En effet, la discrimination positive nous conduisant à privilégier des films de pays périphériques, comme la Chine et la France, se montre parfois contre-productive.
Ainsi, vendredi, nous nous décidons pour Kristin Scott-Thomas dans le dernier Gilles Paquet-Brenner au Metrópolis, le ciné-club de l'université. Je jette un œil à l'affiche, aux horaires, j'achète nos deux billets et nous nous installons dans des fauteuils fatigués et encore humides des pluies torrentielles de l'avant-veille. Commence le film et le spectacle passe aussitôt dans la salle : nous nous regardons tous et improvisons d'improbables dialogues. C'est que le projectionniste semble s'être emmêlé les pinceaux. Deux spectateurs prennent l'initiative de prévenir le gérant et reviennent, deux minutes plus tard. Verdit : Kristin Scott-Thomas a raté l'avion qui devait l'amener à Vitória. J'imagine la même scène en France, le public réclamer à grands cris le remboursement des tickets. Mais, à Vitória, nous avons affaire à un bon public : collectivement, nous décidons de rester. Après tout, le Machine Gun Preacher qui a débuté est peut-être un chef d’œuvre qui, sans ce cafouillage, nous aurait échappé ! Repoussant un accès de mauvaise humeur, je me dis qu'il y a toujours quelque chose à prendre et à apprendre. De fait, j'apprendrai l'existence de Sam Childers, petite frappe ultra-violente qui a, miraculeusement, choisi la rédemption en construisant une église et un orphelinat au sud du Soudan – c'était avant la très récente indépendance –, faisant accessoirement le coup de feu contre les guérilleros de la secte prétendument chrétienne de Joseph Kony (Lord's Resistance Army). Disons le, ce panégyrique à la gloire d'un Rambo pentecôtiste est un navet de première.
Samedi, nous jetons notre dévolu sur un opus allemand qui déroule sa trame en Argentine : Le jour où je ne suis pas né. Tu parles d'un titre à la mords-moi-le-noeud ! Mais j'ai les idées larges et le Ciné Jardins, qui est notre cinéma favori, nous déçoit rarement, grâce à la curiosité universaliste de Juninho, son gérant. Hélas, trois fois hélas, nous avons encore une fois fait mauvaise pioche. La pellicule est brûlée en son centre (!) et rayée tout autour, des rayures d'une densité rarement vue dans ma déjà longue vie de cinéphile. Mais l'objet cinématographique ? Est-ce ma mauvaise humeur, que cette fois je ne parviens pas à dompter, toujours est-il qu'il m'a semblé voir un docu-fiction d'Arte sur l'affaire des bébés de disparus de la dictature argentine, des bébés enlevés par des familles en mal d'adoption.
Le cinéma étant comme le saut à la perche, nous remettons ça, pour une troisième et dernière tentative, le dimanche. Après le navet étasunien annexant le sud du Soudan, après le regard allemand porté sur l'Argentine, nous tentons un Conte chinois qui, comme son titre l'indique, se déroule à Buenos Aires. Le croiras-tu, le film projeté sur le grand écran est celui annoncé et la copie en excellent état ! Quant au personnage principal, Roberto, ce serait mon portrait – psychologique, je tiens à le préciser – craché, selon ma chère et pas très tendre, qui aurait, si tel était le cas, bien du mérite de me supporter au quotidien. Faites connaissance avec Roberto, aux prises avec un immigré chinois, vous rirez peut-être du Roberto qui sommeille en vous, comme ont ri tous les Roberto – et ils étaient nombreux ce soir-là – présents dans la salle. Enfin, vous saurez, grâce à un David Pujadas russe, qu'il arrive que des vaches tombent du ciel. Vraiment !
Ainsi, vendredi, nous nous décidons pour Kristin Scott-Thomas dans le dernier Gilles Paquet-Brenner au Metrópolis, le ciné-club de l'université. Je jette un œil à l'affiche, aux horaires, j'achète nos deux billets et nous nous installons dans des fauteuils fatigués et encore humides des pluies torrentielles de l'avant-veille. Commence le film et le spectacle passe aussitôt dans la salle : nous nous regardons tous et improvisons d'improbables dialogues. C'est que le projectionniste semble s'être emmêlé les pinceaux. Deux spectateurs prennent l'initiative de prévenir le gérant et reviennent, deux minutes plus tard. Verdit : Kristin Scott-Thomas a raté l'avion qui devait l'amener à Vitória. J'imagine la même scène en France, le public réclamer à grands cris le remboursement des tickets. Mais, à Vitória, nous avons affaire à un bon public : collectivement, nous décidons de rester. Après tout, le Machine Gun Preacher qui a débuté est peut-être un chef d’œuvre qui, sans ce cafouillage, nous aurait échappé ! Repoussant un accès de mauvaise humeur, je me dis qu'il y a toujours quelque chose à prendre et à apprendre. De fait, j'apprendrai l'existence de Sam Childers, petite frappe ultra-violente qui a, miraculeusement, choisi la rédemption en construisant une église et un orphelinat au sud du Soudan – c'était avant la très récente indépendance –, faisant accessoirement le coup de feu contre les guérilleros de la secte prétendument chrétienne de Joseph Kony (Lord's Resistance Army). Disons le, ce panégyrique à la gloire d'un Rambo pentecôtiste est un navet de première.
Samedi, nous jetons notre dévolu sur un opus allemand qui déroule sa trame en Argentine : Le jour où je ne suis pas né. Tu parles d'un titre à la mords-moi-le-noeud ! Mais j'ai les idées larges et le Ciné Jardins, qui est notre cinéma favori, nous déçoit rarement, grâce à la curiosité universaliste de Juninho, son gérant. Hélas, trois fois hélas, nous avons encore une fois fait mauvaise pioche. La pellicule est brûlée en son centre (!) et rayée tout autour, des rayures d'une densité rarement vue dans ma déjà longue vie de cinéphile. Mais l'objet cinématographique ? Est-ce ma mauvaise humeur, que cette fois je ne parviens pas à dompter, toujours est-il qu'il m'a semblé voir un docu-fiction d'Arte sur l'affaire des bébés de disparus de la dictature argentine, des bébés enlevés par des familles en mal d'adoption.
Le cinéma étant comme le saut à la perche, nous remettons ça, pour une troisième et dernière tentative, le dimanche. Après le navet étasunien annexant le sud du Soudan, après le regard allemand porté sur l'Argentine, nous tentons un Conte chinois qui, comme son titre l'indique, se déroule à Buenos Aires. Le croiras-tu, le film projeté sur le grand écran est celui annoncé et la copie en excellent état ! Quant au personnage principal, Roberto, ce serait mon portrait – psychologique, je tiens à le préciser – craché, selon ma chère et pas très tendre, qui aurait, si tel était le cas, bien du mérite de me supporter au quotidien. Faites connaissance avec Roberto, aux prises avec un immigré chinois, vous rirez peut-être du Roberto qui sommeille en vous, comme ont ri tous les Roberto – et ils étaient nombreux ce soir-là – présents dans la salle. Enfin, vous saurez, grâce à un David Pujadas russe, qu'il arrive que des vaches tombent du ciel. Vraiment !
Ah, vous me mettez l'eau à la bouche avec ce dernier film, pas encore sorti en France, je crois.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup cet acteur vu dans deux autres films argentins.
gballand
PS : au Brésil, le mot "paciência" n'est pas une légende...
Ricardo Darin est excellent. Et il trouve le moyen, avec son regard à la Droopy, de rendre "folle" une de ses admiratrices de la pampa. Et sans doute de bien d'autres ;-)
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