Des Vitória (ou des Victoria), il y en a à foison dans le monde, de l’Australie au Canada, de l’Espagne au Brésil. Au Brésil même, nous en collectionnons plusieurs. Je n’avais pas encore parlé de Vitória do Xingu, voilà que l’occasion m’en est donnée par Megaron Txucarramãe, neveu du fameux cacique Raoni, à la une des médias occidentaux chaque fois qu’ils veulent se payer un quart d’heure de bonne conscience.
Indien caiapó, Megaron vient de se faire jeter de la FUNAI (Fundação Nacional do Índio) parce qu’il ne joue pas le jeu du barrage de Belo Monte. Megaron contre le méga-barrage, donc. C’est qu’au gouvernement on les aime bien les Indiens, mais à condition qu’ils montrent leurs plumes et ferment leur gueule. Le plus drôle est que la FUNAI prétend que la mise à la porte de Megaron n’a strictement rien à voir avec son opposition à l’usine hydro-électrique de Belo Monte.
Ce chantier est contesté depuis des années, mais le gouvernement de Dilma semble prêt à tout pour réaliser ce projet, de même qu’il vient de décider d’accroître encore l’activité industrielle de Manaus, zone franche et première productrice de produits électroniques, ce qui constitue en soi une aberration totale.
Alors que de grands groupes nord-américains, enfin sensibles aux problèmes environnementaux ou du moins à l’idée du bénéfice qu’ils peuvent en tirer en terme d’image, semblent décidés à installer leurs fermes de serveurs dans des régions froides (Islande, Suède, Finlande...) pour diminuer la consommation d’électricité consacrée au refroidissement des bâtiments abritant leurs machines, on fait tout le contraire au Brésil !
Ne serait-il pas logique d’installer le parc industriel électronique du Brésil dans les États du sud, au climat tempéré et plus proches des zones consommatrices, et d’orienter Manaus vers ce qui devrait être sa vocation première : une exploitation intelligente de la forêt ? Trop facile, sans doute !
Probablement un des motifs du développement économique et du peuplement de l'Amazonie (Manaus) réside dans la nécessité d'occuper ce lointain far-west brésilien.
RépondreSupprimerLe motif me semble donc être politique, sinon géopolitique.
Du reste, oui, c'est abbérant. Faciliter l'implantation industrielle au milieu du sanctuaire et poumon de la planète n'a aucun sens en soi.
@ Florent : Un motif politique, en effet, au même titre que la création de Brasília, autre échec patent.
RépondreSupprimerCela étant dit, le Brésil n'a pas le privilège de ce genre d'erreurs. Il n'est que de constater, sur un autre plan mais du même tonneau, la difficulté qu'ont les gouvernants français à tourner le dos au nucléaire et à mettre en œuvre une économie orientée développement durable...